Sommaire
Introduction : Où l'on compare nos entremêlements cellulaires à la dispersion des larves dans les océans. Où l'on comprend que le microchimérisme bouscule non seulement des concepts scientifiques mais aussi notre manière d'envisager notre identité.
Chapitre 1 : Voyage en mer maternelle
Le récit commence dans le ventre maternel où nous passons nos neuf premiers mois d'existence. Ce premier chapitre offre un nouveau regard sur le déroulement d'une grossesse ainsi qu'une perspective historique sur la découverte du microchimérisme, qui remonte à plus d'un siècle. On découvre que les foetus égrènent leurs cellules au-delà du placenta, dans l'organisme des mères, où elles peuvent persister toute la vie. Le récit de ces découvertes scientifiques pose d'emblée des questions d'ordres métaphysiques : les frontières sont sans cesse remises en question et la définition du soi, toujours provisoire.
Chapitre 2 : Les invasions barbares ?
Dans ce chapitre, nous verrons comment le langage influence les trajectoires de recherche et les représentations d'un nouvel objet scientifique. Le microchimérisme est en effet souvent décrit via des métaphores nationalistes : il est questions de " frontières ", de " migrations ", d'" étrangers ", de " moi " contre " eux ". Sans surprise, les scientifiques se sont d'abord focalisés sur les effets négatifs de ces cellules. Mais les nouvelles découvertes nous enjoignent à user d'un autre langage, plus juste scientifiquement parlant et moins susceptibles de détournements. Il est temps d'envisager le système immunitaire comme un système de relation aux autres, dans lequel les échanges de cellules jouent un rôle important.
Chapitre 3 : Je t'ai dans la peau
Les cellules d'origine foetale qui voyagent dans l'organisme maternel ne font pas que circuler dans le sang maternel durant la grossesse : elles s'enracinent dans leurs tissus et se différentient en cellules fonctionnelles. Ici, nous découvrons ce qui distingue ces cellules microchimériques des nôtres, mais aussi à quel point ces cellules allochtones se fondent dans la masse des autres cellules et participent aux fonctions physiologiques.
Chapitre 4 : Retour vers le futur
Ces voyages cellulaires ne se font pas uniquement du foetus vers la mère. Dans les ventres maternels, nous recevons également les cellules de nos mères. Nous retraçons ici les étapes scientifiques qui ont mené à la découverte du microchimérisme d'origine maternelle et décryptons comment, ici aussi, ces cellules ont d'abord été suspectées de causer des problèmes. En réalité, nous hébergeons tous des cellules d'origine maternelle et ces dernières peuvent, elles aussi, participer à certaines fonctions physiologiques.
Chapitre 5 : L'autre en soi
Ce chapitre raconte les histoires renversantes de femmes et d'hommes qui ont découvert par accident que leurs gonades étaient habitées par des cellules d'autrui. Impossible pour eux de transmettre leur propre patrimoine génétique : ce sont les cellules de leur jumeau évanescent, donc d'un frère ou d'une soeur qui n'a jamais existé, qui composent leurs ovules ou leurs spermatozoïdes, brouillant la transmission génétique classique, rendant ineptes nos tests ADN de filiation. Ici, les quantités de cellules " étrangères " sont telles qu'on ne parle plus de microchimérisme, mais de macrochimérisme.
Chapitre 6 : Les autres soi
À côté de ces sources naturelles de microchimérisme, nous pouvons acquérir des cellules d'individus inconnus, extérieurs à notre cercle proche, via les transfusions sanguines et les greffes. En réalité, du point de vue du microchimérisme, tout se passe comme si la greffe était un foetus : le greffon égrène ses cellules dans l'organisme du receveur, qui envoie lui-même des cellules à l'intérieur du greffon. Lorsque ce chimérisme dit iatrogène est découvert dans les années 1990, il est d'emblée considéré comme un élément positif : il serait la clé du mécanisme de tolérance des greffes. Une approche diamétralement opposée à celle du microchimérisme naturel.
Chapitre 7 : Une multitude de soi
Nous avons évoqué les cellules qui proviennent de nos foetus, celles qui proviennent de nos mères, celles de nos jumeaux et celles issues des greffes et des transfusions sanguines. Cela fait déjà du beau monde pour un seul et même corps. Mais de toute évidence, le compte n'y est pas. Ce chapitre dévoile les autres origines des cellules microchimériques découvertes dans nos organes : celles en provenance des foetus qui nous ont précédé dans le ventre de nos mères, celles des aînés de nos mères et même celles de nos grand-mères, voire plus loin encore. Le microchimérisme, une porte d'entrée possible vers l'éternité ?
Chapitre 8 : Déchiffrage babélien
Des tours de Babel, version cellulaire. Voilà ce à quoi nous commençons à ressembler. Des tours campées sur deux pattes, peuplées des altérités rencontrées tout au long de notre vie, depuis la formation de notre toute première cellule jusqu'à l'extinction des feux. Jusqu'à présent, nous nous sommes concentrés sur les aspects descriptifs du microchimérisme : quelles cellules nous habitent, d'où viennent-elles, etc. Ici, il s'agit de comprendre ce que font ces cellules : quels rôles jouent-elles dans ce grand bazar babylonien qu'est notre corps ? Des chercheurs commencent à décoder le langage biochimique qui unit nos cellules autochtones aux autres.
Chapitre 9 : Entre coopération et conflit
Ce dernier chapitre interroge le microchimérisme avec une perspective évolutionniste. Selon certains chercheurs, si cette particularité a été conservée chez toutes les espèces placentaires, sur autant de millénaires, c'est qu'elle offre un avantage évolutif. Où l'on découvre comment les cellules foetales manipulent les mères au profit des nouveau-nés. Mais aussi comment ces mêmes cellules pourraient permettre une meilleure survie des mères. Des études chez les primates nous poussent même à envisager un autre avantage : en entrelaçant nos cellules, ce phénomène pourrait améliorer la cohésion familiale, donc la survie du groupe.
Epilogue