Rayons
Cornelius
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Seymour, 27 ans, d'origine irakienne, est monteur dans le cinéma du Hollywood des années 1970. Films de série B, bandes annonces... il n'est que simple exécutant au sein des studios Revery. Or, Seymour se rêve cinéaste, et espère qu'il pourra bientôt réaliser son premier projet, Blood of the virgin, un film de loup-garou qu'il a presque fini d'écrire. Lorsqu'on lui propose enfin de le produire, le budget alloué est minime, on lui en refuse la direction et il s'en retrouve très vite complètement dépossédé. Perpétuellement rabroué lors des conflits avec ses collaborateurs et leurs egos, Seymour traverse en même temps une crise dans son couple, fragilisé depuis la naissance de leur fils.
Tout semble lui échapper à mesure qu'il s'accroche. Seymour évolue dans un système qui broie les individus, les rend fous ou désabusés. Dans un monde où les apparences deviennent identités et les vérités avancent sous le masque du non-dit, il n'a pas d'autres choix que de partir en quête de lui-même et de la femme qui partage sa vie.
Cette histoire captivante et profonde sur le désenchantement du rêve hollywoodien s'enrichit de digressions géographiques et temporelles, de changements de points de vue et d'un découpage nerveux et cinématographique.
Sammy Harkham réussit avec brio à nous plonger dans le quotidien de ses personnages, dont la sensibilité et l'imperfection provoquent immédiatement l'attachement. -
Les yokaï sont ces êtres surnaturels qui habitent les coins d'ombre, les lieux oubliés ou les soupentes des maisons.
Ces fantômes, bienveillants ou hostiles, apparaissent à de rares occasions pour se coller au dos des gens, apporter la chance ou encore leur faire peur en lançant des haricots rouges sur le sol. Rares sont ceux qui les voient, encore plus rares sont ceux qui les connaissent.
Shigeru Mizuki n'est pas seulement celui qui a sauvé les yokaï de l'oubli lorsque le Japon, désireux de gagner sa place parmi les nations d'après-guerre, tournait le dos à ses légendes. Non, Shigeru Mizuki est tout simplement le plus grand chasseur de yokaï que le monde ait jamais connu. Il est celui qui les a débusqués jusque dans les campagnes les plus reculées, les recensant et les dessinant avec une exactitude parfois photographique. Son travail a suscité un intérêt nouveau pour ces légendes oubliées, qui s'est mué avec le temps en un véritable engouement populaire. Sans ses dessins, Totoro et les créatures magiques de Miyazaki n'aurait jamais vu le jour. De nombreuses études ont été fondées sur le travail de Mizuki et une chaire d'étude des yokaï a d'ailleurs été ouverte à l'université de Tokyo.
Ce livre recense d'incroyables dessins que Shigeru Mizuki a consacré aux yokaï et présente, en noir et blanc ou en couleur, chacun des monstres par son nom. Une préface restituera la dimension historique et culturelles des yokaï, et détaillera l'apport majeur de Shigeru Mizuki à la connaissance de ces êtres invisibles.
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À Bari, dans la région italienne des Pouilles, l'été est arrivé. Sous le soleil plombant du mois d'août, la petite bande de punks fidèles aux bandes dessinées de Tota (Charles, Fratelli), trompe son ennui sous les platanes de la grand-place. Tout le monde est là sauf Claudio, qui a quitté le groupe pour vivre son amour estival avec la belle Cloe sur les plages ensoleillées de la côte adriatique.
Mais voilà, ce qui se profilait comme un été idyllique va rapidement tourner au cauchemar... Course de voiture, homme-cheval, rave party et bourgeoisie décadente viendront mouvementer le quotidien nihiliste de nos jeunes italiens.
Comme à son habitude, Alessandro Tota nous emporte avec délectation dans son Italie natale, faite de vieux murs en pierre et de marginaux. On retrouve avec plaisir les personnages de ses précédents ouvrages qui se font entraînés dans une comédie grecque sur fond de lutte de classes. Soutenu par un dessin à l'aquarelle reproduit en bichromie, Tota utilise un rouge irradiant pour souligner l'ardeur des situations. Sous le pinceau de l'auteur, les couchers de soleil se font sanglants et les scènes d'amour sensuelles et chaleureuses.
Avec Un été, Alessandro Tota signe un livre sauvage qui nous rappelle les grandes vacances scolaires et la promesse d'aventures nouvelles.
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Novateur, décadent et sans concession, et si la pensée de Charles Baudelaire était à l'origine du mouvement punk ?
À Bari, petite ville du sud de l'Italie, un groupe de jeunes punks tue son ennui dans un parc à coup de Rohypnol et de gin tonic. Au centre de la bande, un curieux personnage semble capter toutes les attentions. Habillé d'une redingote ornée d'un noeud papillon, son style tranche avec les vestes en cuir cloutées et les crêtes colorées. Charles Baudelaire, débarqué tout droit de son 19 e siècle, s'intègre rapidement à la petite troupe jusqu'à en devenir un véritable leader. Son caractère, profondément rebelle et antisocial, trouve une résonance dans l'esprit contestataire des jeunes italiens.
Ainsi, l'histoire transpose avec humour la figure du poète - telle qu'on se l'imagine à la lecture de ses journaux intimes - dans une société contemporaine en proie au scepticisme et à la désillusion. La fascination troublante du groupe pour ce person- nage anachronique vient souligner les contradictions d'une génération en manque de repères et d'icônes auxquels s'identifier.
Réalisés sur des carnets de croquis, les dessins à l'aquarelle offrent un rendu lé- ger et voluptueux en parfait accord avec le thème. À sa manière, Alessandro Tota livre un touchant hommage à Baudelaire en montrant que sa pensée est toujours aussi vivante et actuelle 150 ans après sa mort.