Trois ans d'investigation, 250 témoins, le courage d'une poignée de lanceurs d'alerte, des dizaines de documents explosifs, plusieurs personnalités impliquées... pour révéler les dessous du groupe Orpéa, leader mondial des Ehpad et des cliniques.Personnes âgées maltraitées, salariés malmenés, acrobaties comptables, argent public dilapidé... Nous sommes tous concernés. Ce récit haletant et émouvant a mis au jour de multiples dérives et révélé un vaste réseau d'influence, bien loin du dévouement des équipes d'aidants et de soignants, majoritairement attachées au soutien des plus fragiles.Sa publication a déclenché une libération de la parole et un débat public et national. De nombreuses enquêtes ont été lancées par l'État, créant une véritable onde de choc qui dépasse bien largement Orpéa.
« Le carnaval, disait Goethe en parcourant les rues de Rome, est une fête que le peuple se donne à lui-même. » Un peu partout, en Europe et ailleurs, la montée des populismes se présente sous la forme d'une danse effrénée qui renverse toutes les règles établies et les transforme en leur contraire.
Aux yeux de leurs électeurs, les défauts des leaders populistes se muent en qualités. Leur inexpérience est la preuve qu'ils n'appartiennent pas au cercle corrompu des élites et leur incompétence, le gage de leur authenticité. Les tensions qu'ils produisent au niveau international sont l'illustration de leur indépendance et les fake news, qui jalonnent leur propagande, la marque de leur liberté de penser.
Dans le monde de Donald Trump, de Boris Johnson et de Matteo Salvini, chaque jour porte sa gaffe, sa polémique, son coup d'éclat. Pourtant, derrière les apparences débridées du carnaval populiste, se cache le travail acharné de dizaines de spin-doctors, d'idéologues et, de plus en plus souvent, de scientifiques et d'experts du Big Data, sans lesquels ces leaders populistes ne seraient jamais parvenus au pouvoir.
Ce sont ces ingénieurs du chaos, dont Giuliano da Empoli brosse le portrait. Du récit incroyable de la petite entreprise de web-marketing devenue le premier parti italien, en passant par les physiciens qui ont assuré la victoire du Brexit et par les communicants qui ont changé le visage de l'Europe de l'Est, jusqu'aux théoriciens de la droite américaine qui ont propulsé Donald Trump à la Maison Blanche, cette enquête passionnante et inédite dévoile les coulisses du mouvement populiste global. Il en résulte une galerie de personnages hauts en couleur, presque tous inconnus du grand public, et qui sont pourtant en train de changer les règles du jeu politique et le visage de nos sociétés.
Comment raconter, en journalistes, ce qui relève de la croyance ou peut-être, tout simplement, échappe à nos sens ? L'invisible, l'imperceptible à l'oeil nu. La question se pose dans ce numéro d'été, qui espère vous faire voyager. Ce sont d'abord les réactions des femmes de ménage qui ont mis la puce à l'oreille du journaliste Pierre Carrey : elles refusent de travailler devant certaines oeuvres du musée du Quai Branly. Les statuettes seraient-elles hantées ? Passées au scanner, désacralisées lors de cérémonies, cachées au sous-sol, elles provoquent en tout cas des réactions bien particulières. Les chasseurs de trésors, eux, craignent les djinns, en Turquie, et peut-être plus encore en cette période électorale. Ils n'y croient pas, mais sait-on jamais. Il faut dire qu'ils pillent des tombes arméniennes, dans l'espoir de faire fortune. Miroir aux alouettes, ou retour du refoulé ? Comme en Irak, où doivent vivre cloîtrés les enfants d'anciens membres de Daech, et pour la reconnaissance desquels les mères se battent aujourd'hui. En France, à l'Assemblée nationale, les invisibles, ce sont les gardes, les fleuristes ou encore les cuisiniers, qui ne témoignent jamais. Ils ont accepté ¿ une première ¿ d'être suivis par Kokopello, en BD, et racontent un espace clos soumis à l'accélération du temps législatif, de plus en plus malmené. Dans d'autres enceintes, celles de parcs naturels, en Afrique, c'est une nature sauvage pour chasseurs occidentaux et grandes entreprises qui est préservée à coup d'interdictions, au détriment des populations vivant sur place, et sous couvert de protection de la biodiversité. Il semble qu'aujourd'hui, l'invisible se fasse très géopolitique.
En quelques décennies, tout a changé. La France, à l'heure des gilets jaunes, n'a plus rien à voir avec cette nation une et indivisible structurée par un référentiel culturel commun. Or la dynamique de cette métamorphose révèle un archipel d'îles s'ignorant les unes les autres.
Le socle de la France d'autrefois, sa matrice catho-républicaine, s'est complètement disloqué. Jérôme Fourquet envisage d'abord les conséquences anthropologiques et culturelles de cette érosion. Mais, plus encore, ces mutations profondes de la nouvelle France induisent un effet d'« archipelisation » de la société tout entière : sécession des élites, autonomisation des catégories populaires, formation d'un réduit catholique, instauration d'une société multiculturelle de fait, dislocation des références culturelles communes.
Dans ce contexte de fragmentation sans précédent, on comprend mieux la crise que traverse notre système politique, où l'agrégation des intérêts particuliers au sein de coalitions larges est tout simplement devenue impossible.
La propriété a des origines bien plus anciennes qu'on ne l'imagine. Treize siècles avant notre ère, la Mésopotamie la connaissait et la codifiait bien avant les Grecs et les Romains. Aujourd'hui, il n'en existe aucune définition universelle. Chaque pays, chaque culture, chaque histoire se l'approprient. « Inviolable et sacrée » chez les Français, elle est un « faisceau de droits » pour les Anglo-Saxons, collective en Afrique, singulière en Asie... Violente par essence et pacificatrice dans l'usage, la propriété apparaît dès lors comme le meilleur outil, voire la meilleure arme pour comprendre le monde où nous sommes.
Dans Propriété. Le sujet et sa chose, Christophe Clerc et Gérard Mordillat analysent l'histoire et le concept de propriété. Un concept si familier et si énigmatique lorsqu'il s'applique à la propriété du corps, de l'intelligence, de la nature. Une chose est sûre : si la propriété a des propriétés, une grammaire, elle n'a pas de propriétaire.
«Voilà ce qu'il faut que tu saches:en Amérique, la destruction du corps noir est une tradition, un héritage. Je ne voudrais pas que tu te couches dans un rêve. Je voudrais que tu sois un citoyen de ce monde beau et terrible à la fois, un citoyen conscient. J'ai décidé de ne rien te cacher.»
Les textes intimes de Marilyn Monroe, écrits entre 1943 et 1962.
Tout un univers intérieur pour découvrir l'autre face de l'icône.
Elle s'appelait Marie-Justine Pesnel, dite Madame Cent-Kilos. Entremetteuse, espionne, fausse marquise et vraie prostituée, elle a pesé son poids dans la pègre de la Belle Époque.
Elle monta une géniale arnaque d'agence matrimoniale, fut mariée trois fois sans divorcer, poursuivie pour polyandrie. Mais c'est pour une tentative d'assassinat qu'elle atterrit en prison, en 1907. Et qu'elle commença à écrire ses Mémoires...
Ce manuscrit, intact, a été retrouvé par l'historien Bruno Fuligni. D'une plume vive et maline, Madame Cent-Kilos y raconte sa vie : un témoignage d'une valeur documentaire exceptionnelle. Femme puissante avant l'heure, cet Arsène Lupin à chignon donne, enfin, « un féminin au mot escroc ».
« Nous parviennent ces Mémoires piquants et joliment désuets [...]. Une formidable plongée parmi les aigrefins de la Belle Epoque. » Femme Actuelle
Malgré l'ouverture économique de 1978, les mesures d'internationalisation des entreprises, l'établissement de relations diplomatiques avec les puissances occidentales, la Chine demeure fidèle à ses racines rouges. Renforcé par l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2013, le Parti communiste s'infiltre dans toutes les strates de la société : politique et économique, mais aussi culturelle, éducative, sociale ou religieuse.
Alice Ekman s'est entretenue avec de hauts cadres du Parti, des diplomates, des représentants d'entreprises, des chercheurs et des étudiants pour comprendre le fonctionnement de la Chine contemporaine. Alors que l'idéal libéral est de plus en plus contesté, la Chine cherche désormais à s'imposer comme une puissance de référence, pour un jour parvenir à la « disparition ultime du capitalisme et la victoire finale du socialisme. »
En cette période d'hiver démocratique prolongé, Gaël Giraud et René Dosière ont décidé de solliciter 70 auteurs et autrices qui s'emploient à repenser la démocratie et la façon de la mettre en pratique. Ils ont demandé à chaque auteur et autrice d'avancer sa grande proposition pour réveiller la démocratie.
Au total, ce sont ici 70 contributions originales et cohérentes qui ont pu être réunies, signées par des personnalités engagées dans le débat public telles que Thomas Piketty, Olivier Costa, Dominique Méda, Antoine Vauchez, Chloé Ridel, Dominique Bourg, Corinne Lepage, Fanny Agostini, Cyrile Dion, Maxime de Rostolan, Rémi Lefebvre, Sarah Durieux, Axel Dauchez, Loic Blondiaux, Paul Magnette, Éva Sadoun...
De nombreuses contributions ne manqueront pas de faire date : jugement majoritaire, droit d'amendement citoyen, déontologue du gouvernement, ministère de l'anticorruption, convention citoyenne du renouveau démocratique, droit de pétition en ligne, festival national de la démocratie, green card pour démocratiser l'accès au bio, revenu universel entrepreneur ou testament médical, constituent un échantillon des propositions les plus innovantes.
Au lendemain d'élections où l'on prévoit des taux d'abstention records, cet ouvrage a l'ambition de devenir un ouvrage de référence pour contribuer à la refondation de notre démocratie.
Le 23 juin 2016, à la stupeur générale, les Britanniques choisissent de quitter l'Union européenne. Pourquoi cette rupture inédite et déjouant tous les pronostics? Comment organiser ce divorce? Quelle nouvelle relation bâtir entre le Royaume-Uni et l'Union?Dès le début des discussions, Michel Barnier, négociateur en chef du Brexit, a recherché l'unité des vingt-sept États membres et du Parlement européen.Nous voici pour la première fois au coeur d'une négociation complexe et historique de mille six cents jours, oscillant sans cesse entre consensus et crispations, espoirs et doutes, transparence et mensonge, pour aboutir à un accord inespéré qui modifiera durablement le visage de l'Europe.De Bruxelles à Londres, de Dublin à Nicosie, ce journal nous entraîne dans les coulisses d'un théâtre diplomatique où se joua parfois une véritable guerre des nerfs.Un témoignage exceptionnel sur l'envers du Brexit, sur l'Europe et sur celles et ceux qui la font.
«Je ne cherche pas à expliquer pourquoi, sept cents ans après la mort de Dante, il vaut encore la peine de lire La Divine Comédie : je raconte la vie d'un homme du Moyen Âge, qui eut des parents, des oncles, des tantes et des grands-parents, qui alla à l'école, tomba amoureux, se maria et eut des enfants, s'engagea dans la politique et fit la guerre, connut des succès et des malheurs, la richesse et la pauvreté. Sauf que cet homme est l'un des plus grands poètes qui aient jamais foulé la terre.» C'est ainsi que l'auteur de cette biographie trépidante nous plonge au coeur de la société violente et multiforme du XIIIe siècle, retraçant ici une bataille au côté d'un Dante chevalier, dévoilant là les mystères entourant son mariage alors qu'il était encore enfant.Dante fut un citoyen aisé de Florence, la plus riche ville italienne, c'est-à-dire, à l'époque, la plus riche d'Europe. Une ville guelfe, protégée par le pape, amie du roi de France, où l'on trouvait en abondance argent, immigrants, commerces, chantiers... Dante, lui, ne s'intéressait pas aux affaires, il vivait de rentes et pouvait s'adonner à ses passions, l'étude et l'écriture. Vers l'âge de trente ans, il se découvrit une autre passion, la politique, et s'y jeta à corps perdu - ce qui lui valut le bannissement de la ville.En associant la rigueur historiographique à la clarté de l'écriture, comblant les lacunes des précédentes biographies, Alessandro Barbero brosse le portrait vivant d'un homme de son temps, éloigné de la sacralisation du Poète à laquelle nous sommes habitués.
Résistant sous l'Occupation, vagabond céleste, sculpteur et dessinateur de talent, Jacques Yonnet est surtout connu pour son livre Rue des maléfices ;
Un chef-d'oeuvre paru en 1954 et salué comme l'un des plus grands ouvrages consacrés à Paris.
Quelques années plus tard, L'Auvergnat de Paris lui propose de tenir une chronique dans ses colonnes.
Il y explorera pendant 15 ans bistrots et troquets, lieux magiques qui servent de fil conducteur à une déambulation littéraire et historique dans le Paris des marges. Ces récits ensorcèlent les lecteurs chaque semaine. S'y succèdent secrets des habitués du zinc, portraits de personnages hauts en couleur, légendes des différents quartiers de la ville, et contes empreints de sagesse populaire.
Le meilleur cru de ces chroniques est réuni dans ce livre. On y trouve un zeste de la poésie de Prévert, la franche amitié de « Bob » Giraud, le style insolite de Queneau et l'oeil humaniste de Doisneau. Ce n'est pas un hasard si ceux-là - et bien d'autres encore ! - accompagnaient souvent Jacques Yonnet pour trinquer au bistrot du coin. Et tels des gamins émerveillés, ils l'écoutaient jusqu'au petit matin raconter ses mille et un enchantements de Paris.
Alors, seul ou accompagné, tous au zinc ! Et, comme dirait l'ami Yonnet : « À la bonne vôtre ! »
Nietzsche parlait des rapports de l'homme avec la Méditerranée comme d'une « foi dans le Sud ». Avec le livre de Predrag Matvejevitch, cette foi s'est dotée d'un bréviaire. Chant d'amour, cet essai mêle les genres, l'érudition et l'imagination, le savoir et le souvenir, la rigueur scientifique et le souffle épique. Comme pour un concerto, l'auteur mène en trois temps. Le Bréviaire proprement dit énonce les thèmes dans une fluidité musicale : villes, ports, îles, vagues, vents, courants, terroirs, moeurs, langages, peuples... Les Cartes sont plus discursives et analytiques. Le Glossaire, lui, reprend les thèmes pour les commenter et citer les références. Tour à tour archiviste et pèlerin passionné, Predrag Matvejevitch redevient alors poète pour nous rappeler que cette mer qu'il chante, c'est aussi la sienne, et la nôtre.
« Un livre génial et inattendu, foudroyant et fascinant, riche d'intelligence et de poésie, dans lequel se mêlent précision scientifique et épiphanie. » Claudio Magris Predrag Matvejevitch (1932-2017), écrivain croate, est l'un des plus éminents essayistes du monde slave. Il a occupé de nombreuses chaires à Paris, Rome, Louvain et Zagreb.
Peut-on s'allonger sur le divan d'un psychanalyste quand on est roi, prince he´ritier ou simplement altesse royale? Imagine-t-on un souverain flancher, envoyer valdinguer ses engagements officiels pour confier a` un professionnel de sante´ ses angoisses et ses fantasmes, comme n'importe lequel de ses sujets? A-t-on vu une seule fois Elizabeth II vaciller?Pourtant, les «cas» de Charlène de Monaco, de Diana, de Meghan et Harry, de Masako du Japon - et de tant d'autres - ne sont-ils pas re´ve´lateurs d'un certain malaise? Après tout, Charles III n'est pas sans faille... Et si les familles royales n'e´taient pas si diffe´rentes de nous? Et si elles avaient quelque chose a` nous apprendre sur nous-me^mes? Entre crises de succession et crises de nerfs, pas si simple de garder toute sa te^te quand on porte la couronne.
Depuis 2018, Teresa Cremisi écrit toutes les semaines dans le Journal du Dimanche une chronique appelée « Ma tasse de café ».
Les 100 textes choisis et présentés dans ce recueil sont autant de petits hublots sur notre époque. Elle y attrape l'air du temps avec une gravité espiègle qui s'adapte aux sujets les plus variés. Des histoires proches et lointaines (presque de petits récits) alternent avec des réactions à l'actualité politique et sociale ; les clichés, les ridicules, les tics de langage de nos contemporains sont racontés avec amusement, en évitant tout dogmatisme.
« Le croyant est le miroir du croyant », affirme le djihadiste. Par ces mots, il adresse à l'Occident un défi. Alors, faisons face. Saisissons le miroir. Observons l'image qu'il nous renvoie, nous qui sommes si réticents à dire « nous », parce que ce serait délimiter une frontière avec « eux ». Mais le djihadiste nous y contraint. Il dévoile l'arrogance qui nous désarme : nous sommes convaincus d'être le centre du monde, le seul avenir possible, l'unique culture désirable.
Or le djihadisme sème le doute. Sa puissance de séduction révèle la fragilité de « notre » universalisme. Nous voici donc obligés d'envisager autrement les rapports de force passés (l'histoire des colonialismes) et présents (depuis l'affaire Rushdie jusqu'à Charlie). Nous voici également contraints de porter un regard neuf sur la conquête des libertés qui distinguent l'Europe comme civilisation.
Au miroir du djihadisme, cette croyance conquérante, nous découvrons ce qu'est devenue la nôtre : la religion des faibles.
De nos jours, le couple serait en crise, et le mariage en déclin. Cette crise serait due au capitalisme, à l'hypersexualisation de la société, à Internet ou à l'on ne sait quelle incapacité de la jeunesse à s'engager.
Pour comprendre ce que sont devenus l'amour, le couple et le désir, Belinda Cannone retrace les métamorphoses du sentiment amoureux. L'histoire du mariage nous apprend ainsi que l'union « pour toujours » est une invention chrétienne, que le mariage d'amour émerge à la fin du XVIIIe siècle, et que ce sont les révolutions du XXe siècle qui ont érigé le désir en ingrédient indispensable de la réussite du couple.
Cette révolution ne va pas sans problème : l'amour, en se transformant, peut durer une vie, alors que le désir est plus fugace. Dès lors, pourquoi continuer à vivre dans un couple où le désir s'est dissipé ? En effet, nous tendons à présent à former au cours de nos vies des couples successifs, non pérennes. Mais si ce problème n'en était pas un ? S'il s'agissait simplement d'une profonde mutation du couple, qui n'est pas pire - voire qui est meilleure, plus riche - que les versions antérieures du couple ?
Bien sûr, cette renonciation au « pour toujours » n'est possible que si l'on reconnaît la noblesse du désir. Trop longtemps regardé comme un péché, il est aujourd'hui valorisé, mais pas toujours pour ce qu'il est. Suspendant les rapports de domination, le désir est profondément féministe. Il n'est pas un simple besoin du corps, ou de la reproduction, mais une expérience capitale qui engage la totalité du corps-esprit. Intimement mêlé à l'amour, il en est le nouveau nom.
Dans un exercice de retour sur soi, la philosophe Chantal Jaquet met au clair ce qui dans la philosophie l'a sauvée d'une enfance douloureuse et la sauve encore aujourd'hui du vide. Pour elle, la vertu de la philosophie est qu'elle produit une disruption dans la pensée ordinaire et invite à élargir le champ étroit du présent. Pour cette grande spécialiste de Spinoza, les principales qualités requises pour un philosophe sont celles que Voltaire prêtait à madame de Choiseul : « la justesse dans l'esprit et la justice dans le coeur ». Au fil des mots et des souvenirs, Ch. Jaquet prend ici conscience que le lien entre tous ses travaux en apparence éclatés, c'est la question du passage, qui est aussi au coeur de son parcours de transclasse, concept qu'elle a elle-même forgé. Qu'est-ce qui passe et qu'est-ce qui reste, qu'est-ce qui est passager ou pérennisé, au cours de la mutation et de la transition ? Soucieuse de communiquer son amour du juste, dans le social, le politique et l'intime, elle livre ici une réflexion magistrale sur l'art de penser et l'art de se révolter.
« En quelques années, nous pourrions mettre fin à l'extrême misère: qu'attendons-nous ? » Chacun d'entre nous a intérêt à vivre dans un monde sûr, où la richesse est justement répartie. Nous pourrions y être. Nous n'y sommes pas. Nous avons les moyens d'y être dans dix ans, nous n'en prenons pas le chemin.
L'aide au développement est aujourd'hui notre unique instrument de redistribution planétaire des ressources publiques. Mérite-t-elle les critiques, les caricatures, les procès en inefficacité, gaspillage, détournement, assistanat, néocolonialisme et j'en passe ?
Qu'attend-on pour aider les Français à y voir plus clair, pour pousser les gouvernements à revoir leurs ambitions à la hausse ?
Ce livre s'adresse à ceux qui veulent comprendre, réfléchir, et agir.
N.V.-B.
Alfred Eibel nous entraîne dans les années 1950 au coeur de la capitale autrichienne:exsangue, déchirée, sous l'emprise de ses quatre occupants, Vienne n'aspire plus qu'à renouer avec son passé féerique. Le théâtre, le cinéma et l'opéra deviennent les planches de salut des Viennois, habités par la volonté d'oublier le nazisme. Les vedettes flamboyantes de l'avant-guerre font leur réapparition, qu'elles aient été compromises par le IIIe Reich ou contraintes à l'exil.C'est tout à la fois l'atmosphère du Troisième Homme, le roman de Graham Greene adapté au cinéma par Carol Reed, des cafés feutrés et des salons de thé, où l'on dégustait des Sachertorten en écoutant les opérettes de Franz Lehar et Le Chevalier à la rose de Richard Strauss, que nous restituent ces souvenirs. Hâtifs et vifs, magnifiés par le temps ou embaumés dans un rêve qui vire parfois au cauchemar, ils témoignent de la lente résurgence du merveilleux dans un monde peuplé de ruines:la Vienne magique et étincelante a-t-elle survécu au désastre? Telle est la question que se pose Alfred Eibel avec pertinence et nostalgie.
Le 8 septembre 2007, à travers toute l'Italie, plusieurs centaines de milliers de personnes participent au premier Vaffanculo Day - le jour du « Va te faire foutre » ! Clair et concis, ce message s'adresse aux élites politiques et économiques, présentées comme corrompues et jugées responsables des problèmes du pays.
Lancée par un comique très célèbre en Italie, Beppe Grillo, et un chef d'entreprise féru d'Internet, Gianroberto Casaleggio, cette initiative débouche en 2009 sur la création du Mouvement 5 étoiles, un météore politique qui réalise dès 2013 des scores électoraux inédits et se maintient aujourd'hui encore en tête des sondages.
Pourquoi un tel succès ? Qui sont ces « grillons » (surnom des supporters de Beppe Grillo) qui ont déferlé sur le pays ? Où se situent-ils politiquement ? Que veulent-ils ? Quelles sont les limites du mouvement ? Quel peut être son avenir ?
L'auteur relate les conditions de cette irrésistible ascension et s'interroge, au-delà du contexte italien, sur ces formations dites populistes qui essaiment ailleurs dans le monde, sur les problèmes bien réels qui leur permettent de prospérer et sur la façon dont les partis de gouvernement tentent de leur résister.