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Littérature argumentative
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« Dumas, c'est la vie » écrivait George Sand. Né en juillet 1802, il est l'écrivain d'un éternel été. Passer des vacances avec lui c'est rendre visite à un ami, à un conteur ébouriffant qui nous tient en haleine et nous amuse, à un homme d'épée et de coeur. Orphelin de père à 4 ans, Alexandre Dumas a connu deux empires, trois rois et autant de révolutions ; il a subi l'exil et la faillite ; vécu des histoires d'amour trop nombreuses pour être sincères mais trop éphémères pour n'être pas douloureuses. Ses lecteurs, innombrables, connaissent-ils sa part méconnue, eux qui n'ont retenu de lui que l'épopée des Mousquetaires et la vengeance d'Edmond Dantès ? Savent-ils que ses grands romans n'ont occupé que trois années de sa vie ? Ont-ils idée de la masse de ses autres livres, de son théâtre et surtout de ses impressions de voyage, qui sont la plus belle partie de son oeuvre ? Jean-Christophe Rufin considère comme son frère d'arme et de plume. « En vous accompagnant tout l'été avec Dumas, j'ai le sentiment de m'acquitter d'une dette. Il a toujours été pour moi plus qu'un modèle, un grand frère qui marchait devant et me guidait sur le chemin de l'écriture. Il nous a fait à tous tant de bien qu'il mérite assez que, le temps d'un été, nous fassions honneur à sa cuisine littéraire. »
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Comment ça va pas ? Conversations après le 7 octobre
Delphine Horvilleur
- Grasset
- Essais Grasset
- 21 Février 2024
- 9782246838463
Fracassée comme tant d'autres après le massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, l'auteur voit son monde s'effondrer. Elle dont la mission consiste à porter la souffrance des autres sur ses épaules et à la soulager par ses mots, se trouve soudain en état de sidération, impuissante et aphasique.
Dans la fièvre, elle écrit alors ce petit traité de survie, comme une tranche d'auto-analyse qui la fait revenir sur ses fondements existentiels.
Le texte est composé de dix conversations réelles ou imaginaires : conversation avec ma douleur, conversation avec mes grands-parents, conversation avec la paranoïa juive, conversation avec Claude François, conversation avec les antiracistes, conversation avec Rose, conversation avec mes enfants, conversation avec ceux qui me font du bien, conversation avec Israël, conversation avec le Messie.
Ce livre entre en résonnance avec Vivre avec nos morts (puisqu'il s'agit ici, a contrario, de l'angoisse de mourir avec les vivants), avec Réflexions sur la question antisémite (puisque c'est le pendant personnel, intime et douloureux à l'essai plus intellectuel et réflexif) et à Il n'y a pas de Ajar (puisque la musique, le ton, la manière des dialogues oraux font écho à ceux du monologue théâtral).
Comme toujours avec l'auteur, le va et vient entre l'intime et l'universel, entre l'exégèse des textes sacrés et l'analyse de la société actuelle, entre la gravité du propos et l'humour comme politesse du désespoir, parvient à transformer le déchirement en réparation, l'inconfort en force, l'inquiétude en réassurance et le doute en savoir. -
Toute mon adolescence, j'étais persuadée que les personnages d'À la recherche du temps perdu étaient des cousins que je n'avais pas encore rencontrés. À la maison, les répliques de Charlus, les vacheries de la duchesse de Guermantes se confondaient avec les bons mots entendus à table, sans solution de continuité entre fiction et réalité. Car le monde révolu où j'ai grandi était encore celui de Proust, qui avait connu mes arrière-grands-parents, dont les noms figurent dans son roman. J'ai fini, vers l'âge de vingt ans, par lire La Recherche. Et là, ma vie a changé. Proust savait mieux que moi ce que je traversais. Avant même ma rupture avec ma propre famille, il m'offrait une méditation sur l'exil intérieur vécu par celles et ceux qui s'écartent des normes sociales et sexuelles. Proust m'a constituée comme sujet. L. M.
Érudit, réjouissant, instructif. Télérama.
Dans un impeccable pas de deux entre autobiographie et hommage littéraire, l'essayiste remonte le fil de sa propre enfance tout en célébrant le chef-d'oeuvre proustien, indépassable école du regard et bréviaire d'émancipation. Bouleversant. Psychologies magazine.
Prix Médicis essai 2023. -
« Je me revois dans les rues de Châteauroux, à quatre ans, cinq ans, six ans, sept ans... En train d'aller à l'école. Je passais par une petite ruelle pavée, qui longeait le musée. Je me revois avancer entre les murs, en chantonnant les dernières chansons de Sheila, et en contemplant à mes pieds du haut de ma taille les chaussures vernies noires que ma mère venait de m'acheter. Je ne savais rien de ce qu'allait être ma vie. L'avenir ne m'inquiétait absolument pas. Au contraire. »
La « Nuit au musée » de Christine Angot à la Bourse de Commerce. Ou : L'art, dans une vie. -
« Je suis venu en Géorgien et vous me traitez comme un touriste ! Le portrait de mon arrière-grand-mère n'a rien à faire là. Vous avez voulu m'en mettre plein la vue, mais c'est horrible. Mon envie de venir au Musée National était fondée. Elle ne reposait pas que sur le désir d'y voir ce portrait, mais aussi les toiles de Répine et d'autres Ambulants ainsi que celles de Kakabadzé, les costumes et les icônes, le musée de l'occupation au dernier étage et surtout le trésor de la Toison d'or. Bref, la culture géorgienne, son histoire, ses richesses, sa mythologie. Qu'est-ce que je vais écrire moi maintenant ? Il est hors de question que je dorme une minute dans ce musée, vous m'entendez ? Vous n'aurez pas mes rêves. Vous n'aurez pas mes rêves. »
Alors qu'il devait être accueilli au Musée National de Tbilissi, l'auteur est finalement attendu à la Galerie Nationale où le portrait de son arrière-grand-mère, la princesse Mélita Cholokachvili, dite Babou, a été déplacé et « posé là comme une tarte à la crème ». Contraint de renoncer aux promesses qu'il projetait dans cette nuit, ce n'est pas tant avec les oeuvres que Guillaume Gallienne va dialoguer, comme il l'espérait, mais avec sa part géorgienne. Celle léguée par Babou, muse magnifique de la vie littéraire en Géorgie au début du XXe siècle ou sa grand-mère adorée Caï, complice de ses jeunes années, qui lui donne « le goût de la lecture et des belles choses ». Les raconter, c'est aussi revisiter, entre souffrances d'enfance, imaginaire échappatoire et aspirations intenses, les racines de sa propre construction. -
«Si une bonne fée me donnait le choix : devenir Proust, mais souffrir d'asthme et d'insomnie jusqu'à ma mort, ou bien dormir passablement bien et rester moi-même, que choisirais-je ? Sans doute la seconde option. Voilà pourquoi je ne suis pas Proust. Les grands écrivains sont-ils ceux qui se consument pour leur oeuvre, qui en meurent ? À mon âge, il était mort.» Lectrice d'À la recherche du temps perdu depuis ses quinze ans, Catherine Cusset y a puisé une leçon de vie dont elle nous livre un récit intime, drôle et profond. Qu'on ait lu Proust ou non, elle nous le rend infiniment proche.
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Une nuit. Le Panthéon pour enceinte d'un dialogue entre Richard Malka, incroyant bien décidé à rire encore de Dieu, en guerre contre le « respect » nouvellement dû aux religions, et Voltaire, le plus irrévérencieux philosophe des Lumières, défenseur de Calas et du Chevalier de la Barre. Sont-ils d'accord sur tout ? Pas tout à fait. Disciple de Robert Badinter et Georges Kiejman, l'avocat évoque les attentats, les morts, son histoire familiale, sa répulsion envers le prosélytisme et les enfermements communautaires. Surtout, il pose à Voltaire la question qui l'a mené au Panthéon. Par quoi remplacer Dieu ?
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«Limonov n'est pas un personnage de fiction. Il existe. Je le connais. Il a été voyou en Ukraine ; idole de l'underground soviétique sous Brejnev ; clochard, puis valet de chambre d'un milliardaire à Manhattan ; écrivain branché à Paris ; soldat perdu dans les guerres des Balkans ; et maintenant, dans l'immense bordel de l'après-communisme en Russie, vieux chef charismatique d'un parti de jeunes desperados. Lui-même se voit comme un héros, on peut le considérer comme un salaud : je suspends pour ma part mon jugement. C'est une vie dangereuse, ambiguë : un vrai roman d'aventures. C'est aussi, je crois, une vie qui raconte quelque chose. Pas seulement sur lui, Limonov, pas seulement sur la Russie, mais sur notre histoire à tous depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.» Emmanuel Carrère.
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Si la modernité a placé la dignité au coeur de ses promesses, nos sociétés contemporaines trahissent cette ambition en multipliant des situations perçues comme indignes. Des institutions comme les hôpitaux, les EHPAD ou les prisons sont devenues des lieux d'atteinte systémique à la dignité. Parallèlement, les mouvements sociaux récents (révolution ukrainienne, Black Lives Matter...) et les débats sur les discriminations, la fin de vie, le travail ou la condition animale soulignent l'urgence d'agir face à ce «devenir indigne» de nos sociétés. Entremêlant psychanalyse, philosophie politique, littérature et sciences sociales, Cynthia Fleury propose de penser une dignité universelle et effective dans le cadre de la philosophie du soin, qui dépasse l'indignation : une clinique de la dignité. Quatre entretiens - avec Claire Hédon, Défenseure des droits, Benoît Berthelier, Benjamin Lévy et Catherine Tourette-Turgis - permettent, à l'aune de la sociologie carcérale, par exemple, ou du traitement des personnes séropositives, d'explorer autant de dimensions de la dignité.
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« Je me retrouve éclaireur et héritier. Trahir les trahisons, c'est l'attribut du traître. » Kamel Daoud Suis-je donc un traître ? Peut-être que oui, mais je m'en console en feuilletant les livres d'histoire : tous les héros ont trahi l'immobilité. Tous les prophètes devaient trahir leur époque et un désert jaloux. Dans la nuit, tous les éclaireurs se voient obligés de trahir la lenteur des leurs. Tous les hommes ont dû trahir la peur. Tous les fleuves trahissent leurs sources pour aboutir à la mer. Tous les nids sont des fers aux pieds, si l'on n'y associe pas le premier pas dans le vide, si l'on n'ose pas s'y jeter et remuer des ailes ignorées. K. D.
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« Mes grands-parents ont grandi à l'Est de l'Europe, dans des pays de grands froids. Ils ont connu le chaos, les persécutions et l'exil.
Plus qu'un désir, une fascination, la France fut pour eux une intuition.
Même si tout cela m'est inconnu, cela ne m'est pas étranger. Je porte en moi leurs racines et aujourd'hui, sans que je les convoque, elles se rappellent à moi. »
Dans ce récit, Marie Drucker remonte le temps et questionne l'héritage, menacé mais vivace, de son identité profonde.
L'histoire d'une famille au destin exceptionnel qui, comme beaucoup d'autres, a fait le choix de l'identité française. -
Explosive modernité : Malaise dans la vie intérieure
Eva Illouz
- Gallimard
- Connaissances
- 15 Mai 2025
- 9782073026484
Comment comprendre le malaise indéniable dans lequel notre civilisation est plongée ? Il y a un siècle, Freud se posait la même question. Mais là où, en psychanalyste, il dressait le tableau d'un conflit entre pulsions et répression, ce qui se joue aujourd'hui est à la lisière entre émotions et monde social. Nos affects les plus intimes - espoir, déception, colère, envie, honte, fierté, amour même - sont désormais pris dans les tensions et dynamiques de nos sociétés. L'espoir, fondement émotionnel de la modernité, a promis le progrès et l'amélioration du sort de chacun. C'était avant que les inégalités, la montée du populisme, démocratie extrême, la domination de la technologie ne le transforment en déception, envie, colère ou nostalgie. La conjonction de toutes ces émotions nous a fait entrer dans une ère explosive. Ce livre est l'exact opposé d'un manuel de développement personnel : il ne nous invite pas à ausculter sans fin notre «moi», mais à ouvrir notre intériorité à l'analyse sociale pour y découvrir que ce qui nous hante est avant tout l'écho des forces à l'oeuvre dans notre vie collective. Sociologue des émotions, Eva Illouz mobilise ici la littérature et la philosophie autant que les sciences politiques pour explorer comment et pourquoi ces émotions sont déployées dans la société.
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La «Révolution nationale» en 100 jours, et comment l'éviter
Pierre-Yves Bocquet
- Gallimard
- Tracts
- 23 Janvier 2025
- 9782073113306
«Une telle menace, inédite depuis la guerre d'Algérie, appelle un sursautcollectif. C'est la raison pour laquelle, en écrivant ce texte, je ne m'adresse pas à un camp, mais à toutes celles et tous ceux, de droite comme de gauche, qui ne peuvent qu'être préoccupés par cette perspective, et qui restent attachés aux fondements séculaires de notre démocratie.» Pierre-Yves Bocquet C'est la principale mesure du programme du Rassemblement National : le «référendum sur l'immigration», qu'il promet d'organiser immédiatement après sa victoire à l'élection présidentielle. Ce projet a une apparence : une consultation des Français pour imposer la «priorité nationale». Il a une réalité : un projet de loi de dix-huit pages visant à défigurer notre Constitution, et que le RN entend imposer en réalisant un véritable putsch juridique. Moins de cent jours lui suffiraient ainsi pour transformer la France en démocratie illibérale, xénophobe et autoritaire. Cet enchaînement n'a rien d'inéluctable. Il est encore possible de s'y opposer : d'abord en en parlant, ensuite en agissant. Ce Tract explique comment.
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«Je me souviens du moins d'une grande fille magnifique qui avait dansé tout l'après-midi. Elle portait un collier de jasmin sur sa robe bleue collante, que la sueur mouillait depuis les reins jusqu'aux jambes. Elle riait en dansant et renversait la tête. Quand elle passait près des tables, elle laissait après elle une odeur mêlée de fleurs et de chair.»
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Encore un moment... textes personnels, politiques, sociologiques, philosophiques et littéraires
Edgar Morin
- Denoël
- Documents Denoel
- 7 Juin 2023
- 9782207178300
«Le plus étonnant est que l'on s'étonne si peu de vivre.» Esprit indépendant et original, Edgar Morin garde une appétence intacte pour tes choses de la vie et les objets de la pensée. De l'étégance de l'hirondelle à l'humanisme post-marrane de Montaigne, de la mission de l'intellectuel au combat des femmes iraniennes, rien de ce qui est humain ne lui est étranger. Dans ce passionnant ensembte de textes personnels, littéraires, historiques et philosophiques, il met à profit son immense savoir, accumulé au cours d'un siècle de vie, pour questionner la complexité du réel et penser l'avenir de notre société humaine. À 102 ans, la curiosité d'Edgar Morin pour le monde et l'humain reste incomparabtement vive et communicative.
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James Baldwin prolonge dans ce recueil d'essais ses réflexions amorcées dans les Chroniques d'un enfant du pays. Entremêlant souvenirs personnels, de son exil européen à son voyage dans les États du Sud en pleine bataille pour l'intégration scolaire, analyses sociologiques et politiques - notamment sur l'histoire du quartier de Harlem et le rôle qu'y joue la police - et critiques d'artistes, Baldwin examine avec une grande acuité la condition afro-américaine mais aussi les représentations de l'homosexualité dans les années 1950 et 1960. Sa pensée, plus actuelle que jamais, nous révèle la multiplicité des facteurs à l'oeuvre dans la construction de l'identité et la profondeur des fractures qui divisent aujourd'hui encore l'Amérique.
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« Oui, avoue le chevalier, je suis peut-être fou, mais à tout prendre je le suis moins que la société où nous vivons ».
Si chacun se retrouve dans Don Quichotte, c'est qu'il s'agit de l'oeuvre qui, par excellence, nous permet de faire face à un monde privé de sens. L'ingénieux hidalgo est le symbole de l'homme moderne confronté à un univers dont toutes les structures signifiantes se délitent. Sa réponse : croire sans relâche et faire comme si. Voilà ce que conseille le roman de Cervantès : substituer au monde réel un imaginaire où l'on puisse conserver espoir.
Don Quichotte n'est pas un simple personnage, il est aussi auteur, celui de son destin . De toute l'histoire de la littérature, il est le premier personnage à décider de vivre sa vie comme dans les livres. Ce « premier beatnik, la moto en moins » franchit la barrière séparant la fiction de la réalité, faisant de ce roman absolument moderne celui du dévoilement de toutes les apparences et de la transgression de toutes les limites.
Aujourd'hui encore, on apprend des efforts comme des revers de ce personnage. Ses épreuves renvoient à quantité d'expériences contemporaines : les mondes virtuels, le complotisme, la nécessité des utopies ou l'importance de l'engagement. La nature comique de ce chef-d'oeuvre de la littérature universelle, comme un pied de nez lancé depuis plus de quatre siècles à la face du monde, nous oblige à rire de l'existence plutôt que d'en pleurer.
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Des mots et des actes : Les belles-lettres sous l'Occupation
Jérôme Garcin
- Gallimard
- La Part Des Autres
- 3 Octobre 2024
- 9782073058270
Le temps n'est certes plus à l'admiration béate des créateurs, à la séparation de ce qu'ils sont et de ce que leur oeuvre donne à connaître et à admirer. Mais cette double vision, plus pénétrante, fut, pour Jérôme Garcin comme pour d'autres de sa génération, un apprentissage : «À l'adolescence, j'attendais de la littérature à la fois un refuge et un horizon. Je lui demandais de l'aide, je ne lui demandais pas des comptes.» Les coulisses de ce théâtre de signes n'étaient pas toutes reluisantes ; et des mots aux actes - c'est bien l'axe de ce livre - il y avait un écart qu'il s'est avéré impossible sinon de combler, du moins d'ignorer. Dans cette passionnante revue d'effectifs des «belles-lettres» sous l'Occupation, qui s'appuie sur une connaissance fine des sources de l'histoire littéraire, Jérôme Garcin ajuste son regard, nos regards sur cette époque en clair-obscur, à l'aune de quelques-unes de ses plus hautes figures morales et intellectuelles - avec l'admirable Jean Prévost tout en haut de l'échelle. Ce questionnement par l'exemple sur la responsabilité de ceux que leurs écrits ont fait briller et qui se sont compromis s'adresse autant aux auteurs de ce temps qu'aux lecteurs d'hier et d'aujourd'hui. Car on a beau se garder de vouloir porter des jugements après coup, se répéter que le dossier est documenté depuis longtemps, on ne peut s'empêcher d'éprouver un persistant malaise à l'évocation de cette arrière-cour des catalogues et à l'égard de cette ignorance feinte, voire d'une certaine complaisance, sur laquelle ont pu et pourraient encore reposer certaines de nos passions littéraires. C'est à mieux saisir cette «part des autres», tantôt sombre, tantôt lumineuse, que Jérôme Garcin s'attache ici, en évoquant les figures de Brasillach, Céline, Chardonne, Cocteau, Morand ou Rebatet, et toujours à la lumière des engagements de Kessel, Lusseyran, Mauriac, Paulhan ou Jules Roy.
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«Nulle réforme n'attise davantage les arrière-pensées politiques qu'une loi électorale. Elle est toujours mise au service de l'intérêt, à court terme, de ses promoteurs.» Julien Jeanneney La France est frappée d'une crise de confiance dans ses institutions. Le résultat des élections législatives de 2024 en est l'un des symptômes les plus récents. En réaction, des intellectuels et des responsables politiques proposent de rétablir un mode de scrutin proportionnel pour l'élection des députés. Parée des atours de la vertu et de la justice, cette perspective peut séduire de prime abord. Mais c'est un mirage. La thérapeutique, en la matière, serait bien pire que le mal qu'elle entend combattre. Elle élargirait le fossé entre la nation et ses représentants, tout en prétendant faire le contraire. Comprendre ce paradoxe nous invite à en éloigner le péril.
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Le couteau : Réflexions suite à une tentative d'assassinat
Salman Rushdie
- Gallimard
- Du Monde Entier
- 18 Avril 2024
- 9782073033987
«Il était essentiel que j'écrive ce livre : une manière d'accueillir ce qui est arrivé, et de répondre à la violence par l'art.» Pour la première fois, Salman Rushdie s'exprime sans concession sur l'attaque au couteau dont il a été victime le 12 août 2022 aux États-Unis, plus de trente ans après la fatwa prononcée contre lui. Le romancier lève le voile sur la longue et douloureuse traversée pour se reconstruire après un acte d'une telle violence ; jusqu'au miracle d'une seconde chance. Le Couteau se lit aussi comme une réflexion puissante, intime et finalement porteuse d'espoir sur la vie, l'amour et le pouvoir de la littérature. C'est également une ode à la création artistique comme espace de liberté absolue.
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Si le livre XX de l'immense Histoire naturelle, traité foisonnant, ne doit bien sûr pas être pris à la lettre et si les procédés qu'il propose sont surannés ou relèvent de la superstition, ce texte n'en constitue pas moins un témoignage rare sur le rapport au monde végétal dans l'Antiquité. Les plantes potagères, tout particulièrement, y font en effet l'objet d'une attention singulière, érudite et sensible, et sont vues comme des remèdes autant que comme des aliments. Aussi Pline l'Ancien l'annonce-t-il d'emblée : «Nul ne devra, induit en erreur par la trivialité des termes, juger ce sujet petit et médiocre.» Concombre, rave sauvage, navet. radis, oignon : Pline l'Ancien dénombre, émerveillé, quelques bienfaits remarquables des plantes de jardin.
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De grandes dents : Enquête sur un petit malentendu
Lucile Novat
- Éditions Zones
- 29 Août 2024
- 9782355222337
Et si l'on avait fait fausse route dans l'interprétation du Petit Chaperon rouge ? De cette histoire familière, on a surtout retenu une mise en garde contre des prédateurs inconnus, intégré l'idée que le danger rôdait dehors. Et pourtant...
Il était une fois, sous une flamboyante capuche rouge, un petit malentendu. Perrault et les frères Grimm s'étaient donné de la peine, ils avaient semé les indices comme d'autres sèment les cailloux, mais en vain. Quelque chose en nous résistait, à nos corps défendants. Affabulation collective, le déni mit tout à l'envers : on verrouilla, d'un même geste, et le contresens et la porte de nos maisons. Rembobinons. Qu'est-ce que c'est que cette grand-mère " folle " de sa petite-fille ? Pourquoi l'enfant donne-t-elle si prestement son adresse au loup ? Aurait-elle d'excellentes raisons de traîner des pieds en chemin ? Est-il bien vrai que la forêt est un danger et la maison un lieu sûr ? Et, surtout, qui se cache sous la couverture ? Un loup grimé en mère-grand, vraiment ?
L'enquête est rouverte. À travers un réseau de récits fictionnels et familiaux, où surgissent, au détour d'un sentier, Sigmund Freud, Virginia Woolf ou encore David Lynch, Lucile Novat dissèque la fable, débusque le tabou, et fait retentir un tout autre avertissement.
Suivi de Barbe-Bleue, un conte dont vous étes le Perrault. -
Le chagrin conduit le coeur vers la littérature et la philosophie dans l'espoir d'y trouver une consolation, comme un enfant se réfugie dans les bras de sa mère. Mais les mots des autres ne consolent pas. Regarder la mort en face, n'est-ce pas constater notre condition d'êtres résolument inconsolables ?Qu'est-ce que ça change, vraiment, de perdre son père ? Sans croyance en un au-delà, que signifie l'ultime disparition de ce qui est ? Rien ne change, et pourtant le monde n'est plus le même. Il faut s'habituer à vivre dans un monde sans lui. La vie continue, les matins se succèdent, les enfants grandissent, un nouveau chat rejoint la maison, et après la grande tristesse c'est la peur de l'oubli qui survient.Et si tout redevenait comme avant ? La vie, même dans l'impossible face-à-face avec la mort, se trouve dans cette alternative : quand le temps s'étire, on s'ennuie ; quand le temps s'arrête, on gémit. Le drame n'est-il qu'une suspension provisoire de nos soucis ? Mais alors, nous autres, êtres inconsolables, avons-nous la possibilité de jouir de l'existence en connaissance de cause ?A. V. R.
-
Notre besoin de consolation est impossible à rassasier
Stig Dagerman
- Actes Sud
- Memoires, Journaux, Temoignage
- 10 Août 1993
- 9782868693341
Depuis la découverte, en 1981, de ce texte où Stig Dagerman, avant de sombrer dans le silence et de se donner la mort, fait une ultime démonstration des pouvoirs secrètement accordés à son écriture, le succès ne s'est jamais démenti. On peut donc, aujourd'hui, à l'occasion d'une nouvelle édition de ce " testament ", parler d'un véritable classique, un de ces écrits brefs dont le temps a cristallisé la transparence et l'inoubliable éclat.