Une trentaine de textes brefs qui déclinent ces petits riens de la vie quotidienne, véritables moments de bonheur indicibles. De la cueillette des mûres, au plaisir sans complexe de savourer un banana-split, en passant par la magie colorée des kaléidoscopes ou l'épluchage subtil des petits pois.
«Il y a dans les afflictions diverses sortes d'hypocrisie. Dans l'une, sous prétexte de pleurer la perte d'une personne qui nous est chère, nous nous pleurons nous-mêmes ; nous regrettons la bonne opinion qu'il avait de nous ; nous pleurons la diminution de notre bien, de notre plaisir, de notre considération. Ainsi les morts ont l'honneur des larmes qui ne coulent que pour les vivants... Il y a une autre espèce de larmes qui n'ont que de petites sources qui coulent et se tarissent facilement : on pleure pour avoir la réputation d'être tendre, on pleure pour être plaint, on pleure pour être pleuré ; enfin on pleure pour éviter la honte de ne pleurer pas.»
Écrivain, poète, philosophe, Leopardi (1798-1837) est avec Dante le plus grand écrivain italien. Avec l'Allemand Novalis (1772-1801), l'Anglais Keats (1795- 1821) et le Français Nerval (1808-1855), il est un des grands météores du romantisme européen.
Nietzsche voyait en lui «?le plus grand styliste de son siècle?». Pour Elio Germano, interprète du rôle de l'écrivain dans l'admirable film qui lui a été consacré en 2014 par Mario Martone, Leopardi : Il giovane favoloso (« le jeune homme fabuleux », expression empruntée à un poème d'Anna Maria Ortese), « Leopardi est punk, il est grunge. Schopenhauer et Nietzsche se sont formés avec Zibaldone.
L'existentialisme nait de lui aussi. Pour moi c'est un Pasolini de son temps. Détaché et dérangeant. » Mort à 39 ans, Leopardi a laissé une masse de textes considérable et désordonnée. Les fragments ici recueillis dans l'ordre chronologique de leur date de publication renvoient à l'ensemble de ce corpus comprenant les célèbres Canti, le Zibaldone (près de 5000 pages dans l'édition italienne), les essais et l'abondante correspondance du reclus de Recanati.
« Sans la musique, écrivait Nietzsche, la vie serait une erreur, une besogne éreintante, un exil. » Il en est de même pour Leopardi qui écrit en 1820 à un ami le chef d'orchestre Pietro Brighenti : « La musique, est certainement l'une de mes grandes passions, et elle doit l'être pour toutes les âmes capables d'enthousiasme. » Des Canti au Zibaldone, l'univers sonore est partout prédominant dans son oeuvre et fait la marque inoubliable de sa sensibilité.
Ils sont venus entre 1754 et 1914 sur les bords du Léman pour quelques heures ou quelques années. Dix auteurs. Dix géants de la littérature : Voltaire, Rousseau, Germaine de Staël, François-René de Chateaubriand, Byron, Stendhal, Alexandre Dumas, Gustave Flaubert, Victor Hugo, Romain Rolland.
Exilés ou réfugiés en Suisse, ils y ont repris leur souffle et leur plume. À Genève, Voltaire et Rousseau vont diriger l'opinion du siècle. Au château de Coppet, Germaine de Staël reçoit les plus beaux esprits européens, Chateaubriand redessine la carte du monde et y rencontre sa belle Juliette.
Plus tard, sur ces mêmes rives, le poète Byron, corseté dans l'Angleterre victorienne, renaît tel un phénix. Inspirés, Stendhal, Dumas, Victor Hugo, héros du romantisme, se pressent en pèlerinage. En 1869, le père des Misérables exhorte, à Lausanne, à la création des États-Unis d'Europe.
À l'orée du XXe siècle, Romain Rolland, futur Prix Nobel de littérature, déclare à Genève « la guerre à la guerre ». Pacifiste indéfectible, Gandhi viendra lui rendre visite à Lavaux.
Oui, de Coppet à Vevey, ces auteurs ont réenchanté le monde. Redécouvrir leur séjour sur le sol suisse, c'est retrouver en leur compagnie, au fil de leurs écrits plus actuels que jamais, leur amour pour la nature et le goût de la liberté, qu'ils nous ont légué pour l'éternité.