Immense fresque de l'univers concentrationnaire soviétique, L'Archipel du Goulag a été écrit dans la clandestinité. Les milliers de lettres et témoignages reçus par Alexandre Soljénitsyne après la publication de son roman Une journée d'Ivan Denissovitch constituent la base de cette oeuvre, qu'il qualifie d'« investigation littéraire » ; ces documents font de lui le dépositaire du malheur de tout un peuple. Secrètement sorti d'URSS, ce texte explosif suscite, lors de sa parution en Occident en 1974, une prise de conscience des réalités du régime soviétique.
Édition abrégée inédite. Préface inédite de Natalia Soljénitsyne.
En septembre 1878, R. L. Stevenson accompagné d'un âne - mais à pied - traversait en douze jours les Cévennes, de Monastier à Saint-Jean-du-Gard. Dormant sous les étoiles qui avaient éclairé la révolte des camisards, attiré par la voix lointaine d'une flûte, emporté par les ombres qui valsaient en mesure à l'appel du vent, se lavant dans l'eau courante des rivières, amical envers les moines trappistes comme envers les dissidents protestants, il découvrit la magie des rencontres, la complicité des paysages, l'ivresse de la liberté. Trouvant dans une approche sensuelle et poétique de la nature toutes les raisons de croire en l'amour qui allait changer son existence, il ramena, de cette marche sur les chemins des bergers, le livre le plus cordial et le plus confiant en la vie.
Etudiante en droit à Harvard, Alexandria Marzano-Lesnevich est une farouche opposante à la peine de mort. Jusqu'au jour où son chemin croise celui d'un tueur emprisonné en Louisiane, Rick Langley, dont la confession l'épouvante et ébranle toutes ses convictions. Pour elle, cela ne fait aucun doute : cet homme doit être exécuté. Bouleversée par cette réaction viscérale, Alexandria ne va pas tarder à prendre conscience de son origine en découvrant un lien tout à fait inattendu entre son passé, un secret de famille et cette terrible affaire qui réveille en elle des sentiments enfouis. Elle n'aura alors cesse d'enquêter inlassablement sur les raisons profondes qui ont conduit Langley à commettre ce crime épouvantable.
Dans la lignée de séries documentaires comme Making a Murderer, ce récit au croisement du thriller, de l'autobiographie et du journalisme d'investigation, montre clairement combien la loi est quelque chose d'éminemment subjectif, la vérité étant toujours plus complexe et dérangeante que ce que l'on imagine. Aussi troublant que déchirant.
En arrivant avec sa famille et un couple d'amis dans une villa des hauteurs de Nice, Joe Jacobs découvre un corps dans la piscine. Bien vivant. La créature s'appelle Kitty Finch : elle se dit botaniste, porte du vernis à ongles vert, et se présente à eux totalement nue. Pourquoi est-elle ici ? Que veut-elle ? Rien ne va se passer comme prévu. Huis clos envoûtant, Sous l'eau confirme encore que les secrets les plus enfouis finissent toujours par remonter à la surface.
Edith Bruck a treize ans lorsqu'elle est déportée à Auschwitz au printemps 1944. Elle survit à l'horreur des camps. Livrée à elle-même, la jeune femme expérimente l'errance des survivants car la fin de la guerre n'apporte en aucun cas la restitution du monde d'avant. Pour Edith Bruck, la solution s'impose : la quête de soi passera par l'écriture, fougueuse et vitale. Un récit d'une rare intensité considéré comme une oeuvre de combat, plus que jamais nécessaire.
D'origine hongroise, Edith Bruck est née en 1931. Son oeuvre narrative, autobiographique et poétique, devenue incontournable, est traversée par l'expérience de la Shoah. Accueilli comme un chef d'oeuvre et primé en Italie, LePain perdu est disponible aux Éditions du sous-sol.
Naturaliste, géographe, explorateur, Alexander von Humboldt (1769-1859) est le grand scientifique des Lumières.
Il a donné son nom à des villes, des rivières, des chaînes de montagnes, à un courant océanique d'Amérique du Sud, à un manchot, à un calmar géant - il existe même une Mare Humboldtianum sur la Lune.
Sous la plume d'Andrea Wulf, sa vie se lit comme un roman d'aventures : Humboldt a organisé des expéditions. Napoléon le jalousait ; Bolívar s'est imprégné de ses idées pour mener à bien sa révolution ; Darwin a embarqué sur le Beagle à cause de lui ; et le capitaine Nemo de Jules Verne possédait tous ses livres dans sa bibliothèque.
À une époque où l'on pouvait embrasser toutes les connaissances scientifiques, Humboldt n'a cessé d'arpenter le monde pour en déceler les secrets et les expliquer. Il prédisait les changements climatiques causés par l'homme. Ses idées ont révolutionné la science, la politique, l'art et la théorie de l'évolution.
Quand Ryszard Kapuscinski arrive comme journaliste à Accra, la capitale du Ghana, il ne peut soupçonner que ce voyage sera le début d'une passion qui ne le quittera plus. Pendant des années, ce grand reporter, observateur exceptionnel, sillonne le continent noir, habite les quartiers des Africains, s'expose à des conditions de vie qu'aucun correspondant occidental n'aurait acceptées.
Car Kapuscinski s'intéresse surtout aux gens. Le tumulte de la vie quotidienne le passionne.
Paolo Rumiz n'en est pas à son premier voyage, lui qui a longé les 7 000 kilomètres des frontières de l'Europe, de l'Arctique à la mer Noire, traversé les Balkans, descendu le cours du Pô... Au printemps 2014, il a réalisé le plus étonnant d'entre eux : un voyage immobile. Isolé dans un phare perché sur un rocher au milieu de la Méditerranée, avec pour seuls compagnons les gardiens. Et le sentiment d'être libéré, sans agenda, sans horaires, sans aucune connexion avec le monde, loin de tout mais curieusement peut-être aussi au centre de tout.
Se consacrant à l'exploration de son minuscule environnement, un kilomètre de long sur deux cents mètres de large, il raconte la nature, le cri des oiseaux, le silence des poissons, la lanterne du phare. Il parle tempêtes, orages, vents et nous fait partager le quotidien des gardiens, ceux d'aujourd'hui mais aussi ceux de jadis. Un voyage immobile tout en délicatesse, empathie et érudition.
«C'est l'histoire d'une conversation sans âge, non seulement entre nous, sur ce que nous avons l'intention d'entreprendre ou ce que nous voulons réaliser, mais aussi avec cette terre - notre contemplation et notre admiration devant un orage sur la prairie, devant la crête découpée d'une jeune montagne ou devant l'essor soudain des canards au-dessus d'un lac isolé. Nous nous sommes raconté l'histoire de ce que nous représentons sur cette terre depuis 40 000 ans. Je crois qu'au coeur de cette histoire repose une simple et durable certitude : il est possible de vivre avec sagesse sur la Terre, et d'y vivre bien.» Dans ce classique du nature writing, l'aventure et le goût de l'extrême se mêlent à l'approche intime, méditative et sensorielle de la beauté glacée du grand Nord.
Découvrez Aux frontières de l'Europe, le livre de Paolo Rumiz. En 2008, Paolo Rumiz entreprend un "parcours en zigzag, sur la fermeture éclair de l'Europe" : six mille kilomètres, depuis Rovaniemi en Laponie finlandaise jusqu'à Odessa en Ukraine. Il reçoit les confidences d'un pêcheur de crabes géants, de pulpeuses marchandes de crème aigre et de myrtilles, d'un prêtre naguère Rambo des forces spéciales en Tchétchénie... Il trouve, dans ces périphéries oubliées, l'âme de notre continent.
Comme dans Le Tailleur de la Grand-Rue, son premier livre, Bonaviri met en scène, dans ce récit écrit en 1955, un petit monde paysan de Sicile orientale où plantes, nuages et ruisseaux partagent les joies et les souffrances des person- nages. Faite de bonheurs simples autant que de disette, de maladie ou de guerre, l'humble épopée de Massaro Angelo, le métayer, et de sa famille, dialogue avec les espaces cosmiques dont Bonaviri, dans ses oeuvres ultérieures, se fera l'explorateur mélancolique et fantasque.
Cet équilibre entre le style primitif et la grâce, l'imagerie populaire et le rêve, qu'admirait tant cet autre grand Sicilien, Elio Vittorini, on le retrouvera dans les trois chapitres piémontais d'un roman inachevé que ce volume propose en complément.
« Comme tous les personnages de Bonaviri, comme l'auteur lui-même, Angelo est un poète. Qu'est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire qu'il conçoit les événements de sa vie comme l'expression de forces qui dépassent l'humanité. Les nuages, les grenouilles, les hiboux parlent le même langage que les soldats qui reviennent de la guerre, tous conduits par une fatalité dont les hommes sont les témoins éblouis et accablés.
La mort qui hante ces pages n'est jamais tout à fait un élément négatif ou extérieur. C'est une divinité noire, bien sûr, mais compagne de la vie quoti- dienne des paysans. » René de Ceccatty, Le Monde
De son écriture précise et acérée, Tiziano Scarpa propose un guide personnel de Venise, sa ville natale, connue pour attiser les convoitises touristiques. Composant une véritable invitation à la découverte et à l'errance, il ne nous entraîne ni dans une banale excursion ni dans une navigation rêveuse. Le corps urbain qu'il décortique est de pierre et de sang, avec ses pieux déchaussés enfoncés dans la vase, sur laquelle repose le poisson mirobolant à nul autre pareil.
Avec Scarpa, on déambule dans l'intimité viscérale, minérale, aquatique, de la plus mirifique des cités lagunaires, dont les feux et les langueurs n'en finissent pas de brasser l'Orient et l'Occident confondus.