« La narration est dotée d'une beauté intérieure et d'une humanité extraordinaire. Absolument magnifique ».
« Le masque et la plume », France Inter.
Ce livre est l'histoire d'un crime. Celui de Catherine Burgod, tuée de vingt-huit coups de couteau, dans le bureau de poste où elle travaillait à Montréal-la-Cluse. Il a fallu sept ans à Florence Aubenas pour en reconstituer tous les épisodes - tous, sauf un. Le résultat est saisissant. Au-delà du fait divers et de l'enquête policière, L'Inconnu de la poste est le portrait d'une France que l'on aurait tort de dire ordinaire. Car si le hasard semble gouverner la vie des protagonistes de ce récit, Florence Aubenas offre à chacun d'entre eux la dignité d'un destin.
Avec lucidité et humanité, Edith Bruck revient sur son destin. Tout commence lorsque sa famille, de confession juive, est fauchée par la déportation nazie. L'auteure raconte sa miraculeuse survie dans plusieurs camps de concentration et son difficile retour à la vie. Elle n'a que quinze ans quand elle retrouve le monde des vivants. Elle commence une existence aventureuse, traversée d'espoirs, de désillusions, de débuts artistiques dans des cabarets à travers l'Europe et l'Orient, et enfin, à vingt-quatre ans, trouve refuge en Italie, se sentant chargée du devoir de mémoire, à l'image de son ami Primo Levi.
À l'été 1953, un jeune homme de 24 ans, fils de bonne famille calviniste, quitte Genève et son université, où il suit des cours de sanscrit et d'histoire médiévale puis de droit, à bord se sa Fiat Topolino. Nicolas Bouvier a déjà effectué de courts voyages ou des séjours plus long en Bourgogne, en Finlande, en Algérie, en Espagne, puis en Yougoslavie, via l'Italie et la Grèce. Cette fois, il vise plus loin : la Turquie, l'Iran, Kaboul puis la frontière avec l'Inde. Il est accompagné de son ami, Thierry Vernet, qui documentera l'expédition en dessins et croquis.
Ces six mois de voyage à travers l'Anatolie, l'Iran puis l'Afghanistan donneront naissance à l'un des grands chefs-d'oeuvre de la littérature dite « de voyage », L'Usage du monde, republié ici.
«Certains vont chercher le bonheur en Sibérie ou en Alaska, moi je lorgne du côté d'Aubusson, de Saint-Flour et du plateau de Millevaches... Je suis un aventurier de la France cantonale, un explorateur de sous-préfectures.»Sans le moindre sou en poche, misant sur la générosité des gens, un jeune aspirant jésuite s'échappe de la ville et de la modernité avec le désir de renouer avec l'élémentaire. Il s'offre une virée buissonnière à travers les déserts du Massif central, une petite promenade de sept cents kilomètres à pied. Le chemin des estives, récit de ce voyage, est une ode à la désertion, à la liberté, à l'aventure spirituelle. On y croise les figures de Rimbaud, de Charles de Foucauld, mais aussi des gens de caractère, des volcans, des vaches.Au fil des pages, une certitude se dessine : le bonheur est à portée de main, il suffit de faire confiance et d'ouvrir les yeux.
«La vie ordinaire est une vie d'hypocrite. On fait comme si c'était déjà ça de vivre tranquillement, comme si on ne voulait pas d'aventure. Comme s'il suffisait de se la couler douce dans les plis du laisser-être pour atteindre la tranquillité tant recherchée. Sauf que la plupart du temps, on n'y arrive pas.Puisque l'existence humaine est à la fois provisoire et continue, puisque rien ne dure et que le temps ne se retient pas, la tranquillité n'est pas de ce monde. Et c'est tant mieux. Que le dard de l'intranquillité vous pique encore et encore ! Demandez-vous, au moins une fois, si le nombre d'années parcourues, les épreuves et les angoisses endurées, si vous avez vécu tout ça pour vous réfugier dans la mauvaise foi de l'émerveillement ordinaire, sans jamais vouloir fouiller en dessous, remuer la vase qui étouffe vos désirs et vous fait croire qu'être quelqu'un, c'est peser lourd, et s'accrocher aux horaires comme si la vie en dépendait.»
J'ai écrit ce livre en hommage à ma grand-mère maternelle, Idiss. Il ne prétend être ni une biographie, ni une étude de la condition des immigrés juifs de l'Empire russe venus à Paris avant 1914.
Il est simplement le récit d'une destinée singulière à laquelle j'ai souvent rêvé.
Puisse-t-il être aussi, au-delà du temps écoulé, un témoignage d'amour de son petit-fils. R. B.
En septembre 1878, R. L. Stevenson accompagné d'un âne - mais à pied - traversait en douze jours les Cévennes, de Monastier à Saint-Jean-du-Gard. Dormant sous les étoiles qui avaient éclairé la révolte des camisards, attiré par la voix lointaine d'une flûte, emporté par les ombres qui valsaient en mesure à l'appel du vent, se lavant dans l'eau courante des rivières, amical envers les moines trappistes comme envers les dissidents protestants, il découvrit la magie des rencontres, la complicité des paysages, l'ivresse de la liberté. Trouvant dans une approche sensuelle et poétique de la nature toutes les raisons de croire en l'amour qui allait changer son existence, il ramena, de cette marche sur les chemins des bergers, le livre le plus cordial et le plus confiant en la vie.
Immense fresque de l'univers concentrationnaire soviétique, L'Archipel du Goulag a été écrit dans la clandestinité. Les milliers de lettres et témoignages reçus par Alexandre Soljénitsyne après la publication de son roman Une journée d'Ivan Denissovitch constituent la base de cette oeuvre, qu'il qualifie d'« investigation littéraire » ; ces documents font de lui le dépositaire du malheur de tout un peuple. Secrètement sorti d'URSS, ce texte explosif suscite, lors de sa parution en Occident en 1974, une prise de conscience des réalités du régime soviétique.
Édition abrégée inédite. Préface inédite de Natalia Soljénitsyne.
Sur un coup de tête, Maureen Wingrove décide de s'éloigner du monde et des réseaux sociaux pour tenter de se retrouver. Direction la Bretagne, pour une semaine de retraite dans une abbaye battue par les embruns. Une semaine dense, intense. Une semaine assaillie par des vagues de souvenirs, par des émotions, par des portraits de femmes, par des rencontres insolites et inoubliables. Une semaine face à elle-même, en quête de sérénité. Ressac est le journal de cette parenthèse.
Pour ramener à bon port le corps de son père, foudroyé en pleine ascension, Pierre est prêt à braver tous les dangers. À Chamonix, les guides se mobilisent : Servettaz était le meilleur d'entre eux. La montagne est une redoutable tueuse, elle sélectionne impitoyablement ses victimes. Celles-ci le savent bien, elles qui la consomment comme une drogue et la portent dans leur sang. Une histoire qui parle de passion, de courage et de la solidarité des hommes.
Etudiante en droit à Harvard, Alexandria Marzano-Lesnevich est une farouche opposante à la peine de mort. Jusqu'au jour où son chemin croise celui d'un tueur emprisonné en Louisiane, Rick Langley, dont la confession l'épouvante et ébranle toutes ses convictions. Pour elle, cela ne fait aucun doute : cet homme doit être exécuté. Bouleversée par cette réaction viscérale, Alexandria ne va pas tarder à prendre conscience de son origine en découvrant un lien tout à fait inattendu entre son passé, un secret de famille et cette terrible affaire qui réveille en elle des sentiments enfouis. Elle n'aura alors cesse d'enquêter inlassablement sur les raisons profondes qui ont conduit Langley à commettre ce crime épouvantable.
Dans la lignée de séries documentaires comme Making a Murderer, ce récit au croisement du thriller, de l'autobiographie et du journalisme d'investigation, montre clairement combien la loi est quelque chose d'éminemment subjectif, la vérité étant toujours plus complexe et dérangeante que ce que l'on imagine. Aussi troublant que déchirant.
Naturaliste, géographe, explorateur, Alexander von Humboldt (1769-1859) est le grand scientifique des Lumières.
Il a donné son nom à des villes, des rivières, des chaînes de montagnes, à un courant océanique d'Amérique du Sud, à un manchot, à un calmar géant - il existe même une Mare Humboldtianum sur la Lune.
Sous la plume d'Andrea Wulf, sa vie se lit comme un roman d'aventures : Humboldt a organisé des expéditions. Napoléon le jalousait ; Bolívar s'est imprégné de ses idées pour mener à bien sa révolution ; Darwin a embarqué sur le Beagle à cause de lui ; et le capitaine Nemo de Jules Verne possédait tous ses livres dans sa bibliothèque.
À une époque où l'on pouvait embrasser toutes les connaissances scientifiques, Humboldt n'a cessé d'arpenter le monde pour en déceler les secrets et les expliquer. Il prédisait les changements climatiques causés par l'homme. Ses idées ont révolutionné la science, la politique, l'art et la théorie de l'évolution.
En arrivant avec sa famille et un couple d'amis dans une villa des hauteurs de Nice, Joe Jacobs découvre un corps dans la piscine. Bien vivant. La créature s'appelle Kitty Finch : elle se dit botaniste, porte du vernis à ongles vert, et se présente à eux totalement nue. Pourquoi est-elle ici ? Que veut-elle ? Rien ne va se passer comme prévu. Huis clos envoûtant, Sous l'eau confirme encore que les secrets les plus enfouis finissent toujours par remonter à la surface.
Edith Bruck a treize ans lorsqu'elle est déportée à Auschwitz au printemps 1944. Elle survit à l'horreur des camps. Livrée à elle-même, la jeune femme expérimente l'errance des survivants car la fin de la guerre n'apporte en aucun cas la restitution du monde d'avant. Pour Edith Bruck, la solution s'impose : la quête de soi passera par l'écriture, fougueuse et vitale. Un récit d'une rare intensité considéré comme une oeuvre de combat, plus que jamais nécessaire.
D'origine hongroise, Edith Bruck est née en 1931. Son oeuvre narrative, autobiographique et poétique, devenue incontournable, est traversée par l'expérience de la Shoah. Accueilli comme un chef d'oeuvre et primé en Italie, LePain perdu est disponible aux Éditions du sous-sol.
Au début de l'été 2020, dans un Liban ruiné par la crise économique, dans un Beyrouth épuisé qui se soulève pour une vraie démocratie, Charif Majdalani entame la rédaction d'un journal. Il entend raconter cette période déroutante, la confronter à son expérience, à ses réflexions et à ses émotions - peut-être aussi espère-t-il ainsi la supporter.
Mais le 4 août, le port de la ville explose. Devenue alors témoignage du cataclysme, cette chronique de l'étouffement dresse le portrait sensible d'une cité stupéfiée par la violence, au coeur de laquelle les habitants chancellent, jouets d'un destin aussi hasardeux que cruel.
Le journal est suivi d'un texte inédit dans lequel l'auteur reprend l'écriture de manière intermittente. Tandis que le pays s'installe dans le désastre, il achève le récit d'un monde qui, ici mais aussi déjà peut-être ailleurs, se meurt, inexorablement.
Quand Ryszard Kapuscinski arrive comme journaliste à Accra, la capitale du Ghana, il ne peut soupçonner que ce voyage sera le début d'une passion qui ne le quittera plus. Pendant des années, ce grand reporter, observateur exceptionnel, sillonne le continent noir, habite les quartiers des Africains, s'expose à des conditions de vie qu'aucun correspondant occidental n'aurait acceptées.
Car Kapuscinski s'intéresse surtout aux gens. Le tumulte de la vie quotidienne le passionne.
À bord de la Jangada, Patrick Deville et son fils remontent le fleuve Amazone sur les traces des grands aventuriers. Du Brésil jusqu'en Équateur, d'un océan à l'autre, ce périple est l'occasion d'un voyage littéraire où se côtoient Jules Vernes, Blaise Cendrars et Montaigne. En traversant l'histoire et le territoire de l'Amazonie, père et fils sont aussi les témoins impuissants du désastre climatique dans un monde qui court à son extinction...
Retraçant les vies passées et présentes des habitants d'un immeuble du Xe arrondissement de Paris, Ruth Zylberman livre un magnifique récit. Là se sont succédé, depuis les années 1850 jusqu'à nos jours, des générations d'habitants. Là, l'ordinaire du quotidien a côtoyé l'extraordinaire du fait divers et des violences de l'Histoire. Ruth Zylberman propose une réflexion bouleversante sur les traces du passé, les lieux où se loge la mémoire, et le lien invisible entre les vivants et les morts. Car cette autobiographie d'un immeuble est aussi une forme d'écriture de soi.
« La Syrie ? Que savons-nous d'elle ? Avouons-le sans faux orgueil : quelques réminiscences historiques sur les croisades, quelques pages célèbres, les beaux noms de Damas, de Palmyre, de l'Euphrate, voilà tout notre bagage pour une grande et féconde contrée placée sous Mandat français. Mais qui discerne l'importance de ce Mandat ? Qui - à part de très rares spécialistes - pourrait tracer la physionomie politique de ce pays ? Qui expliquerait pourquoi l'on s'y bat et qui se bat ? Ce berceau des civilisations, ce lieu de passage prédestiné, dont la richesse et la beauté ont retenu, sans les mêler, tant de peuples, cette terre où poussent avec une force ardente les croyances et les hérésies, déroute et confond.» Le premier reportage de Joseph Kessel, publié en 1926. Des pages d'une surprenante actualité.
Paolo Rumiz n'en est pas à son premier voyage, lui qui a longé les 7 000 kilomètres des frontières de l'Europe, de l'Arctique à la mer Noire, traversé les Balkans, descendu le cours du Pô... Au printemps 2014, il a réalisé le plus étonnant d'entre eux : un voyage immobile. Isolé dans un phare perché sur un rocher au milieu de la Méditerranée, avec pour seuls compagnons les gardiens. Et le sentiment d'être libéré, sans agenda, sans horaires, sans aucune connexion avec le monde, loin de tout mais curieusement peut-être aussi au centre de tout.
Se consacrant à l'exploration de son minuscule environnement, un kilomètre de long sur deux cents mètres de large, il raconte la nature, le cri des oiseaux, le silence des poissons, la lanterne du phare. Il parle tempêtes, orages, vents et nous fait partager le quotidien des gardiens, ceux d'aujourd'hui mais aussi ceux de jadis. Un voyage immobile tout en délicatesse, empathie et érudition.
«C'est l'histoire d'une conversation sans âge, non seulement entre nous, sur ce que nous avons l'intention d'entreprendre ou ce que nous voulons réaliser, mais aussi avec cette terre - notre contemplation et notre admiration devant un orage sur la prairie, devant la crête découpée d'une jeune montagne ou devant l'essor soudain des canards au-dessus d'un lac isolé. Nous nous sommes raconté l'histoire de ce que nous représentons sur cette terre depuis 40 000 ans. Je crois qu'au coeur de cette histoire repose une simple et durable certitude : il est possible de vivre avec sagesse sur la Terre, et d'y vivre bien.» Dans ce classique du nature writing, l'aventure et le goût de l'extrême se mêlent à l'approche intime, méditative et sensorielle de la beauté glacée du grand Nord.
Invité à passer une nuit dans le musée Picasso, alors qu'y était présentée l'exposition «Picasso 1932, année érotique», Kamel Daoud en a tiré un récit dans lequel il confronte les représentations que peuvent avoir du corps, du désir, de la nudité, de l'amour, du plaisir ou de la liberté, un artiste et un djihadiste. L'art peut-il guérir un homme de la violence, lui redonner le désir du monde ?
De Manosque à Florence, en passant par Milan, Venise, Padoue, Bologne, voici l'Italie de Jean Giono, romancier du bonheur. Le lecteur le suivra dans ses découvertes, avec un plaisir extrême. À chaque pas, le paysage et les êtres apportent leur leçon. Giono sait traduire le message d'une allée de cyprès sur une colline, du froncement de sourcils d'un Milanais, du battement de cils d'une Vénitienne. Il est délicieux de voyager avec un tel guide.
Cédric Gras, est un écrivain géographe. Ou plutôt un écrivain de la géographie, un arpenteur, l'un de ceux qui n'hésitent pas à tracer un trait entre Yakoutsk et Vladivostok. Parti de l'idée de voir l'automne se fixer par trois fois dans ces régions septentrionales, l'auteur nous livre le récit de son étonnante pérégrination du 1er septembre au 25 octobre, s'étendant de 62 à 43 degrés de latitude, et parcourue à pied, en autostop, en remorqueur et en Antonov 28. L'occasion d'évoquer des lieux mythiques et de raconter la Russie pacifique contemporaine.
Un récit de voyage captivant, à mille lieues des clichés russes que peuvent avoir les Occidentaux.