Monument de la poésie universelle, oeuvre fondatrice du lyrisme amoureux qui inspira si intensément les poètes français de la Pléiade et au-delà influença toute la littérature européenne de la psychologie amoureuse, le Canzoniere de Pétrarque (1304-1374), demandait assurément pour que le lecteur moderne accède à sa beauté formelle et à son chant profond la nouvelle et magnifique traduction en vers de René de Ceccatty, aussi érudite qu'alerte et fluide. Écrit tout au long de sa vie, sans cesse augmenté, composé et recomposé par le poète italien, le Canzoniere qui rassemble 366 poèmes, sonnets, chansons, madrigaux, ballades et sextines, s'il fait entendre la passion sublime et désespérée du poète pour Laure de Noves, son amour impossible, est aussi une longue méditation sur les contradictions en l'homme entre la pulsion du désir et la raison, la sensualité et l'idéalisation, la précarité du corps et l'éternité du sentiment. La mort de Laure, intervenant comme une césure au mitan de l'oeuvre, ouvre par ailleurs une réflexion sur la mort et l'absence, alliée au sentiment de solitude, à la conscience de la fragilité du destin humain et donc de la vanité de la gloire et peut-être même de l'écriture.
On saura gré à René de Ceccatty de nous avoir rendu proches ces préoccupations en sauvant par sa traduction franche et rythmée la poésie de Pétrarque du maniérisme dont on l'a souvent affublée.
Les Sonnets de la prison de Moabit d'Albrecht Haushofer occupent une place particulière dans la poésie allemande du XXe siècle. Né en 1903, professeur d'université, géographe réputé, spécialiste de géopolitique, Haushofer, sans jamais adhérer au Parti nazi, avait occupé des fonctions officielles sous le IIIe Reich. Impliqué, comme bon nombre de ses amis, dans l'attentat manqué contre Hitler du 20 juillet 1944, il fut arrêté et incarcéré à la prison de Moabit, prison berlinoise tenue par les SS. C'est là qu'il composa les quatre-vingts sonnets qu'on retrouva sur lui après sa mort : il fut exécuté avec quatorze autres prisonniers dans la nuit du 22 au 23 avril 1945.
Publiés en 1946, ces Sonnets connurent aussitôt un grand écho et furent traduits dans de nombreuses langues. Une première traduction française parut en 1954, mais elle était faite d'après un texte encore fautif et, de plus, incomplet. Ce n'est qu'en 1976 qu'une édition fiable a vu le jour en Allemagne, où ce recueil fait aujourd'hui figure de classique. C'est cette édition qui sert de base à la présente traduction.
Les Sonnets de la prison de Moabit ne sont pas l'oeuvre d'un résistant de la première heure, mais d'un homme qui fait son examen de conscience et s'accuse de ne pas s'être opposé plus tôt à un régime qu'il désapprouvait depuis longtemps, mais en silence. Haushofer n'est tendre ni pour lui-même, ni pour son père, plus gravement compromis que lui. Ces sonnets sont le testament d'un homme qui sait qu'il ne sortira pas vivant de sa cellule : il y passe en revue les épisodes de sa vie, se remémore ses voyages, ses amitiés, ses amours, cherche à prendre exemple sur d'illustres persécutés (de Boèce à Thomas More), se rappelle les grandes oeuvres qui lui semblent avoir préfiguré son destin, comme ce tableau de Van Gogh, vu à Moscou, que nous avons choisi pour illustrer la jaquette. Pour finir, Haushofer se fraye un chemin vers la sérénité en s'inspirant surtout des sagesses orientales, dont il était familier.
Ce sont les circonstances qui ont fait éclore en Haushofer le poète. Ces quatre-vingts sonnets suffisent pour lui assurer une place parmi les voix inoubliables du XXe siècle.
Neige sur google mapsRhodopes traversées 4 jours, brouillard gras à midiavant, ici, les Montagnes étaient filles de la Terreça ne se voit pasla mythologie n'est qu'une affaire de majusculespluie, me repliant va-vite dans le local d'une station-serviceà la source de la villek-way fluo, gouttes, pièces pour machine, carrelage Tetris,verres en plastique blancje m'allonge sur le sac et je regarde le néontrouver une grotte et y dormir et coller fatigué front au solun sanctuaire que j'aurai découvert dans la forêt, froid,plutôt que dans le guide vertje trouverai peut-être un coin où pieuter dans Homère ou Ovide
David Herbert Lawrence (1885-1930). Touffue, nombreuse, souvent éclatante, son oeuvre lyrique demeure voilée par lesgrands romans. Mais on y retrouve les thèmes de L'Amant deLady Chatterley ou ceux du Serpent à plumes. Les poésiesde Lawrence chantent le panthéisme d'une vie d'erranceet d'incertitudes, une soif du sacré capable d'accueillirles figures de l'Évangile et les dieux précolombiens, unetentative de sacralisation de la sexualité dont on n'a pasoublié combien elle fit scandale en son temps.
Choix de poèmes traduits de l'anglais par Lorand Gaspar et Sarah Clair. Postface de Claude Michel Cluny.