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LISE CAILLAT
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Depuis que les émotions ont été abolies, le petit pays de DF ne s'est jamais aussi bien porté. Du Centre pour l'enfance où sont élevés les nourrissons à la zone pavillonnaire où se voient assignés les adultes, les habitants de DF sont des êtres résolument raisonnables. C'est simple, tout ce qui est susceptible d'émouvoir est interdit : à quoi bon le rouge et le jaune, quand existent le gris 422 et le noir 727 ; finie la notion poussiéreuse de famille, ici le couple est un partenariat à visée reproductive en CDD ; et qui a besoin de musique et de peinture lorsqu'il y a la salle de sport où exsuder ses humeurs ?
Aussi lorsque Fausto est surpris en flagrant délit d'émotivité, il n'y a pas de temps à perdre : direction l'hôpital. Mais comment ne plus ressentir quand la doctoresse Anna Cordio est si jolie et que son voisin de chambre cache des livres sous son matelas ? Les habitants de DF sont des êtres résolument raisonnables... jusqu'à l'étincelle.
Giulio Cavalli poursuit son exploration du roman d'anticipation comme arme politique et littéraire. Une grande oeuvre, désespérément drôle, joyeusement tragique.
Né à Milan en 1977, écrivain, journaliste et dramaturge, Giulio Cavalli vit depuis 2007 sous protection policière pour son engagement dans la lutte antimafia. Après À l'autre bout de la mer (Observatoire, 2021), L'Ultime Testament est son deuxième roman publié en France. -
Premier roman très remarqué en Italie, dans la lignée de Silvia Avallone, ce récit initiatique est illuminé par la présence de Rosario, 15 ans, et par la ville de Palerme, aussi dévastée qu'hypnotique. Dans cet âge entre deux vies, le jeune homme découvre l'amour, le football, son don pour la poésie, et les mensonges de son père. Un texte à la beauté sauvage, qui décrit un inoubliable lien mère-fils.
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- Je crois que j'aimerais être copiste.
- Cela consiste à copier des choses, non ?
- Probablement.
- Mais pas des actes notariés ou des chiffres, je vous prie.
- J'essaierai d'éviter.
- Essayez de voir si vous ne pouvez pas par exemple copier les gens.
- Oui.
- Tels qu'ils sont.
- Oui.
- Vous y arriverez très bien.
Qu'est-ce qu'un artiste ? Alessandro Baricco nous invite à suivre le parcours de Mr Gwyn, entre badinage et aventures cocasses. Un roman intrigant et brillant.
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Un roman d'amour et de violence dans un Naples électrique.
Surnommé Marocco par ses amis du fait de son teint mat et de ses cheveux bouclés, Marco Pane, a quinze ans. Il ne brille pas à l'école mais est très doué au football. Il vit avec son père dans un quartier difficile de Naples, sa mère ayant abandonné le foyer quelques années auparavant.
Son quotidien se partage entre les entraînements de foot, les joints fumés sur les toits de la ville avec ses copains et les petits trafics visant à financer l'achat d'un scooter, dont l'acquisition est indispensable d'après ses camarades pour séduire une fille. Un jour, Marco en rencontre une. C'est un amour pur, enivrant, nécessaire, qui lui fait découvrir un autre Naples moins oppressant et plus lumineux. Mais quelque chose gronde au loin, et le rattrape.
Alessio Forgione nous raconte le petit monde d'une poignée d'adolescents qui avancent seuls entre rêves glorieux et déceptions brutales, petits crimes et grande violence, sur le fil entre l'enfance et l'âge adulte. -
Après le succès de la publication en grand format, édition de poche de ce premier roman percutant qui nous plonge au coeur de la Sacra Corona Unità, organisation mafieuse des Pouilles, dans les pas de son chef, Domenico Trevi (dit Mimi), fou de douleur après le suicide de son fils de 15 ans. Un texte puissant qui interroge le recours et le rapport à la violence ainsi que la part animale qui sommeille en chacun de nous.
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Deux personnages se rencontrent à trois reprises dans un hôtel, jusqu'à ce que l'aube se lève et avec elle, la promesse d'un nouveau départ. Il est donc question d'un homme (Malcom) qui se confie à une femme plus âgée que lui, d'un portier qui aide une jeune femme à s'affranchir d'un passé violent, et d'un orphelin (Malcom) qu'une inspectrice de police cherche à protéger.
Habilement enchevêtrées, ces trois histoires donnent à voir l'incroyable étendue des talents d'Alessandro Baricco. D'autant plus que le titre n'est pas sans rappeler celui d'un livre mentionné dans le dernier roman de Baricco. Mr. Gwyn.
Un texte subtil doublé d'une brillante réflexion sur la littérature.
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C'est un soir de réveillon de Noël. Autour de la table, sept femmes attendent un homme. Ce sont toutes les femmes de la vie de Vittorio, un écrivain à la carrière déclinante. Sont présentes sa mère et sa soeur, mais aussi sa femme, son ex-femme et son amante, sa fille adulte et la benjamine, adolescente. Mais celui-ci ne se montre pas. Tandis que toutes s'impatientent, Lucrezia, la mère de Vittorio, reçoit un mystérieux message de son fils:quelques mots, évoquant une année sabbatique, rendent son absence d'autant plus perturbante. La disparition est annoncée, néanmoins une enquête est ouverte. Les mois passent sans que l'homme ne se manifeste. Entre-temps, un nouvel équilibre est venu régir les relations entre ces femmes:les sentiments d'hostilité qui gouvernaient leurs rapports laissent place à une complicité inattendue. Car si Vittorio était leur dénominateur commun, il était aussi la raison de leur rivalité.Dans ce roman choral, ancré dans un milieu bourgeois milanais, chaque chapitre donne la parole à l'une des protagonistes. Caterina Bonvicini joue avec les codes du roman policier dans une comédie mordante qui souligne la pression exercée par le regard des autres et les carcans imposés par la société.
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Les coeurs bombes
Dario Levantino
- Rivages
- Litterature Etrangere Rivages
- 7 Février 2024
- 9782743659158
«J'ai seize ans, une maman malade et toute une vie devant moi.» Ainsi commence «Les Coeurs bombes», où l'on retrouve avec tendresse le jeune Rosario, Oliver Twist palermitain en quête de justice et d'absolu découvert dans «De rien ni de personne». Le style franc, poétique et poignant de Dario Levantino fait merveille dans ce mélo contemporain au souffle lyrique parfaitement en phase avec les élans de l'adolescence. Un roman incisif et vibrant sur la force des attachements profonds, sur le passage à l'âge adulte dans un univers de défis, transcendé par l'amour, le pouvoir des livres et l'ivresse du sport.
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Après quelques années à travailler sur des bateaux de croisière, Amoresano retrouve son port d'attache. À 30 ans, ce jeune homme cultivé, diplômé, a perdu le goût de tout - de tout, sauf de déambuler dans sa ville. Naples crépusculaire, aux ruelles en dédale... Naples en feu les soirs de match... Sur ces piazzas décaties, une bière à la main, le jeune homme savoure en fumant la vacuité de l'existence... Du petit pécule amassé les jours fastes, il ne reste rien. De ses espoirs, pas grand-chose non plus. C'est alors qu'il croise cette fille, Nina, au gré de sa dérive. Et la mélancolie, d'un coup, vaut la peine d'être vécue...
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Giovanni Ventimiglia est pêcheur. Il vend son poisson au marché de DF, une petite ville italienne accrochée à la côte comme beaucoup d'autres, avec un curé qui sermonne et qui va au bordel, une chaîne d'actualité locale qui enflamme le coeur des ménagères avec son présentateur grisonnant et son afflux de touristes estival. Mais un matin de mars, en accostant au port, Giovanni découvre un cadavre, celui d'un jeune homme venu d'ailleurs.
Après lui, les découvertes se succèdent sans que les autorités locales ne parviennent à trouver un fil conducteur, une raison logique à ces vagues mortifères. Désemparée, la petite ville appelle à l'aide, et finira par mettre au point une bien étrange stratégie pour venir à bout de ces vagues macabres... mais s'en relèvera-t-elle indemne ?
Giulio Cavalli réinvente le genre de la dystopie dans ce roman aussi noir que fascinant, véritable miroir tendu vers l'humanité et ce qu'elle a de plus dérangeant.
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Valerio et Olivia grandissent ensemble dans la magnifique villa de la famille Morganti, à Bologne : Olivia est l'héritière des Morganti, de riches entrepreneurs du bâtiment, et Valerio est le fils du jardinier. Après avoir partagé une enfance de rêve, ils ne cessent de se séparer, de se retrouver, puis de se perdre de nouveau. Valerio suit d'abord sa mère à Rome quand celle-ci quitte son père. Plus tard, alors qu'ils sont étudiants, c'est Olivia qui part à Paris pour échapper aux disputes de son clan. Chacun d'eux est animé de forces centrifuges qui les empêchent de poursuivre leur relation, aussi sincère que burlesque. Valerio est ambitieux et poursuit le rêve de devenir magistrat, Olivia, elle, tente désespérément de trouver son chemin. Autour d'eux, c'est toute l'Italie berlusconienne qui tangue comme un bateau ivre et avance inexorablement vers un naufrage tragicomique.
Le pays que j'aime parcourt l'histoire italienne récente, de 1975 à 2013, à travers le destin d'un couple, d'une famille et de toute une société. Les répliques fusent dans cette cruelle comédie à l'italienne, menée tambour battant grâce au talent de Caterina Bonvicini.
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Été 1963, dans un village des Pouilles. Primo, Mimmo et Damiano, trois garçons de douze ans, passent le temps comme ils le peuvent dans les ruelles écrasées de soleil de leur quartier. La vie n'est pas simple pour ces amis inséparables dans une Italie pauvre et conservatrice où les pères dictent leurs lois. Et lorsqu'ils quittent leur foyer, c'est pour se trouver confrontés à une bande d'ados qui s'amuse à les tourmenter et à les humilier... Seulement, cet été-là, les trois garçons décident de ne plus se laisser faire. Ni par ces imbéciles d'ados ni par personne d'autre. Ils font un pacte, un pacte de sang, mais ils ignorent alors qu'un terrible engrenage vient de s'enclencher, qui précipitera la fin de l'été et de leur enfance.
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Valentina, douze ans, a une grand-mère pieuse et sévère, une mère sublime et insaisissable, et un père absent. Les trois femmes vivent dans une vieille maison de campagne, percée de rares fenêtres, surnommée « la maison aveugle » dans la région. C'est l'été 1996 et un événement vient troubler les longues journées de vacances : le corps de Valentina change et tout autour d'elle semble vouloir crier le secret qu'elle a choisi de garder. Sa mère et sa grand-mère deviennent de plus en plus distantes tandis que la maison elle-même semble s'animer d'étranges présages. Alors que grenouilles, moustiques et sauterelles envahissent les champs alentour, Valentina explore le terrain dangereux de l'adolescence, découvrant les amitiés fusionnelles et leurs points de rupture, la sensualité curieuse ainsi que l'énergie féminine et mystique de la nature...
Un premier roman qui mêle avec brio réalisme social et réalisme magique dans un tourbillon qui sème perpétuellement le doute. -
Pietro, professeur de littérature révéré par ses élèves, vit avec Teresa un amour aussi orageux que passionné. Après une dispute particulièrement violente, les deux amants décident d'échanger un secret qui leur assurera de rester intimement liés. Peu après ces aveux, le couple se sépare. Pietro trouve le bonheur dans son mariage avec Nadia et le succès du premier livre qu'il publie. Mais, alors que tout lui sourit, le secret confié à Teresa et ses possibles conséquences continuent de le hanter...
Avec ce roman écrit dans une langue alerte, parfois cruelle, Domenico Starnone nous offre une analyse subtile des relations humaines et une histoire d'amour féroce.
Traduit de l'italien par Lise Caillat.
« Ce roman découpe au scalpel le coeur de ses personnages. » Los Angeles Times -
Une cabane dans les arbres, une maison ancienne au coeur des montagnes, une piscine... Une petite fille qui se baigne, un père qui disparaît, un autre qui trouve la paix dans le silence humide d'une cave, un couple qui se déchire ou se retrouve. Et puis, dans la poussière ou dans la grâce des instants volés du quotidien, surgissent des sentiments, des rêves, un désir inconnu, une découverte, qui illuminent, blessent, font grandir.
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Employée dans une banque d'affaires à Londres, Giulia se remémore l'histoire d'amour qui l'a liée dix ans plus tôt à un homme marié plus âgé qu'elle. Premier roman traduit en français d'une jeune auteure extraordinairement prometteuse, Loyauté livre un récit éminemment contemporain sur le pouvoir et le désir en explorant avec finesse la mécanique des sentiments dans une relation asymétrique et douloureuse, et l'âpreté d'un monde dirigé par l'argent.
Le désir ne s'apprivoise pas. Le désir est imprévisible. Il surgit, explose, s'essouffle ou se renforce en suivant une progression chaotique - à l'image des cours des marchés financiers.
Giulia, trente-deux ans, est employée à Londres dans une banque d'affaires où elle jouit d'une situation avantageuse, mais où le bonheur est une denrée rare : beaucoup d'argent, très peu de temps libre, des relations qui visent avant tout à se forger une réputation. Un écosystème que le reste de la société regarde avec défiance. Celui dans lequel naviguait Michele, un homme marié de vingt ans son aîné pour lequel elle a eu une passion qui a tourné à l'obsession alors qu'elle était étudiante à Milan, avant qu'il ne démissionne du jour au lendemain, sans explication. Alors que remontent les souvenirs d'une histoire qu'elle croyait enterrée, Giulia explore les fractures douloureuses de l'amour - cette fragilité qui réside en chacun de nous.
Dans la lignée de Houellebecq et de Kundera, Letizia Pezzali livre un roman éminemment contemporain et plein d'esprit, d'une sensibilité et d'une maîtrise remarquables, sur le pouvoir et la nature du désir.
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Thomas G. Edwards, «light designer» talentueux et estimé, s'ennuie poliment auprès d'une compagne qui ne parvient pas à lui faire oublier son amour de jeunesse. Son quotidien ronronnant est troublé lorsqu'il hérite de son oncle fantasque un hôtel délabré sur une petite île du sud de l'Italie.Ne sachant trop que faire de ce patrimoine insolite, Thomas se rend sur place afin de le mettre en vente. À son arrivée, il découvre que l'Hotel Zelda est investi par une clientèle extravagante bien décidée à occuper les lieux.Texte onirique où se devine l'influence de Fitzgerald et de Garcia Marquez, Lux est une ode à la mélancolie douce et au pouvoir de l'imagination.