En 2018, Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais, découvre à Paris un livre mythique, paru en 1938 : Le labyrinthe de l'inhumain. On a perdu la trace de son auteur, qualifié en son temps de « Rimbaud nègre », depuis le scandale que déclencha la parution de son texte. Diégane s'engage alors, fasciné, sur la piste du mystérieux T.C. Elimane, se confrontant aux grandes tragédies que sont le colonialisme ou la Shoah. Du Sénégal à la France en passant par l'Argentine, quelle vérité l'attend au centre de ce labyrinthe ?
Sans jamais perdre le fil de cette quête qui l'accapare, Diégane, à Paris, fréquente un groupe de jeunes auteurs africains : tous s'observent, discutent, boivent, font beaucoup l'amour, et s'interrogent sur la nécessité de la création à partir de l'exil. Il va surtout s'attacher à deux femmes : la sulfureuse Siga, détentrice de secrets, et la fugace photojournaliste Aïda...
D'une perpétuelle inventivité, La plus secrète mémoire des hommes est un roman étourdissant, dominé par l'exigence du choix entre l'écriture et la vie, ou encore par le désir de dépasser la question du face-à-face entre Afrique et Occident. Il est surtout un chant d'amour à la littérature et à son pouvoir intemporel.
Lorsque Eleanor, jeune artiste à succès, achète une maison dans la campagne du New Hampshire, elle cherche à oublier un passé difficile. Sa rencontre avec le séduisant Cam lui ouvre un nouvel univers, animé par la venue de trois enfants : la secrète Alison, l'optimiste Ursula, et le doux Toby.
Comblée, Eleanor vit l'accomplissement d'un rêve. Très tôt laissée à elle-même par des parents indifférents, elle semble prête à tous les sacrifices pour ses enfants. Cette vie au coeur de la nature, tissée de fantaisie et d'imagination, lui offre un bonheur inespéré. Et si entre Cam et Eleanor la passion n'est plus aussi vibrante, ils possèdent quelque chose de plus important : leur famille. Jusqu'au jour où survient un terrible accident...
Dans ce roman bouleversant, Joyce Maynard emporte le lecteur des années 1970 à nos jours, liant les évolutions de ses personnages à celles de la société américaine - libération sexuelle, avortement, émancipation des femmes jusqu'à l'émergence du mouvement MeToo... Chaque saison apporte son lot de doute ou de colère, mais aussi de pardon et de découverte de soi.
Joyce Maynard explore avec acuité ce lieu d'apprentissage sans pareil qu'est une famille, et interroge : jusqu'où une femme peut elle aller par amour des siens ? Eleanor y répond par son élan de vie. En dépit de ses maladresses, son inlassable recherche du bonheur en fait une héroïne inoubliable, dans sa vérité et sa générosité.
Un soir d'avril 1991, à la faible lueur de leurs briquets, deux soeurs, Julie et Robin Kerry, font découvrir à leur cousin Tom Cummins les poèmes et graffitis inscrits sur l'Old Chain of Rocks, le pont qui enjambe le Mississippi à la sortie de St. Louis. Au même moment, quatre jeunes de la région trompent leur ennui en arpentant ce vieux pont, depuis l'autre rive. Lorsque leur route croise celle du petit groupe, on assiste brusquement à un terrible déchaînement de violence. Tom, qui réussit à en réchapper, ne peut pas imaginer que pour lui, sa soeur Jeanine et toute la famille Cummins, une interminable épreuve commence.
Dans ce récit haletant, Jeanine Cummins raconte et analyse les effets dévastateurs d'un crime sur les victimes et leurs proches. Des méthodes policières douteuses aux débordements de journalistes fascinés par le meurtre, de la difficile impartialité de la justice à l'épineux débat sur la peine de mort, ce livre bouleversant explore les ombres de la société américaine. Le lecteur suit le combat de Tom et de sa famille au fil des années, et leur émouvante reconstruction, dont le pilier reste la fidélité à leurs disparues.
Octobre 2010. John Earle McLaren - « Whitey » - a soixante-sept ans. Homme blanc et puissant, père d'une famille de cinq enfants, il est connu comme l'ancien maire respecté de la petite ville de Hammond, dans l'État de New York. Alors quand il aperçoit un matin sur le bord de la chaussée un individu à la peau foncée brutalisé par des officiers de police, il fait de son intervention un devoir moral. Il tente de ramener les policiers à la raison, mais des coups de Taser l'envoient au sol, de violentes impulsions électriques auxquelles il ne survivra pas. Selon la version officielle, Whitey est décédé dans un accident de la route, des suites d'une crise cardiaque.
Que peut-il rester à une famille quand son seul point de ralliement était ce père aujourd'hui subitement enterré ? Il y a d'abord Jessalyn, qui a toujours vécu dans l'ombre de son mari. Désormais veuve, cette femme douce, éteinte, ne semble pas trouver en elle-même la force nécessaire pour tenir ensemble le foyer. Il lui faudra se relever et se reconstruire en tant que femme avant que de redevenir mère. Viennent ensuite les cinq enfants, Thom, Beverly, Lorene, Sophia et Virgil, aussi différents les uns des autres que peuvent l'être les membres d'une même fratrie. Des adultes englués dans leur quotidien, préoccupés par leur vie de couple, pris dans leurs ambitions et leurs regrets, leurs secrets et leurs fautes.
Oates a écrit un roman magistral sur la dislocation d'une famille. L'une des grandes réussites de ce texte réside dans le portrait des enfants, affrontant chacun à leur façon le deuil de leur père, figure tutélaire, mais aussi dans la force et la résilience dont ils font preuve, notamment lors de la découverte de la falsification de l'acte de décès.
Et puis il y a surtout l'étonnante figure de Jessalyn, la veuve anéantie à qui tout le monde prédit un avenir sombre, d'une tristesse insurmontable, et qui surprendra toute sa famille dans une évolution aussi spectaculaire qu'imprévisible...
Au-delà d'être un roman bouleversant de vérité sur le trauma psychologique d'une famille, La nuit. Le sommeil. La mort. Les étoiles aborde aussi le racisme des forces de police aux États-Unis et la lutte des classes. Joyce Carol Oates ose ainsi faire le portrait complexe d'une nation en pleine crise identitaire, et place le lecteur face aux contradictions de la société américaine.
Dans ce recueil de quatre longs récits à suspense, Joyce Carol Oates se joue de secrets familiaux tous plus glaçants lesuns que les autres. Ainsi en va-t-il de Clare, adoptée à l'âge de deux ans, qui reçoit en héritage de parents inconnus une étrange propriété à Cardiff, dans le Maine. Malgré l'accueil chaleureux que lui réservent ses tantes excentriques, ce legs empoisonné contraint la jeune femme à exhumer le douloureux passé enfoui dans sa mémoire. Ainsi en va-t-il aussi de Mia, enfant solitaire qui apprivoise une chatte sauvage et qui, plutôt que d'en faire son animal de compagnie, trouvera en elle sa plus fervente protectrice face aux hommes violents de son entourage, jusqu'au point de non-retour. Ou d'Alyce, brillante étudiante qui, se découvrant enceinte de son chargé de travaux dirigés, laisse un éminent professeur passionné de Lewis Carroll la prendre sous son aile. Et enfin Elisabeth, nouvellement mariée, bien résolue à protéger le fils de son époux miraculeusement épargné au moment du suicide de sa mère, célèbre poétesse qui a également tué sa fille cadette. Hantée par la voix de celle qui l'a précédée dans la vieille demeure de Cape Cod, Elisabeth résistera-t-elle à sa fascination pour le garage interdit où mère et fille ont perdu la vie ?
En instillant dans chacun de ces récits un oppressant et délicieux sentiment de malaise, Joyce Carol Oates brouille avec brio les frontières entre rêve et réalité, semant le doute dans l'esprit du lecteur terrifié.
Aurélien est directeur du département des Peintures du Louvre. Cet intellectuel nostalgique voit dans le musée un refuge où se protéger du bruit du monde. Mais la nouvelle présidente, Daphné - une femme énergique d'un pragmatisme désinhibé -, et d'implacables arguments marketing lui imposent une mission aussi périlleuse que redoutée : la restauration de La Joconde.
À contrecoeur, Aurélien part à la recherche d'un restaurateur assez audacieux pour supporter la pression et s'attaquer à l'ultime chef-d'oeuvre. Sa quête le mène en Toscane, où il trouve Gaetano, personnalité intense et libre. Face à Monna Lisa, l'Italien va confronter son propre génie à celui de Vinci, tandis que l'humanité retient son souffle...
Ce roman au style vif porte un regard acéré sur la boulimie visuelle qui caractérise notre époque, sur notre rapport à l'art et notre relation au changement. Paul Saint Bris met en scène une galerie de personnages passionnants en action dans le plus beau musée du monde. Jusqu'au dénouement inattendu, il démontre, avec humour et brio, que l'allègement des vernis peut tout autant bénéficier aux oeuvres qu'aux êtres qui leur sont proches.
Un roman original sur un amour infini entre deux êtres, vivant de siècle en siècle, mais aussi sur le pouvoir de la littérature Se peut-il que l'amour s'achève avec la mort ? Persuadés qu'il est au contraire infini, les deux amants Chloé et Corvus font le serment, au Ier siècle, de se retrouver dans la succession d'existences que tout individu, veulent-ils croire, est amené à vivre. Mais sauront-ils se reconnaître sous des apparences différentes, tandis que le hasard les réunit du Moyen Âge jusqu'au XXe siècle, dans la bibliothèque d'un couvent dominicain ; au coeur du quartier juif d'Amsterdam ; parmi les forêts des environs de Nijni-Novgorod ; sur la lande du Wessex ; ou encore à proximité du front au cours de la Première Guerre mondiale ?
Ce voyage à travers les siècles, qui emporte le lecteur, est aussi un puissant hommage à l'amour tantôt charnel, tantôt spirituel, ou encore fraternel, que connaissent les deux personnages principaux de rencontre en rencontre. Tout en abordant sur le mode romanesque le thème de la transmigration des âmes, Qui tu aimes jamais ne perdras offre, au fil de ces histoires qui n'en forment qu'une, à la fois des variations stylistiques inattendues et un vibrant éloge de la littérature, du rêve et du pouvoir de l'imagination.
Un hommage poignant à deux grandes figures de la littérature italienne, décédées prématurément, une ode à l'amitié et à la littérature Pia Pera et Rocco Carbone sont deux écrivains disparus prématurément. Pour combler le vide qu'ils ont laissé dans son existence, leur ami Emanuele Trevi entreprend de raconter le solide trio qu'ils formaient. Voici donc que reprennent corps Rocco, éternel insatisfait à la personnalité tortueuse, et Pia, créature " enchanteresse ", passionnée de littérature russe et de jardins. Dans son style limpide, Emanuele relate les débuts de leur amitié dans la Rome des années quatre-vingt. Au fil du temps se dessine le portrait de ces êtres complexes et attachants, fragiles et brillants, emportés dans les tourments et les joies de la création, des succès et des échecs, en lutte avec leurs démons personnels. Ce faisant, le narrateur s'élève du particulier à l'universel et nous offre une ode à l'amitié, une réflexion sur la maturité, le deuil, sur le pouvoir de l'écriture aussi, capable de transformer des êtres aimés en personnages de fiction au point de brouiller les frontières entre l'illusion et la réalité.
Un récit bouleversant sur la vie de Daniela, partie de Roumanie pour travailler à l'étranger, et sa famille, leurs sacrifices et leurs tragédies, mais aussi leurs espoirs et leurs rêves Un matin, Manuel, seize ans, et Angelica, vingt-quatre ans, découvrent que leur mère Daniela est partie en pleine nuit, sans prévenir personne, pas même leur père, un homme désoeuvré, au chômage depuis des mois. Comme de nombreuses femmes de sa génération, elle s'est résolue à quitter la Roumanie post-communiste pour l'Italie, où il serait possible de s'enrichir très rapidement. Elle espère pouvoir ainsi payer des études à ses enfants et leur offrir un avenir.
Mais la réalité est bien différente, et les mois d'absence deviennent des années. Le fossé se creuse entre Daniela et ses enfants qui, malgré la nouvelle et relative aisance matérielle offerte par l'exil de leur mère, se sentent abandonnés. Jusqu'au jour où Daniela est précipitamment rappelée en Roumanie à la suite d'un événement tragique.
Dans ce roman choral, Marco Balzano explore l'univers des travailleuses de l'ombre, capables d'une humanité souvent absente de nos sociétés. Une histoire bouleversante de sacrifices et d'humiliation, mais aussi de rêves et d'espoirs.
Kigali, 2018. Depuis sa rupture avec Vincent, Erika vit sur un fil, et écrit à sa soeur pour « exorciser de son corps » un amour-dévastation qui l'habite toujours. Elle raconte son histoire, mais également celle des êtres fragiles auxquels elle est attachée, qui eux aussi tentent de vivre. Avec James, son frère second hand, Manzi, le séduisant karatéka, Maman Colonel, Tonton Damas, les coeurs débordants comme la mousse des bières décapsulées au bar L'Église, ils reconstruisent une nouvelle famille qui illumine ce roman.
Du Rwanda, pays aux mille collines florissantes, où après le génocide des Tutsis chacun a été forcé de tourner la page, Dominique Celis montre que derrière la rhétorique officielle d'unité nationale chacun a « incarcéré ses peines à perpète ». Des blessures sans cesse ravivées lorsqu'on peut croiser les bourreaux d'hier au détour d'une station-service ou sur la rive calme du lac Kivu...
Dans ce saisissant premier roman, Erika fait le récit d'un amour qui tente de résister à la fatalité tragique héritée du passé. Même lorsque Vincent se sépare d'elle, leur passion charnelle ne faiblit pas, et c'est une femme vibrante de regrets, encore taraudée par le désir, qui rédige ces lettres splendides, puisque sur sa peau « rien ne veut s'effacer ».
À Old Ox, en Géorgie, sonnent les dernières heures de la guerre de Sécession : l'émancipation des esclaves est proclamée. À quelques kilomètres de leur ancienne plantation, Prentiss et son frère Landry savourent amèrement leur liberté dans un monde qui ne leur offre aucun travail. Tandis qu'ils s'apprêtent à passer la nuit dans la forêt, ils sont découverts par le propriétaire du domaine, George Walker, hanté par la récente annonce de la mort au combat de son fils Caleb.
Quand George, perdu, accepte d'être guidé par les deux jeunes hommes vers sa maison, il voit en eux un moyen d'apaiser son chagrin et leur propose, contre rémunération, de les aider, lui et sa femme Isabelle, à cultiver leurs terres. Des liens inattendus de confiance se tissent entre ces êtres tourmentés, jetés dans une société qui leur reste inhospitalière, et trouvant refuge dans la quiétude d'une nature luxuriante. Jusqu'au jour où Caleb revient frapper à la porte de ses parents...
En portant un regard moderne sur une période sombre de l'histoire, Nathan Harris signe un roman impressionnant de maturité et de maîtrise. Ses héros, premières victimes de la longue et persistante ségrégation américaine, parviendront-ils à garder espoir, à survivre face au déferlement de bruit et de fureur ?
14 mai 1940. La ville de Rotterdam est dévastée par le bombardement le plus violent que les Pays-Bas aient jamais connu. Les rues animées et joyeuses que Katja chérissait depuis son enfance ne sont plus que gravats fumants arpentés par les nazis. Miraculeusement rescapée, la jeune femme doit se rendre à l'évidence : quelque part sous les décombres gît sans doute la moitié de sa famille et de ses amis.
Avec le soutien de son mari Daniel, elle accueille ses frères et soeurs survivants, mais la connivence de ses beaux-parents envers les exactions nazies, le deuil de ses proches impossible à faire, les rations alimentaires de plus en plus rares et la mise au ban progressive et fatale de la population juive de la ville mettent en danger son avenir...
Simone van der Vlugt raconte une femme précipitée dans un rôle de mère qu'elle n'était pas prête à assumer, et dont le formidable courage n'a d'égal que l'amour porté à sa famille. Avec une grande puissance d'évocation, elle interroge : comment rester fidèle à ses valeurs humanistes et protéger ceux qu'on aime quand le monde autour de soi est devenu cendres ?
Cela fait dix ans que Denis Carbone a été relégué au commissariat de quartier le plus tranquille de la banlieue de Naples, à Pausilippe, pour abus de pouvoir, chantage et matchs truqués. Dans cette zone résidentielle des plus huppée, il ne se passe jamais rien, si ce n'est des chiens enlevés ou des vols de petit étalage. Jusqu'au jour où Ester Fornario, riche et séduisante héritière de quarante-deux ans, est retrouvée sans vie au pied de sa somptueuse villa où, divorcée depuis cinq ans, elle vivait seule assistée de plusieurs domestiques et recevait des amants. Est-elle malencontreusement tombée ou l'a-t-on poussée ?
Denis se retrouve en charge de l'enquête. Et pour cet inspecteur audacieux, sans scrupule, c'est là l'occasion parfaite pour sortir de son quotidien morose fait de bouteilles de Macallan et de soirées en planque à espionner son ex-petite amie. Hanté par son passé de flic glorieux et puissant, Carbone se retrouve malgré lui à devoir collaborer avec le lieutenant Tagliamonte, chef de la brigade mobile et à l'origine de son transfert dans l'ennui de Pausilippe...
Angelo Petrella fait de Fragile est la nuit le premier livre d'une série de quatre enquêtes de Denis Carbone, personnage complexe, cynique et tourmenté, enfermé dans un quotidien triste et mélancolique. Un thriller intelligemment mené et réussi qui s'interroge sur la notion d'identité, de construction par le regard de l'autre et des faux-semblants qui régissent la société. Ici, les frontières entre le bien et le mal se chevauchent sans cesse. N'ayant plus rien à perdre, Carbone fait tout pour mener son enquête à bon terme.
Depuis soixante-dix ans que Dominique Fernandez parcourt Naples, la ville rayonne d'une splendeur intacte. Instable, volcanique, exaspérante et pourtant follement attachante, que serait la cité sans ses discordances ? De ses déveines, elle tire un sang plus riche que celui que dispensent la prospérité et le bien-être.
Dans ce texte passionné, Dominique Fernandez nous plonge au coeur du quotidien des Napolitains, qui semblent ne vivre pleinement que dans l'agitation extérieure, au milieu des ruelles inextricables. L'auteur peint le portrait fascinant des scugnizzi, ces garçons des rues qui résument sans doute à eux seuls l'âme des quartiers et qui ont inspiré tant d'écrivains et d'artistes ; il nous emmène découvrir les innombrables églises, palais, musées et trésors archéologiques, comme Paestum ou Oplonto. Et tandis que rien n'échappe à son oeil curieux, il partage volontiers ses secrets d'initié en livrant les trésors abrités derrière les pierres, éparpillés dans la ville par Gemito, Caravage ou encore Luca Giordano. Et n'oublie rien des Champs Phlégréens ou des îles comme Capri.
Dans cet ouvrage très personnel, écrit en hommage aux poètes chinois de l'époque Tang (618-907) - parmi lesquels Li Bai, Du Fu, Wang Wei, Bai Juyi... -, J.M.G. Le Clézio fait revivre ces figures d'une époque troublée, qui aimaient le vin, les femmes, les errances, la nature, le passage des saisons, qui partageaient les souffrances du peuple face à la pauvreté ou à la violence des guerres... Poètes pour lesquels l'homme ne doit pas dominer mais plutôt échanger avec les autres règnes, les animaux, les plantes, l'eau, la terre, les pierres, les nuages, la brume, les astres...
Incursion dans une civilisation qui a ouvert la Chine à la modernité, ce livre singulier et passionnant nous conduit dans la création et l'intimité de ces femmes et de ces hommes qui nous touchent encore aujourd'hui par leur art de vivre, leur élégance et leur intransigeante vérité.
Giorgia et Filippo forment depuis trois ans un couple apparemment normal. Filippo a renoncé à une carrière de journaliste pour reprendre le bar de ses parents. Giorgia, qui souffre de troubles psychiques, voit en lui le garant de sa stabilité. Pour affronter leurs difficultés financières, elle abandonne ses études et s'accommode d'un emploi de caissière dans un supermarché. Agrippés l'un à l'autre, ils se racontent jour après jour une version supportable de leur vie, sorte de parenthèse avant la réalisation de leurs rêves. Mais quand réapparaît Mauro, l'ancien professeur de théâtre de Giorgia, la fiction qu'ils ont construite commence à vaciller, car avec ce talentueux metteur en scène ressurgit un passé que la jeune femme s'est efforcée de dissimuler. Cependant, elle accepte le rôle qu'il lui propose dans sa nouvelle pièce malgré les dangers qu'un tel engagement comporte pour elle.
Mauro et Filippo font alliance pour la soutenir. Tour à tour complices et rivaux, ils ont l'idée de la soumettre à un « exercice », initiative qui les conduira tous les trois sur des chemins imprévus...
Ce premier roman éblouissant raconte l'histoire d'une implacable manipulation. Claudia Petrucci y explore avec audace les frontières qui séparent la folie de la normalité, la fiction du réel, l'amour de la possession...
Ma chatte Artdéco m'observe de son regard si pénétrant.
J'ai toujours eu une envie folle de savoir ce qui se passait dans ces têtes hirsutes, couvertes de plumes, de poils, de cuir, d'écailles... derrière ces yeux étonnés, parfois inquiets...
Une idée m'a traversé l'esprit, je vais donner ma langue au chat. On a coutume de dire, à propos des animaux : « Il ne leur manque que la parole. » Je vais la leur donner, la parole, et organiser un micro-trottoir zoologique pour découvrir leurs joies, leurs peines, leurs émotions et leurs sentiments.
J'ai déjà réussi à faire parler une vache, la Noiraude, et un oiseau, Antivol.
Alors, pourquoi pas les autres animaux ?
J.-L. F.
Dans ce livre inattendu et surprenant, Jean-Louis Fournier interroge les animaux. Leurs réponses n'épargnent pas l'espèce humaine. Un pauvre crocodile pleure en pensant à sa mère et « à tous les gros salauds qui se promènent avec sur eux des morceaux de sa peau, un portefeuille dans la poche ». La chatte Artdéco philosophe : « L'homme n'est-il pas capable de tuer terre et mer ? » L'huître reproche aux hommes de lui mettre du citron dans les yeux. Quant à l'hirondelle, elle raille les gros : « Avez-vous déjà vu des oiseaux obèses ? » La biche admire la patience et le talent des photographes animaliers, prend la pose et au moment du clic se sauve, car elle est taquine !
Le résultat est surprenant, souvent poétique, d'une touchante justesse. Il faut dire que sous la vigilance quotidienne de sa chatte Artdéco, Jean- Louis Fournier n'a pas droit à l'erreur !
Une odyssée instructive chez nos amis pas si bêtes que cela !
Pourquoi l'Église catholique tient-elle tant à la chasteté des prêtres ? Comment les années de séminaire transforment-elles de manière décisive la vie affective et le rapport à la sexualité des futurs prêtres ? Si la question du célibat chez les membres du clergé fait régulièrement - et depuis des siècles - irruption au sein de l'Église catholique, elle est, en ce début de XXIe siècle, d'une terrible actualité.
Né de la volonté de comprendre la nature du lien entre sexe et formation cléricale, et de saisir la raison pour laquelle les membres du clergé apparaissent, en matière de sexe, si désintéressés en public et obsédés en privé, cet essai documenté est le résultat de longues années de recherche au cours desquelles Marco Marzano a notamment recueilli anonymement les témoignages de dizaines de prêtres, d'hommes ayant quitté le sacerdoce, mais aussi de « formateurs », psychologues et anciens compagnons et compagnes. De ce travail de recherche l'auteur tire un chiffre : seuls 10 % des prêtres appliqueraient leur voeu de chasteté. Mais plus que des statistiques, ces rencontres ont mis au jour des histoires douloureuses de personnes tourmentées et recluses, et permet de lever le voile sur la « culture du secret » qui règne au sein de l'Église, ces non-dits et tabous aux conséquences dramatiques. Là où le voeu de chasteté était le symbole du sacrifice des prêtres pour le salut de la communauté chrétienne, il devient fréquemment la source d'une souffrance et d'un sentiment de culpabilité grandissant lorsque cette règle est enfreinte.
Goût de la fête, amour du faste, exubérance théâtrale, violence dramatique, mais aussi : mutisme ombrageux, sentiment austère de la vie, attirance pour la mort, comment définir le génie sicilien ? Dans ce pays où les temples grecs voisinent avec les mosaïques byzantines, les mosquées arabes avec les églises baroques, toutes les civilisations se sont entrecroisées et mêlées. Terre chargée d'ans et d'histoire, et pourtant, malgré le poids des souvenirs archéologiques, restée d'une incroyable vitalité, témoignée par l'éclat de la littérature sicilienne, de Pirandello à Lampedusa, de Vittorini à Sciascia.
Dominique Fernandez pratique depuis plus de cinquante ans la Sicile. Ce livre est le récit de ses expériences, de ses découvertes, de ses émotions. Il a grimpé sur les volcans, longé les rivages, exploré les déserts, visité basiliques, cryptes, palais, villas, cimetières, soufrières, mines de sel mais aussi, mais surtout, vécu en compagnie de Siciliens, dans des villages dont il raconte la pittoresque évolution, le passage, en moins d'un quart de siècle, des anciennes coutumes féodales à un timide apprentissage de la démocratie.
Deux abondants cahiers hors-texte contenant des photographies de Ferrante Ferranti apportent au texte un commentaire visuel, qui nous plonge d'emblée dans l'atmosphère sicilienne, à la fois blanche et noire aux traits fortement contrastés, ou en couleurs comme la symphonie de la nature méditerranéenne. Jeux de la lumière et de la beauté, charme sensuel et grandeur antique, opulence et misère d'une île si attachante qui flotte au carrefour de l'Europe, de l'Afrique et de l'Orient.
Pendant le confinement du printemps 2020, alors que l'Italie n'arrive plus à compter ses morts, une photo fait le tour du monde : le pape François, de son balcon, bénit la place Saint-Pierre entièrement vide. Les cérémonies de Pâques ont été annulées, les chrétiens souffrent de ne plus pouvoir se retrouver ni prier ensemble, mais le pontife est toujours là pour incarner le message de l'Église.
François ressent la nécessité d'éclairer cette période d'obscurité, d'aider les gens à retrouver un sentiment religieux qui semble perdu avec la pandémie, de leur redonner un élan d'espoir et de solidarité, de foi et de courage. Profondément attentif aux dynamiques contemporaines, il se montre très critique à l'égard des gouvernements populistes : privilégier l'économie face à la Covid-19 s'apparenterait à un génocide. Ses discours quotidiens ne cessent de rappeler les trois grandes menaces qui pèsent sur le monde actuel : l'iniquité, le nouvel esclavage subi par les plus démunis et la ruine de la nature.
Dans ce livre passionnant, rigoureusement documenté, Marco Politi décrit les bouleversements à l'oeuvre dans l'Église, et montre pourquoi le pape François, tandis que la pandémie continue de faire des ravages, est le seul dirigeant au monde capable de prendre le recul nécessaire pour penser la société de demain et favoriser sa renaissance.
Loin de l'image d'une ville-musée à la confluence des arts, Venise vibre de toute la gaieté italienne. Une douceur, un plaisir de vivre qui jaillissent des tableaux de Giambattista Tiepolo, de la musique de Vivaldi, du théâtre de Carlo Goldoni, des aventures de Casanova. Une dévotion aux sens à laquelle s'ajoute un esprit profondément républicain, ouvert au monde.
Dominique Fernandez nous raconte le glorieux passé de cette ville si singulière posée sur les eaux, décrit le développement de l'art, rappelle les navigateurs audacieux, et dessine les contours de sa Venise personnelle en n'oubliant rien des lieux phares comme la place Saint-Marc, l'Accademia, les Zattere ou l'église San Zanipolo. Il cite avec bonheur les grands écrivains voyageurs qui ont aimé Venise et ont été inspirés par elle : George Sand, Alfred de Musset et son frère Paul, Théophile Gautier, Joseph Brodsky, ou encore le romancier anglais Frederick Rolfe.
Cet ouvrage redonne ses couleurs à la « cité des Doges » et révèle nombre de mystères vénitiens. Il offre ainsi au lecteur une promenade d'une érudition sans pareille, guidé par un piéton amoureux de la Sérénissime.
L'inspecteur Denis Carbone se remet tant bien que mal de sa dernière enquête à Pausilippe, le quartier chic de Naples, et de ses blessures lorsque, peu avant Noël, il est appelé sur une nouvelle scène de crime. En découvrant le cadavre martyrisé d'une fillette nigériane, abandonné au fond d'un ravin, il est loin d'imaginer que cette affaire va peu à peu le ramener à un passé douloureux qu'il croyait avoir effacé de sa mémoire. Poursuivi par de vieux ennemis et par ses propres démons, dont son goût immodéré pour le whisky, il arpente une Naples nocturne, spectrale, aux allures de labyrinthe, où drogue, crime et corruption des puissants se mêlent aux rites vaudous des migrants africains. Alors que les habitants sont occupés par les fêtes de fin d'année, Denis, de plus en plus mélancolique et solitaire, s'enfonce dans une enquête qui reflète étrangement la recherche intérieure qu'il se voit obligé d'entreprendre. Coups de théâtre et coups du sort se multiplient ainsi pour composer un roman noir au rythme haletant.