Dans un quartier populaire de Naples appelé Montedidio, littéralement « la montagne de Dieu », un garçon de treize ans décide d'abandonner l'école pour entamer un apprentissage chez un menuisier, mast'Errico. Dans son atelier, il fait la connaissance de Rafaniello, un cordonnier juif rescapé de la Shoah doté d'une grande sagesse, avec lequel il se lie d'amitié. Confronté à la dureté du monde des adultes, le jeune garçon rêve secrètement de s'envoler loin de Montedidio. Cloué au sol, il réussit malgré tout à s'évader à travers l'écriture : il couche sur le papier ses joies et ses peines, les étranges sensations qu'il éprouve face à son corps d'enfant qui se transforme en celui d'un homme, son amitié avec Rafaniello, et surtout son éveil à l'amour après sa rencontre avec la belle Maria.
Un roman d'apprentissage bouleversant et poétique qui a été couronné par le prix Femina étranger en 2002.
Alors qu'il se bat contre les Turcs, le vicomte Medardo di Terralba est fendu en deux par un boulet de canon. Seule la moitié droite est retrouvée. De retour dans son château après avoir été soigné, le vicomte, dépourvu de sa partie gauche, devient vil et cruel, terrorisant tous ceux qu'il croise sur son passage.
À travers ce conte philosophique aux péripéties rocambolesques, Italo Calvino explore la condition de l'homme contemporain avec un humour inépuisable.
Vers 1860, pour sauver les élevages de vers à soie contaminés par une épidémie, Hervé Joncour part au Japon. Entre les monts du Vivarais et le Japon, c'est le choc de deux mondes, une histoire d'amour et de guerre, une alchimie merveilleuse qui tisse le roman de fils impalpables. Des voyages longs et dangereux, des amours impossibles qui se poursuivent sans jamais avoir commencé, des personnages de désirs et de passions, le velours d'une voix, la sacralisation d'un tissu magnifique et sensuel, et la lenteur, la lenteur des saisons et du temps immuable.
"Une vie d'homme dure autant que celle de trois chevaux." Trois chevaux, trois vies. La première, le narrateur l'a vécue en Argentine, où il avait suivi Dvora . "Je suis ici depuis des années pour aimer une femme et maintenant je suis en guerre".
Lorsque sa femme disparaît, victime de la dictature militaire, abattue et jetée d'un hélicoptère au fond de la mer, il fuit, se terre, s'est embarqué, a travaillé, et a fini par regagner sa terre natale, l'Italie. La seconde, c'est sa rencontre, lui devenu un jardinier solitaire et silencieux, avec Làila, une femme "qui va avec des hommes pour de l'argent", dont il tombe amoureux.
À nouveau la menace, à nouveau la mort... Le récit s'achève tandis que la troisième vie du narrateur s'apprête à débuter... elle reste à raconter, à vivre.
Dans Le châle andalou, Andrea voue une admiration éperdue à sa mère, danseuse à l'Opéra de Rome, jusqu'au jour où il la voit sur une affiche annonçant un spectacle de variétés. Le jeune homme se retrouve brutalement confronté à la réalité du vieillissement de sa mère et à l'échec de sa carrière...
Les deux autres nouvelles du recueil, Le jeu secret et Donna Amalia, se situent également à la frontière entre l'univers magique de l'enfance et la cruauté du monde adulte.
Dans les Alpes italiennes, sur la corne gauche du roi des chamois s'est posé un papillon blanc. L'animal sait que ce sera son dernier hiver, que le chasseur va le retrouver.
De leur face-à-face, Erri de Luca tire une fable philosophique au style épuré qui, une fois de plus, confirme son talent.
Italo Calvino a fouillé dans la mémoire des régions italiennes, dont il a souvent transcrit ou réécrit le patois pour constituer ce recueil de contes. Travail de chercheur, d'ethnographe et surtout d'écrivain qu'il aborda avec curiosité pour se trouver jeté dans le monde fantastique du merveilleux populaire italien. Entre ironie et poésie, ces textes courts sont souvent de petites fables philosophiques qui s'adressent plus aux adultes qu'aux enfants.
«Rome aurait-elle été la plus belle ville du monde si, en même temps, elle n'était pas la plus laide ville du monde?» Une partie de ballon, un vendeur de marrons, une conversation à la terrasse d'un café, le marché de la Porta Portese le dimanche matin, mais aussi le vol à l'étalage, la misère et la mort - ville de contrastes, Rome offre à Pasolini un décor étonnant pour ces quatorze nouvelles savoureuses et poétiques.
À quoi bon être mariée si l'on ne peut enfanter ? Inspiré d'un célèbre pèlerinage andalou du début du XXe siècle, où des femmes stériles se pressent en quête d'un miracle, voilà le drame que vit Yerma, jeune femme mariée depuis deux ans à Juan, un paysan taiseux que son père lui a choisi. Privé d'enfant, le couple se déchire; l'amour se métamorphose en violence, latente puis manifeste - tout oppose désormais les jeunes époux : Juan, résigné, consacre son temps et son énergie à l'exploitation agricole, tandis que Yerma refuse de se plier aux injonctions du destin. «Chaque femme a du sang pour quatre ou cinq enfants et lorsqu'elle n'en a pas, il se change en poison. C'est ce qui va m'arriver ». Sur des modalités empruntées à la tragédie antique, en la privant d'enfant, Lorca prive Yerma de ce qui devait être sa destinée. La maternité frustrée, la solitude et le désespoir, le poids de la société villageoise, la jalousie exacerbée d'un mari peu enclin à la compassion... portent alors la jeune femme à commettre l'irréparable. Audelà du drame humain qui se joue tout en tension, c'est la question universelle de la place et du rôle de la femme - et de la maternité - dans la société qui est ici posée.
Traduction révisée, préfacée et annotée par Jean-Claude Masson.
Trois nouvelles, trois lumières, trois douleurs. De la première phrase du recueil : "À cette époque-là c'était toujours fête", aux derniers mots recouvrant d'un calme linceul le corps d'une suicidée, l'écriture fouille le plein jour de l'activité humaine jusqu'à y toucher le néant et la mort. Un peu comme un oeil fasciné passe et repasse sur la blessure d'un beau visage. C'est la fêlure d'angoisse qui accompagne une pâle amoureuse dans tous ses trajets (Le Bel Été). Puis c'est l'acharnement incertain de trois jeunes gens à suivre autour de la ville les doubles traces de viveurs fatigués et de la nature pléthorique (Le Diable sur les collines). C'est enfin la fièvre vaine qui fait s'agiter quelques femmes volées à elles-mêmes et dissipées en paroles de pure perte (Femmes entre elles).
L'art de Pavese est de travailler une matière tout en éclats, les éclats douloureux de l'unité mythique à jamais perdue. Mais ce deuil est en suspension dans une lumière tendre. Mais cette poussière d'instants a été pulvérisée par un virtuose de la pudeur. Le désarroi est immergé dans les plaisirs, on s'offre nu au soleil, on se soûle d'odeurs, on travaille à sa vie. La souffrance parle au discours indirect, on dirait que sa voix est assourdie par une fatigue heueuse.
Un an après la parution de ce livre, Pavese mettait, comme on dit, fin à ses jours. C'était le 27 août 1950, un bel été.» Ludovic Janvier.
Recueil de nouvelles d'auteurs siciliens emblématiques qui décrivent les Siciliens, paysans un peu rustres, petits commerçants, hommes d'église, et cette île ensoleillée aux confins de l'Orient et de l'Occident. Une excursion au sud de l'Italie et un voyage à travers le temps et la langue, car le sicilien est empreint de dialecte. Entre la sympathie de Giovanni Verga (1840-1922) pour les siciliens, ces rustiques « vaincus de la vie », l'écho insistant de la religion et de l'Histoire chez Luigi Pirandello (1867-1936) et plus récemment chez Vincenzo Consolo (né en 1933) la découverte de « l'Autre », personnifié par les chars américains, un portrait riche et chamarré de la Sicile.
Égaré dans la forêt, Dante, guidé par le poète latin Virgile, voyage à travers l'Enfer, le Purgatoire et le Paradis. Au gré de ses rencontres avec des personnages mythologiques, historiques ou saints, aidé par la vertueuse Béatrice, il parvient enfin aux portes du Paradis, prêt à rencontrer Dieu. Quête mystique, poème initiatique et chef-d'oeuvre de la littérature mondiale, la Divine Comédie est un ouvrage hors du commun dont voici une nouvelle édition bilingue pour en comprendre le mystère et la beauté.
Le rideau vient de tomber sur les dernières paroles d'Ersilia Drei. Autour d'elle sont réunis le romancier Ludovico Nota, la propriétaire de l'appartement, Mme Onoria, sa femme de chambre, Emma, et un groupe de trois hommes qui sont à des titres divers responsables du drame. Tous sont intervenus pour échafauder, compléter ou nuancer, avec Ersilia ou contre elle, le tableau de la pauvre vie à laquelle elle vient de mettre fin en s'empoisonnant... Une pièce d'une rare intensité devenue un grand classique du théâtre italien contemporain.
«Elle, impitoyable et adorée, revenait de temps en temps chez moi. Elle me traitait tendrement, inflexible seulement si je lui demandais de m'épouser. Devenu lâche, j'hésitais à lui montrer dans quel état j'étais et à la supplier encore. J'étais atterré à l'idée de ces yeux durs et des mots hostiles : «Si tu m'aimes, comprends-moi.»» Cesare Pavese, l'un des plus grands écrivains italiens du XXe siècle, évoque dans ces trois nouvelles ses thèmes de prédilection : la fin de l'enfance, l'éducation, le douloureux apprentissage de la maturité et de l'affirmation de soi.
Dans Ferrare silencieuse et endormie, le bruit court que le docteur Fadigati, praticien respectable et aisé, estimé des « gens de bien », est homosexuel. Rien de précis ne semble tout d'abord accréditer cette rumeur, et la « bonne société », reconnaissant à Fadigati une conduite irréprochable en apparence, ferme les yeux. Mais, un jour d'été, le scandale éclate : l'honorable médecin est surpris en pleine idylle avec un jeune étudiant de la ville...
Erri De Luca fait le récit de son entant napolitaine, "une longue lettre à ma mère, dit-il, à sa voix qui m'avait raconté le monde et m'avait transmis, par sa compassion, colère et dégoût". Entre émotion et souvenirs doux-amers Pas ici, pas maintenant est le premier roman d'Erri De Luca, considéré comme l'un des écrivains les plus importants de sa génération.
«Clelia avait une façon extatique de jouir du soleil, étendue sur les rochers, de se fondre avec ceux-ci et de s'aplatir contre le ciel, répondant à peine d'un chuchotement, d'un soupir ou d'un geste brusque du genou ou du coude aux brèves paroles de la personnes qui était à côté d'elle. Je m'aperçus bientôt que, lorsqu'elle était étendue ainsi, Clélia n'écoutait vraiment rien. Doro, qui le savait, ne lui parlait jamais.»
«Prends garde, Pipì ! Un jour ou l'autre, à force de singer les hommes, tu vas en devenir un à ton tour... et alors! Alors, tu le regretteras amèrement, mais il sera trop tard!» Conseil d'un père à son fils, singes de leur condition, qui n'est pas sans rappeler les mises en garde faites à un autre personnage de Collodi : Pinocchio. Celui-là même, devenu jeune homme, réapparaît ici sous les traits d'Alfredo et tente d'inculquer au petit singe les rudiments d'une éducation destinée à le transformer en garçon comme il faut, sachant observer et maîtriser les codes de la vie en société.
Au terme de péripéties rocambolesques, le petit singe finira-t-il, à l'instar de la marionnette, par succomber à la même mortiante fascination pour l'humanité, coupant court à la destinée rebelle qui pourrait être la sienne?
«La jeune femme le regarda, suppliante. "Oh, Eddie!" s'exclama-t-elle d'un ton déchirant en lui offrant sa bouche.
Il lui enserra la taille avec un bras, l'obligeant à se courber légèrement en arrière. En la fixant dans les yeux, il approcha lentement sa bouche de la sienne et l'embrassa avec passion. Ce fut un baiser long et intense, on entendit un murmure d'approbation et quelqu'un siffla.
"Stop!", cria le clapman. "Fin de scène!"» Quelques Petites équivoques sans importance pour découvrir l'un des plus grands écrivains italiens contemporains.
Philosophe et diplomate dans une Italie bouleversée par les guerres civiles, Machiavel se livre à une réflexion sur le pouvoir, l'art de le conquérir et de s'y maintenir. D'une étonnante modernité, plus de cinq siècles après sa parution, Le Prince reste le livre de chevet de tous les hommes politiques, car «la fin justifie les moyens».
Dans Une rose pour Emily, Emily Grierson, recluse dans sa vaste demeure remplie d'ombres et de poussière, vit depuis quarante ans avec le cadavre décomposé de l'homme qu'elle aima.Soleil couchant chante le «blues» bouleversant de Nancy, la Noire qui remplace la gouvernante malade auprès des enfants Compson.Quant à Septembre ardent, c'est sans doute la plus pénétrante des analyses du lynchage : un impénitent redresseur de torts tente en vain de s'opposer au lynchage d'un Noir, injustement accusé d'avoir attaqué insulté, terrorisé une fille blanche à qui le regret de sa jeunesse et l'indifférence des hommes ont tourné la tête.
«Qu'elle soit d'agence, exploitée par le journaliste, ou littéraire, conçue et rédigée par le poète, la nouvelle relate un événement, et plus il est exceptionnel mieux cela vaudra. Héritier des conteurs italiens de la Renaissance, mais aussi du vérisme de Verga, et également par tempérament, Pirandello veut surprendre le lecteur, l'arracher à son confort matériel et intellectuel, à son apathie, lui ôter ses idées reçues en le mettant en présence du réel, en transformant ses modes de pensée.Quoi de plus indiqué alors que d'avoir recours à l'intarrissable réservoir d'histoires que recèle la Sicile ? Non seulement à cause de leur contenu dramatique, mais aussi de l'occasion qu'elles offrent, par leur caractère peu commun, de démolir l'image conventionnelle qu'on se fait de la nature humaine.»Georges Piroué.