Généralités sur l'art
-
Entre avril et mai 1875, pendant quelques semaines, Arthur Rimbaud, dont l'existence scandaleuse est pleine de rebondissements, séjourne à Milan, où il semble loger dans la maison d'une mystérieuse veuve, donnant sur la Piazza Duomo. En cette même année 1875, le jeune homme prend la décision finale de renoncer à la littérature, se transformant, selon les mots de Mallarmé, en "quelqu'un qui avait été lui, mais qui n'était plus lui, en aucune façon".
Edgardo Franzosini évoque ces journées avec une abondance raffinée de détails, reconstruisant le séjour de Rimbaud comme un enquêteur tenace et habile à travers les traces légères et suggestives laissées par le poète dans le Milan de l'époque. -
Parmi les innombrables ouvrages consacrés à Venise, le livre de Sergio Bettini, considéré en Italie comme un classique, tient une place particulière en ce qu'il adopte dès l'abord une position qui veut concevoir Venise comme obéissant, à travers les siècles, à une intention artistique propre, faisant de la ville une seule et unique oeuvre d'art, vivante et cohérente. Tout entière construite dans une relation à la lumière et au rythme, obéissant à un tempo pleinement humain, Venise est " la ville, la plus ville qui soit, écrit Bettini. Non seulement les places et les rues, les maisons et les églises ont été, comme partout, construites par la main de l'homme, mais le terrain lui-même a été fait par l'homme. Les Vénitiens ont dû fixer et "amarrer" leur sol, consolider le fond boueux et instable des îles avec des pylônes, relever et renforcer les grèves contre les marées, imposer aux canaux des cours moins hasardeux. Construire enfin la base elle-même de la ville, pour affirmer leur volonté de vivre, et donner à cette vie une forme et un destin ". C'est l'histoire de cette forme et de ce destin que Sergio Bettini raconte ici, recomposant la mosaïque d'une ville, depuis ses origines jusqu'à l'apogée de son aventure architecturale.
-
La torpeur des ancêtres ; Juifs et chrétiens dans la chapelle Sixtine
Giovanni Careri
- EHESS
- L'histoire Et Ses Representations
- 9 Décembre 2013
- 9782713223839
Que font les Ancêtres du Christ, ces vieux hommes fatigués et ces femmes qui allaitent à côté des corps pleins d'énergie des anges du Jugement dernier, des prophètes et des sibylles de la voûte ? De quelle manière participent-ils de l'histoire de l'humanité, qui s'ouvre dans la Genèse avec la Création d'Adam et se clôt dans le Jugement ? Maintes fois soumise à l'analyse, la fresque du Jugement dernier de la chapelle Sixtine laisse apparaître des éléments d'interprétation radicalement nouveaux si on la considère du point de vue de l'anthropologie de la ressemblance élaborée par saint Paul, la ressemblance de l'homme à Dieu.
Giovani Careri rend compte de la façon dont les familles des Ancêtres participent d'un projet idéologique général : celui qui "administre" la question du corps et de la chair en relation avec l'eschatologie chrétienne du salut. La pesanteur et la mélancolie qu'expriment les corps las des Ancêtres sont, en effet, des valeurs négatives nécessaires pour dessiner le bord extérieur d'un dispositif qui règle dans la théologie chrétienne le rapport à une altérité hébraïque à la fois exclue et fondatrice, irréductible et nécessaire.
La chapelle Sixtine est une véritable "fabrique de l'histoire". C'est à travers le déchiffrement des figures fatiguées des cintres et des lunettes que ce monument mille fois étudié vise notre présent en dévoilant son actualité ; pour le spectateur d'aujourd'hui, les familles des Ancêtres évoquent des populations d'exilés, réfugiées dans des abris de fortune.
-
Flora ; Alberto Giacometti, Teresa Hubbard / Alexander Birchler
Christian Alandete
- Fage
- Catalogue D'exposition
- 18 Avril 2019
- 9782849755556
Depuis quelques années, Teresa Hubbard et Alexander Birchler développent une recherche sur Flora Mayo, - apprenti-artiste à la l'Académie de la Grande Chaumière, à Paris, au début des années 1920.
La jeune américaine rencontre le jeune artiste suisse Alberto Giacometti avec qui elle entretient une relation amoureuse. Il pose pour elle et elle pose pour lui, offrant ses traits à une oeuvre qui deviendra pivot dans le parcours de Giacometti. Tête de femme (Flora Mayo) annonce le passage de la figuration académique vers une schématisation qui conduira Giacometti à inventer de nouvelles formes. Cette oeuvre issue de la collection de la Fondation Giacometti sert de point d'entrée pour à la fois relire l'oeuvre de Giacometti de cette première période et comprendre le processus d'écriture de l'histoire de l'art.
Puisant dans les archives de la Fondation Giacometti et celles, plus personnelles, du fils de Flora Mayo, cet ouvrage vient conclure plusieurs années de recherches qui ont conduit les artistes Teresa Hubbard et Alexander Birchler à Paris, Venise et Los Angeles.