De Saint-Germain-des-Prés aux chaînes d'info en continu, l'intellectuel français est auréolé d'un pouvoir singulier. Défenseur des opprimés ou décrypteur de l'actualité, militant des causes perdues ou expert au discours ciselé, il occupe, au pays de Descartes, où l'on aime à théoriser, une place à part.
Crise financière, attentats islamistes, poussée migratoire, montée des populismes, féminismes, épidémie... L'histoire est de retour, les idées gouvernent de nouveau le monde. La vieille opposition entre droite et gauche, périmée, s'est vue évincée par d'autres clivages, dans l'air du temps. Réacs, gauchistes, libéraux : chacun accuse l'autre d'avoir gagné la guerre culturelle.
D'Alain Finkielkraut à Édouard Louis, en passant par Michel Onfray, de la Manif pour tous à Nuit debout, sans oublier les Gilets jaunes, qui a vraiment remporté cette bataille idéologique? À l'heure de la cancel culture, de l'hystérisation de la polémique, de l'immédiateté de l'information et du pouvoir de l'image, quel rôle l'intellectuel peut-il encore jouer? Le débat est-il seulement toujours possible, en France?
Eugénie Bastié a mené l'enquête: pendant trois ans, elle a rencontré une trentaine de penseurs de tous bords. Elle décrit un paysage intellectuel morcelé, mais plus riche que jamais. Une plongée passionnante au coeur de l'intelligentsia, la France racontée au travers des idées qui l'agitent et des personnages qui les incarnent.
Emmanuel Macron est connu. Sa personne, son action ont déjà suscité des dizaines de documentaires, une quarantaine de livres, des milliers de commentaires. Après un quinquennat, tout le monde a un avis sur lui - les uns l'aiment quand les autres le détestent.
Laurence Benhamou, elle, ne commente pas. Elle observe le président au quotidien. Ne rate aucun de ses faits et gestes. Elle est l'une des deux journalistes de l'Agence France-Presse (l'AFP) accrédités à l'Élysée et, depuis le 7 mai 2017, suit Emmanuel Macron partout. À chaque moment. La crise des Gilets jaunes ? Elle est en première ligne. L'affaire Benalla ? Elle est dans les coulisses. La pandémie ? Elle est témoin de la valse-hésitation d'un exécutif aux abois. De la scène officielle aux arrière-scènes et aux messes basses, elle note tout. Les grands moments comme les petites phrases. Les rivalités comme les complicités. Pour ne rien laisser passer de l'histoire qui s'écrit.
La richesse de sa chronique est inédite : jour après jour aux côtés d'un président imprévisible, elle ne travaille ni pour lui ni pour ses équipes, qu'elle connaît et côtoie. Au point de décrocher un rare entretien avec Brigitte Macron. L'objectivité de Laurence Benhamou est sa fierté. Son impressionnante mise en perspective se lit comme une série aux multiples rebondissements.
« Je m'appelle Didier Lemaire, je suis professeur de philosophie. Il y a vingt ans, je suis arrivé à Trappes. Dans mes classes, j'apprends à mes élèves à douter, et à conduire leur jugement. En maîtrisant des concepts philosophiques, ils examinent leurs opinions, s'émancipent, découvrent le dialogue et le plaisir de penser. Cette expérience de la liberté exige confiance et patience. Quand la ville est devenue l'une des toutes premières pépinières jihadistes d'Europe, je me suis demandé si je pouvais encore enseigner comme je l'avais toujours fait, en considérant mes élèves comme des adolescents parmi d'autres... » Pour avoir alerté sur la réalité de ce qu'il vit, de ce qu'il voit, Didier Lemaire a été placé sous protection policière. Ce livre est son témoignage en même temps qu'un cri d'alarme. En espérant qu'il ne soit pas déjà trop tard.
Macron ou Le Pen ? Parce qu'elle ne supporte pas d'être confrontée à cette alternative qui peut se terminer en drame pour le pays, Valérie Pécresse, seule femme politique de droite considérée aujourd'hui comme présidentiable, passe à l'offensive. Sans renier ses convictions, elle s'est affranchie de son parti, Les Républicains, pour lancer une entreprise de refondation politique audacieuse.
Dans ces entretiens avec Marion Van Renterghem, une des journalistes les plus primées d'aujourd'hui, Valérie Pécresse se livre en toute liberté. Elle raconte pour la première fois son histoire : son engagement auprès de Jacques Chirac, les turbulences de sa vie de ministre auprès de Nicolas Sarkozy, puis les divisions d'une droite qui n'a pas su se réinventer, qu'elle analyse de l'intérieur, avec lucidité.
Désormais présidente de la région Île-de-France, laquelle concentre beaucoup des défis de la France de demain, cette mère de famille est animée par la passion d'agir et revendique d'être un aiguillon réformateur. Elle dévoile, avec le même franc-parler, pourquoi il n'est jamais acquis pour une femme de s'imposer en politique et relate ses combats, ses doutes et ses victoires.
« Femme en colère » face aux blocages et aux lâchetés qui minent la société française, sécrètent les injustices, découragent les initiatives et mènent à l'autodénigrement et au déclinisme, Valérie Pécresse aborde de front les urgences - sociales, écologiques, migratoires, éducatives, situation explosive des banlieues - auxquelles elle est confrontée au quotidien, persuadée que les réponses à y apporter détermineront le destin de notre pays.
Des centaines de livres ont été écrits sur de Gaulle, mais tous ont éludé un sujet crucial : ses rapports avec les femmes. Les idées reçues abondent dès que l'on évoque les relations du général avec la gente féminine et l'histoire de sa vie en est systématiquement biaisée. Les biographes réservent ainsi le premier rôle à son père, alors que sa mère fut la seule à croire en ce gamin colérique qui, au collège, était moins brillant que ses frères. C'est elle qui le convainquit de son grand destin. De même, son épouse Yvonne passait-elle pour une femme insignifiante alors qu'elle était à vingt ans une jeune fille superbe et qu'elle fut pendant trente ans une patronne de fondation chevronnée. De Gaulle aima sa femme un demi-siècle durant et quand il dédie son livre à « Yvonne sans qui rien ne se serait fait », ce n'est pas une formule de politesse.
La droiture du premier président de la Ve république fait aussi oublier qu'avant son mariage, le lieutenant puis capitaine de Gaulle a été très amateur de femmes. Et qu'il a partagé certaines conquêtes avec Pétain... Après vingt ans de mariage, à Londres en 1940, il aurait même eu une aventure - ce qu'affirmait le chef de file de la résistance Pierre Brossolette. Un amour qu'il a sacrifié à sa mission sacrée, à son « contrat avec la France ».
Enfin, la manière dont il a imposé le droit de vote des femmes ou autorisé la pilule contre l'avis du Vatican infirment les accusations de phallocratie dont il a fait l'objet.
Au fil des recherches et des témoignages, cette enquête passionnante dévoile une facette chaleureuse et intime de cet homme qui n'est pas seulement la statue du commandeur de la vie politique que nous connaissons tous.