Voici, écrits au jour le jour dans la forme ciselée du sonnet, une centaine de poèmes de Pasolini qui se donne pour l'éphéméride d'une passion. Retrouvés bien des années après sa mort tragique, ces textes intenses adressés à Ninetto Davoli, l'acteur lumineux du Décaméron, occupent une place singulière dans l'oeuvre polyphonique de Pasolini. Ici, aucun apparat rhétorique ni de mise en scène : une parole nue, à vif, souvent blessée, qui traduit les alarmes d'un coeur qui ne s'appartient plus et d'un corps perdu de désir. Ce recueil, par sa brièveté, s'apparente à un trait de feu qui éclaire et qui brûle, qui révèle et engloutit, qui exalte et condamne : incontestablement l'un des sommets de la poésie amoureuse de notre temps.
Ces entretiens, pour la plupart inédits en français, et édités par Maria Grazia Chiarcossi pour le public hexagonal, offrent un complément indispensable à la découverte de l'un des artistes majeurs du siècle passé et dont la profondeur de réflexion nous est devenue désormais indispensable, vitale. On retrouvera les thèmes essentiels chers au poète italien, qui partent des recherches menées sur la langue et le style pour aboutir à la défense poétique de l'humanité ravagée par le néocapitalisme. On y lira aussi des réflexions sur marxisme et christianisme, sur son enfance, sur la révolte des étudiants de 1968 vue comme lutte interne à la bourgeoisie, sur son engagement communiste et humaniste, sur les ravages du développementisme au détriment du progrès.
Les textes ici rassemblés, publiés dans des journaux et mis en recueil par Pasolini lui-même, témoignent par leur violence d'une démarche provocatrice. L'auteur de Théorème y examine tour à tour le problème de l'avortement, le fascisme, l'antifascisme et surtout la consommation de masse qui conduit à une déshumanisation de la société et à la destruction de l'identité italienne. Pasolini dévoile ainsi, peu de temps avant de mourir assassiné sur une plage d'Ostie, une nouvelle facette de sa personnalité et de son talent inclassables, livrant à ses contemporains sa révolte nostalgique face au monde qui l'entoure.
« Il s'agissait d'une armada de gamins qui couraient comme des scélérats. » Dans la Rome crépusculaire d'après guerre, une bande d'adolescents vit de petits larcins et de crimes divers. Cherchant la bonne combine qui leur fera gagner quelques lires, ils survivent tant bien que mal dans les faubourgs. Grand texte politique et moral, Les Ragazzi leur donnent la parole à travers la voix prodigieuse de Pier Paolo Pasolini.
" ce sont les premières heures de ma présence en inde, et je ne sais pas dominer la bête assoiffée, en moi emprisonnée, comme en cage.
Je persuade moravia de faire du moins quelques pas près de l'hôtel et de respirer quelques bouffées de cet air, d'une première nuit en inde... " en 1961, pasolini fit un voyage avec alberto moravia et elsa morante. le livre intensément lyrique qu'il en rapporta n'est pas vraiment un récit, mais une " odeur " respirée au cours de ses errances nocturnes. les visions de l'extrême misère, les spectacles d'une étrange spiritualité sont pour lui comme autant d'étapes d'une descente au sein d'une humanité primitive, moins éloignée qu'on ne pourrait le croire du décor des ragazzi ou d'une vie violente.
Un jeune homme fait irruption chez de riches bourgeois milanais. Il est la grâce, la beauté mêmes. Et sa visite est davantage une visitation, qui s'accomplit dans et par la possession physique. La servante Émilie, puis Pierre, le fils de famille, puis la mère et Odette, la fille, enfin le père, tous connaîtront le visiteur, au sens biblique du terme. Mais après son brusque départ, rien ne restera du message laissé. Seule l'humble servante connaîtra le salut car, à la différence des bourgeois selon Pasolini, elle n'a pas substitué de conscience à son âme, ni de morale à son sens du sacré.
Conçu comme pièce en vers dont il reste des extraits, puis écrit parallèlement au film, séquence par séquence, Théorème est une parabole, d'un genre littéraire unique et inclassable.
"Poème filmique" en prose et vers, La Rage est le scénario intégral du film sorti en 1963 (dans une version raccourcie). Un commentaire lyrique qui mélange l'analyse sociale et politique à l'invective, l'élégie à l'épique, en les tissant avec des images des actualités, des matériaux d'archives et des photographies des faits marquants de son époque.
En interrogeant la société de son temps, le poète-réalisateur interroge aussi la nôtre. Dans ce texte, d'une brûlante actualité, on y retrouve le Pasolini le plus politique, le plus âpre et le plus clairvoyant.
« Pourquoi notre vie est-elle domine´e par le me´contentement, l'angoisse, la peur de la guerre, la guerre ? C'est pour re´pondre a` cette question que j'ai e´crit ce film, sans suivre un fil chronologique, ni me^me peut-e^tre logique. Mais pluto^t mes raisons politiques et mon sentiment poe´tique ».
Pier Paolo Pasolini.
Introduction de Roberto Chiesi.
Postface de Jean-Patrice Courtois.
Présenté pour la première fois dans sa version intégrale, La longue route de sable est accompagné du tapuscrit original de Pier Paolo Pasolini, daté de 1959. Philippe Séclier, ayant mis ses pas dans ceux du poète, nous rapporte ici - à travers documents, manuscrits, lettres, et ses propres photographies - les étapes d'un voyage singulier le long des côtes italiennes. Comme si ces deux Italie, seulement séparées par le temps, ne faisaient plus qu'une.
La longue route de sable a été Lauréat du Grand Prix du livre Thomas Cook en 2005.
Durant l'année 1975, dernière de sa vie, pasolini, âgé de 53 ans, s'adresse dans le quotidien il corriere della sera, à un jeune homme imaginaire pour faire son éducation sociale et politique.
Ce dialogue ouvert prend de l'ampleur, et devient un véritable " petit traité pédagogique " au sujet de la presse, la sexualité, l'anticonformisme, la liberté, l'école, la télévision... il se prolonge par un poème et par différentes interventions dans lesquelles le cinéaste-écrivain exprime sa conception du monde et de la création, de la vie littéraire et de la participation politique. paradoxes ou déclarations provocantes alternent dans cet essai vibrant, où pasolini prend aussi le temps d'analyser en profondeur la vie sociale italienne.
Véritable bréviaire de la révolte, les lettres luthériennes s'inscrivent dans une lignée d'essais comme les écrits corsaires, l'expérience hérétique, descriptions de descriptions.
L'auteur fait le point sur son oeuvre en évoquant souvenirs d'enfance, relations avec la presse et la justice. Il livre des clés sur son passage de l'écrit au cinéma, et sur quelques-uns de ses désirs les plus profonds.
Les poèmes recueillis dans Poésie en forme de rose (1964) sont parmi les plus célèbres de Pasolini. Ce recueil publié au sommet de la gloire de Pasolini, pendant le tournage de L'Évangile selon saint Matthieu et après celui de La Ricotta, fait réapparaître un Pasolini secret (plusieurs poèmes sont des journaux tenus pendant des tournages et des repérages) découvrant un autre monde (Israël, l'Afrique), alors que ses précédents recueils étaient profondément tournés vers l'Italie. Pasolini présentait ce recueil comme un « ensemble de prophéties, de journaux intimes, d'interviews, de reportages, de projets en vers, un roman autobiographique, une lutte inégale contre une longue campagne de diffamation, le moment d'un isolement moral et politique subi et délibéré ». On ne peut pas séparer la création poétique de Pasolini de ses autres activités.
«Rome aurait-elle été la plus belle ville du monde si, en même temps, elle n'était pas la plus laide ville du monde?» Une partie de ballon, un vendeur de marrons, une conversation à la terrasse d'un café, le marché de la Porta Portese le dimanche matin, mais aussi le vol à l'étalage, la misère et la mort - ville de contrastes, Rome offre à Pasolini un décor étonnant pour ces quatorze nouvelles savoureuses et poétiques.
Réunissant des poèmes inédits en français tirés de ses plus grands recueils (tels que Poésie en forme de rose) et des poèmes issus de manuscrits retrouvés, le deuxième volume de cette anthologie de référence forme le reflet objectif de l'oeuvre poétique de Pasolini. Un ouvrage-somme pour mieux comprendre cet artiste protéiforme qui luttait contre l'hypocrisie, les bien-pensants, la société consumériste, l'académisme. et contre lui-même.
Homme inclassable, Pier Paolo Pasolini a choisi la poésie comme voix première. Réunissant des poèmes inédits en français, cette anthologie se veut le reflet vibrant de son inspiration de jeunesse, toujours ample et touchée par la grâce. Sensualité des paysages frioulans et engagement politique s'entrelacent, chant de l'intime et poésie de l'engagement s'enchevêtrent. Habité par la révolte et par le sens du sacré, il lutte contre l'hypocrisie et donne à ses visions toute leur dimension mystique.
L'originalité de ce recueil des poèmes de Pasolini tient aux traductions des textes de jeunesse écrits en frioulan publiés pour la première fois avec l'original. Dans sa présentation, Dominique Fernandez insiste sur l'intérêt de ces poèmes pour comprendre l'évolution du poète à partir de la rupture, en 1950, avec ce qui fut pour lui l'éden:son village du Frioul, ce dialecte riche de saveurs poétiques, son adolescence où l'homosexualité n'était encore que virgilienne fratrie entre garçons. Après son exil vers Rome, Pasolini deviendra le personnage que l'on sait, parlant l'italien officiel, prisonnier d'une homosexualité désormais définie et brutalement dépourvue des ambiguïtés charmantes de l'adolescence.
Cet entretien inédit, donné au directeur de l'Institut culturel italien de New York, est celui d'un homme plus que jamais habité par la création sous toutes ses formes - littérature, théâtre cinéma -, mais aussi par un questionnement politique, celui qui agita l'Italie et l'Europe des années 1970 à nos jours.
Textes inclus dans ce volume :
Sa gloire (Extraits)-(1938), Oedipe à l'aube (1942), Les Turcs au Frioul (1944), Les Enfants et les Elfes (Extraits)-(1944-1945), La Poésie ou la joie (1947), Un petit poisson (1957), Vif et Conscience (Projet de ballet)-(1963), Italie magique (1964-1965), 1946 ! Histoire intérieure (1947-1965), Projet pour un spectacle sur le spectacle (1965) De l'oeuvre théâtrale de Pier Paolo Pasolini, nous connaissions seulement ses grandes tragédies écrites dans les années soixante. Nous ignorions jusqu'ici, parce que restées pour la plupart à l'état de manuscrit, que dès 1938 il avait écrit de nombreuses pièces - comme son premier oedipe - dont cet ouvrage constitue la première édition intégrale. À la fois découverte nécessaire et événement dans l'histoire de la littérature italienne contemporaine, ce recueil permet de mieux comprendre quelles relations Pasolini, dès son plus jeune âge, entretenait avec le théâtre.
Porno-Théoo-Kolossal est le traitement du film éponyme que Pasolini s'apprêtait à tourner juste avant sa mort en 1975. Inédit en français, ce récit allégorique raconte l'histoire du voyage initiatique qu'accomplissent un Roi Mage et son serviteur pour se rendre à l'endroit où est né le Messie. Partis de Naples, ces deux personnages suivent l'étoile du berger à travers un long périple qui les mène d'abord à Sodome (Rome), puis à Gomorrhe (Milan) ensuite à Numance (Paris) et enfin à Ur. Au départ animés par le désir d'atteindre la vérité, les deux protagonistes réalisent finalement que dans la réalité il n'y a aucune vérité ultime à découvrir : ni le Messie ni le Paradis n'existent...
En projetant et en commençant d'écrire mon roman, j'ai bien réalisé autre chose que de projeter et d'écrire mon roman : j'ai organisé en moi le sens et la fonction de la réalité ; et une fois que j'ai organisé le sens et la fonction de la réalité, j'ai essayé de m'emparer de la réalité. M'emparer peut-être, sur le plan doux et intellectuel de la connaissance ou de l'expression ; mais malgré tout, essentiellement, brutalement et violemment, comme cela se passe pour chaque possession, pour chaque conquête. [...] Au moment même où je projetais et écrivais mon roman, autrement dit où je recherchais le sens de la réalité et en prenais possession, précisément dans l'acte créatif que tout cela impliquait, je désirais aussi me libérer de moi-même, c'est-à-dire mourir. Mourir dans ma création : mourir comme en effet on meurt, en accouchant : mourir, comme en effet on meurt, en éjaculant dans le ventre maternel. P. P. P.
Présenté pour la première fois dans sa version intégrale, La longue route de sable est accompagné du tapuscrit original de Pier Paolo Pasolini, daté de 1959. Philippe Séclier, ayant mis ses pas dans ceux du poète, nous rapporte ici - à travers documents, manuscrits, lettres, et ses propres photographies - les étapes d'un voyage singulier le long des côtes italiennes. Comme si ces deux Italie, seulement séparées par le temps, ne faisaient plus qu'une. La longue route de sable a été Lauréat du Grand Prix du livre Thomas Cook en 2005.