PIER PAOLO PASOLINI
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Écrite entre 1963 et 1965, La Divine Mimesis, publiée en 1975 comme "document", selon la volonté de Pasolini lui-même, est l'un des textes les plus importants pour réfléchir à la rupture entre les années 1950 et les années 1960, et pour aborder la crise qui amène le poète italien à passer de la littérature au cinéma et à s'intéresser au "tiers-monde".
Il s'agit pour Pasolini d'une imitation des premiers chants de l'Enfer de Dante dans laquelle il se livre à une critique acerbe de la société italienne et de l'intelligentsia des années 1960. Dans ce texte, Pasolini incarne lui-même Virgile et Dante à la fois.
La divine mimesis serait le document de cette crise et de ce passage entre deux époques. Un texte difficile, complexe comme toutes les allégories, mais fondamental, parce qu'il évoque les conséquences profondes et dévastatrices de l'émergence de la société de consommation et proclame l'urgence de trouver de nouvelles possibilités, de nouvelles formes d'engagement loin du conformisme et de la vulgarité.
Accompagné de nombreuses photographies, il s'agit d'un texte exceptionnel de l'écrivain-cinéaste, une pierre angulaire dans son oeuvre, un livre-pivot. -
Nouvelle édition augmentée en 2006
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Ces Feuilles sont tirées d'un cahier retrouvé dans une malle en 1976 parmi d'autres manuscrits inédits de Pier Paolo Pasolini. Le projet date sans doute de 1945, trois ans après la publication de son premier recueil, en frioulan, Poèmes à Casarsa. Il s'agit de douze brefs poèmes en « espagnol », avec des traductions, en italien et en prose, reportées à la fin, comme dans les recueils frioulans.
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Des lettres arrivent par dizaines de Turin, de Florence, de Milan, de Naples, de Rome ou de Parme. Elles sont écrites par des mécaniciens, des lycéens, des ouvriers, des mères de famille, des bibliothécaires, des jeunes communistes, des catholiques. Elles adressent à Pasolini des remarques, des demandes, des questions. Toutes sortes de questions : la solution à un dilemme moral, des conseils de lectures, comment concilier engagement politique et vie de famille, un jugement sur l'Ulysse de Joyce, une définition de l'intellectuel engagé, un commentaire sur la tentative de suicide de Brigitte Bardot, la conception marxiste de la religion, Le désert rouge d'Antonioni, le fascisme, le chômage ou la représentation des ouvriers au cinéma... Et Pasolini de répondre, assidûment, souvent longuement, chaque semaine, dans les pages d'un magazine à grand tirage. Cette correspondance improbable existe : elle fut publiée dans l'hebdomadaire communiste Vie Nuove entre 1960 et 1965 sous la forme d'une rubrique sobrement intitulée « Dialoghi con Pasolini ».
La présente anthologie en reprend les échanges les plus marquants, qui permettent de saisir la singularité de cette expérimentation épistolaire, ses résonnances littéraires et politiques, mais aussi d'éclairer les intentions de l'écrivain-cinéaste, ses choix artistiques, ses analyses sur la censure, la sexualité, la religion, les avant-gardes, la littérature et le cinéma, au moment où il est en train de tourner Accatone, La Rabbia et L'Évangile selon saint Matthieu. Personnel mais collectif, spontané et théâtral, impliquant une diversité d'énonciateurs et de contradicteurs qui s'expriment en leur nom, ce courrier des lecteurs est comme le laboratoire de l'oeuvre en train de se faire : le lieu d'une pensée politique qui court-circuite le système de la parole autorisée et expérimente le langage comme une matière collective. -
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(Texte provisoire) Récit d'un voyage entrepris au cours de l'année 1959 le long des côtes italiennes. Pasolini y développe une réflexion sur la vie et la mort que lui inspirent les grands ciels d'été et les plages étincelantes de soleil. Un Pasolini inhabituel, à la fis journaliste et poète, fort épris de son pays et de ses habitants.
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Ces entretiens, pour la plupart inédits en français, et édités par Maria Grazia Chiarcossi pour le public hexagonal, offrent un complément indispensable à la découverte de l'un des artistes majeurs du siècle passé et dont la profondeur de réflexion nous est devenue désormais indispensable, vitale. On retrouvera les thèmes essentiels chers au poète italien, qui partent des recherches menées sur la langue et le style pour aboutir à la défense poétique de l'humanité ravagée par le néocapitalisme. On y lira aussi des réflexions sur marxisme et christianisme, sur son enfance, sur la révolte des étudiants de 1968 vue comme lutte interne à la bourgeoisie, sur son engagement communiste et humaniste, sur les ravages du développementisme au détriment du progrès.
Édition établie par Maria Grazia Chiarcossi. -
"Poème filmique" en prose et vers, La Rage est le scénario intégral du film sorti en 1963 (dans une version raccourcie). Un commentaire lyrique qui mélange l'analyse sociale et politique à l'invective, l'élégie à l'épique, en les tissant avec des images des actualités, des matériaux d'archives et des photographies des faits marquants de son époque.
En interrogeant la société de son temps, le poète-réalisateur interroge aussi la nôtre. Dans ce texte, d'une brûlante actualité, on y retrouve le Pasolini le plus politique, le plus âpre et le plus clairvoyant.
« Pourquoi notre vie est-elle domine´e par le me´contentement, l'angoisse, la peur de la guerre, la guerre ? C'est pour re´pondre a` cette question que j'ai e´crit ce film, sans suivre un fil chronologique, ni me^me peut-e^tre logique. Mais pluto^t mes raisons politiques et mon sentiment poe´tique ».
Pier Paolo Pasolini.
Introduction de Roberto Chiesi.
Postface de Jean-Patrice Courtois.
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Poemes de jeunesse et quelques autres
Pier Paolo Pasolini
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 24 Octobre 1995
- 9782070328864
L'originalité de ce recueil des poèmes de Pasolini tient aux traductions des textes de jeunesse écrits en frioulan publiés pour la première fois avec l'original. Dans sa présentation, Dominique Fernandez insiste sur l'intérêt de ces poèmes pour comprendre l'évolution du poète à partir de la rupture, en 1950, avec ce qui fut pour lui l'éden:son village du Frioul, ce dialecte riche de saveurs poétiques, son adolescence où l'homosexualité n'était encore que virgilienne fratrie entre garçons. Après son exil vers Rome, Pasolini deviendra le personnage que l'on sait, parlant l'italien officiel, prisonnier d'une homosexualité désormais définie et brutalement dépourvue des ambiguïtés charmantes de l'adolescence.
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(Texte provisoire) Cet entretien inédit, donné au directeur de l'Institut culturel italien de New York, est celui d'un homme plus que jamais habité par la création sous toutes ses formes - littérature, théâtre cinéma -, mais aussi par un questionnement politique, celui qui agita l'Italie et l'Europe des années 1970 à nos jours.
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C. est l'initiale de chatte, le nom obscène et banal du sexe féminin. Plus qu'un nom, C. est le langage qui lui est coextensif, un ordre qui l'emporte sur les rapports de production et de reproduction, transcende les croyances et les classes, rassemble et nivelle au plus profond.... Dans les archives de Pasolini, ce long poème - « extravagant et ''hors oeuvre'' », selon lui - figurait dans une chemise intitulée Poèmes marxistes. Inédit en italien jusqu'en 2003, il est traduit pour la première fois en français.
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La ricotta, la terre vue de la Lune, qu'est-ce-que c'est, les nuages ?
Pier Paolo Pasolini
- Gremese
- Roma Livres
- 27 Février 2020
- 9782366772289
S'il est vrai que Pasolini a donné le meilleur de lui-même dans ses films courts et dans ses courts-métrages, ces trois scénarios, écrits dans les années soixante, en sont la confirmation. Très différentes entre elles dans leurs trames, les trois histoires sont en réalité parcourues par la même veine surréelle et humoristique, outre le fait qu'elles sont toutes trois caractérisées par une sorte de « théâtralité » du langage qui en fait des petits chefs-d'oeuvre de la phase moins idéologique et plus comico-surréelle de Pasolini. Chaque scénario fait partie de trois films conçus en plusieurs épisodes, sortis dans les salles de cinéma entre 1963 et 1968, fruits de la collaboration de plusieurs réalisateurs mondialement connus.La ricotta est un épisode de ROGOPAG (titre-sigle qui identifie les quatre cinéastes qui firent partie de la production du film : Rossellini, Godard, Pasolini et Gregoretti). C'est l'histoire d'une troupe cinématographique qui s'apprête à tourner un film sur la Passion du Christ comme s'il s'agissait d'un tableau vivant inspiré des « Dépositions » peintes par Pontormo et Rosso Fiorentino. Stracci, sous-prolétaire des banlieues de Rome, harcelé par une faim chronique, interprète dans le film le rôle du bon larron. Comme dans une vieille comédie, Stracci invente toutes sortes de stratagèmes pour se nourrir: il vend le petit chien de la Diva, achète une ricotta entière et la dévore dans une grotte, en même temps qu'une montagne de nourriture que la troupe lui a offerte pour se moquer de lui. Quand on tourne la scène de la Crucifixion, le larron demeure immobile sur la croix : Stracci est mort.La Terre vue de la Lune est un épisode surréel qui fait partie du film Les sorcières. Un épisode peuplé d'hommes et de fantômes et plein de gags, de dialogues et de coups de théâtre absurdes, qui rappelle les films comiques de Charlot ou les bandes-dessinées de Donald Duck. Le scénario est né du récit « Le Plouc et la Plouque » et se déroule parmi les ruines du Colisée et d'une banlieue fantasmagorique. Pour le film, Pasolini a créé aussi des bandes-dessinées très riches en couleurs qui ont servi de modèles aux chevelures et aux costumes des acteurs du film. Le troisième scénario, Qu'est-ce que c'est, les nuages ? est une relecture métathéâtrale de l'Othello de Shakespeare confiée à une compagnie de marionnettes pensantes qui, dans les coulisses, s'interrogent sur le destin qui lie chacun à son emploi. Quand Desdémone est sur le point d'être étranglée, le public enragé surgit et tue Othello et Iago qui sont jetés dans une horrible décharge. Mais là, parmi les ordures, les deux hommes voient pour la première fois le ciel et les nuages, et trouvent la paix en découvrant « la merveilleuse et poignante beauté de la Création ». Iago fut le dernier rôle de Totò qui mourut avant la sortie au cinéma de Caprice à l'Italienne, dont le film de Pasolini faisait partie.On est devant un choix stylistique nouveau et bien défini de Pasolini : un langage filmique léger et comique, à la fois absurde et amusant, parcouru par une veine théâtrale originale aussi éloignée de la tradition bourgeoise du récit que des règles de la narration dictées par le bon sens commun.
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Porno-Théoo-Kolossal est le traitement du film éponyme que Pasolini s'apprêtait à tourner juste avant sa mort en 1975. Inédit en français, ce récit allégorique raconte l'histoire du voyage initiatique qu'accomplissent un Roi Mage et son serviteur pour se rendre à l'endroit où est né le Messie. Partis de Naples, ces deux personnages suivent l'étoile du berger à travers un long périple qui les mène d'abord à Sodome (Rome), puis à Gomorrhe (Milan) ensuite à Numance (Paris) et enfin à Ur. Au départ animés par le désir d'atteindre la vérité, les deux protagonistes réalisent finalement que dans la réalité il n'y a aucune vérité ultime à découvrir : ni le Messie ni le Paradis n'existent'
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La longue route de sable
Pier Paolo Pasolini, Philippe Séclier
- Xavier Barral
- 6 Novembre 2014
- 9782365110624
Présenté pour la première fois dans sa version intégrale, La longue route de sable est accompagné du tapuscrit original de Pier Paolo Pasolini, daté de 1959. Philippe Séclier, ayant mis ses pas dans ceux du poète, nous rapporte ici - à travers documents, manuscrits, lettres, et ses propres photographies - les étapes d'un voyage singulier le long des côtes italiennes. Comme si ces deux Italie, seulement séparées par le temps, ne faisaient plus qu'une. La longue route de sable a été Lauréat du Grand Prix du livre Thomas Cook en 2005.