«Au centre de la pièce, fixé à un chevalet droit, se dressait le portrait en pied d'un jeune homme d'une extraordinaire beauté physique, devant lequel, à peu de distance, se tenait assis le peintre lui-même, Basil Hallward, celui dont, il y a quelques années, la disparition soudaine a, sur le moment, tant ému le public et donné lieu à d'étranges conjectures.» Or Dorian Gray, jeune dandy séducteur et mondain, a fait ce voeu insensé : garder toujours l'éclat de sa beauté, tandis que le visage peint sur la toile assumerait le fardeau de ses passions et de ses péchés. Et de fait, seul vieillit le portrait où se peint l'âme noire de Dorian qui, bien plus tard, dira au peintre : «Chacun de nous porte en soi le ciel et l'enfer.» Et ce livre lui-même est double : il nous conduit dans un Londres lugubre et louche, noyé dans le brouillard et les vapeurs d'opium, mais nous ouvre également la comédie de salon des beaux quartiers. Lorsqu'il parut, en 1890, il fut considéré comme immoral. Mais sa singularité, bien plutôt, est d'être un roman réaliste, tout ensemble, et un roman d'esthète - fascinants, l'un et l'autre, d'une étrangeté qui touche au fantastique.
Icône excentrique et dandy par excellence, Oscar Wilde vécut une existence à la fois fabuleuse et tragique. Dans les lettres à ses amis, adversaires et à la presse, on retrouve les plaisanteries fulgurantes et les piquantes saillies qui ont rendu légendaires ses conversations et ses oeuvres. De scandales en triomphes, des salons aristocratiques à une misérable geôle, nous suivons le parcours d'un écrivain qui, avec la beauté d'un funambule, édifia le mythe d'une vie sans pareille.
Une famille américaine achète en Angleterre un château « hanté », dont les bruits de chaînes et les taches de sang terrorisent la région depuis des siècles. Mais que peut un pauvre fantôme contre le bon sens d'un homme d'affaires, contre les détachants super-actifs de sa femme et la malice de ses enfants, toujours prêts à lui faire des farces ?
25 mai 1895. Oscar Wilde, dramaturge admiré du Tout-Londres et amant de lord Alfred Douglas, est condamné à deux ans de travaux forcés pour «outrage aux moeurs». Début 1897, l'écrivain brisé, réduit au sinistre matricule «C.3.3.», obtient enfin du directeur de la prison de Reading l'autorisation d'écrire. La longue lettre qu'il rédige alors à l'intention de Douglas, à qui il reproche de l'avoir abandonné, ne sera publiée, partiellement, que cinq ans après sa mort : récit autobiographique et méditation existentielle sur l'art et la douleur, De profundis est aussi l'un des plus beaux témoignages qui soient sur la passion. Quant à La Ballade de la geôle de Reading (1898), inspirée d'une histoire vraie, elle retrace les derniers jours d'un soldat exécuté pour avoir égorgé sa femme par jalousie. Ce poème poignant est le chant du cygne de Wilde, qui mourut deux ans après sa publication.