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YPSILON
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La solitude de l'enfance et l'étonnement de la vieillesse, les livres lus et les films vus, le métier d'écrivain (« écrire était pour lui comme habiter la Terre »), la musique d'opéra (le titre est un vers du Lohengrin de Wagner), la famille, la société, la politique, le fait de croire ou ne pas croire en Dieu : les courts récits recueillis ici ressemblent aux pages de ce journal que l'autrice déclarait n'avoir jamais su tenir. Ils sont proches, en termes d'affinités thématiques et de finesse narrative, de ses chefs-d'oeuvre Les mots de la tribu et Les petites vertus qui, comme tous les livres de Natalia Ginzburg, tiennent à sa vocation de raconter des histoires vraies à partir de la sienne. Dans leur désinvolture, dans leur placide désordre quotidien ou leur inquiétante étrangeté, ces brefs essais-chroniques abordent des questions qui appartiennent à chacun d'entre nous. Autoportrait singulier d'une femme qui dans la vie a choisi d'écrire, Ne me demande jamais devient ainsi une expérience familière, un objet destiné à nous accompagner jour après jour.
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Publié en 1962, Le piccole virtù est un livre charnière dans l'oeuvre de Natalia Ginzburg. Connue pour ses romans, dans ce premier livre d'essais, Natalia Ginzburg - dont l'écriture est essentiellement attachée aux faits, aux gestes, aux voix et aux cadences - reste fidèle à elle-même : la recherche de l'essentiel est toujours concrète, toujours incarnée, les expériences morales prennent un sens physique - elle reste dans la narration qu'il s'agisse d'énoncer une pensée générale ou un jugement sur l'existence.
Les petites vertus, ces onze textes (dont l'année et le lieu d'écriture sont si importants) entre autobiographie et essai, donnent à voir et à entendre, voix, figures, et paysages du siècle passé, à sentir et à penser une manière de vivre et un être au monde qui font partie de notre histoire. Parmi les chapitres de cet ouvrage, il faut remarquer tout particulièrement "Portrait d'un ami" (Rome, 1957), qui est la plus belle chose qui ait été écrite sur Cesare Pavese.
Et aussi, les pages écrites immédiatement après la guerre, qui expriment avec une force brûlante le sens de l'expérience d'années terribles (en gardant, comme dans "Les souliers éculées" (Rome, 1945), un sens presque miraculeux du comique). Les souvenirs de l'exil, dans "Un hiver dans les Abruzzes" (Rome, 1944), côtoient les réflexions sur "Mon métier" (Turin, 1949). Enfin, dans "Silence" (Turin, 1951) et "Les petites vertus" (Londres, 1960), on trouve une Natalia Ginzburg moraliste dont la participation aiguë aux maux du siècle (passé) semble prendre naissance dans une sorte de empathie intime.
"Outre une leçon de vie, c'est une leçon de littérature que nous pouvons tirer de la simplicité de ces pages". Italo Calvino.