Il rencontre aussi les trois petits cochons. "Que vois-jeoe Trois petits cochons loin de leurs maisons! Comme c'est imprudent! Dites-moi, les petits dodus, qui est le plus fort?" demande le loup.
Conçu comme une redoutable machine narrative, Temps sauvages nous raconte un épisode-clé de la guerre froide : le coup d'État militaire organisé par les États-Unis au Guatemala en 1954, pour écarter du pouvoir le président légitime Jacobo Árbenz. Ce nouveau roman constitue également une sorte de coda à La fête au Bouc (Gallimard, 2002). Car derrière les faits tragiques qui se déroulent dans la petite République centroaméricaine, le lecteur ne manquera pas de découvrir l'influence de la CIA et de l'United Fruit, mais aussi du ténébreux dictateur de la République dominicaine, Trujillo, et de son homme de main : Johnny Abbes García.
Mario Vargas Llosa transforme cet événement en une vaste fresque épique où nous verrons se détacher un certain nombre de figures puissantes, comme John Peurifoy, l'ambassadeur de Washington, comme le colonel Carlos Castillo Armas, l'homme qui trahit son pays et son armée, ou comme la ravissante et dangereuse miss Guatemala, l'un des personnages féminins les plus riches, séducteurs et ambigus de l'oeuvre du grand romancier péruvien.
Lorsque la table du déjeuner familial est desservie et que s'annonce un après-midi sans surprise et sans sorties, que faire? En Amérique latine, des millions d'hommes - et surtout de femmes - attendent alors le moment de tourner le bouton de la radio pour absorber leur dose quotidienne de rire, de larmes et de rêve.
C'est derrière les feux de cette rampe-là, faussement clinquante, que le grand romancier péruvien nous mène : acteurs vieillis dont seule la voix séduit encore, tâcherons de l'écriture dévorés par le halo d'une gloire illusoire, requins de l'audio-visuel artisans de la misère de leurs «créateurs». Pedro Camacho, un as du feuilleton radio, arrive alors à Lima. Il n'a d'autre vie que celle de ses personnages et de leurs intrigues. Enfermé jour et nuit dans la loge de l'immeuble de la radio, il manipule les destinées de ces êtres imaginaires qui font battre le coeur des auditeurs. Mais voilà que, au comble de la gloire, son esprit s'embrume : comme des chevaux fous, ses héros franchissent les barrières, font irruption dans des histoires qui ne sont pas les leurs et engendrent une avalanche de catastrophes : les auditeurs affolés portent plainte...
En contrepoint, nous est contée l'histoire de «Varguitas» : à dix-huit ans, il poursuit, mollement, des études de droit, comme l'exige son père. Installé dans un cagibi, il gagne quelques sous en rédigeant les bulletins de nouvelles pour la radio de Lima et rêve de faire publier les nouvelles qu'il écrit à ses (nombreux) moments perdus.
Pour la première fois, Mario Vargas Llosa parle ici à la première personne et raconte son histoire : «Varguitas» n'est autre que lui et la tante Julia, fraîchement divorcée, de quinze ans son aînée, a bien existé. Malgré l'opprobre familial et le rocambolesque bureaucratique, il finira par l'épouser.
«Le voyeurisme est le vice le plus universel qui soit. Vous le savez mieux que personne : nous voulons connaître les secrets et, de préférence, les secrets d'alcôve. Fourrer son nez dans l'intimité des puissants, des célébrités, des importants.» Lima, années 90. Alors que le dictateur Fujimori a plongé le pays dans la peur et la violence, deux couples de la haute société se retrouvent mêlés à un gigantesque scandale politique, médiatique et sexuel. Quelques photos compromettantes, un maître chanteur, un crime crapuleux : entre érotisme et corruption, chacun cache un secret dans cette sulfureuse comédie de moeurs.
Que vient chercher à Saint-Domingue cette jeune avocate new-yorkaise après tant d'années d'absence ? Les questions qu'Urania Cabral doit poser à son père mourant nous projettent dans le labyrinthe de la dictature de Rafael Leonidas Trujillo, au moment charnière de l'attentat qui lui coûta la vie en 1961. Dans des pages inoubliables - et qui comptent parmi les plus justes que l'auteur nous ait offertes -, le roman met en scène le destin d'un peuple soumis à la terreur et l'héroïsme de quatre jeunes conjurés qui tentent l'impossible : le tyrannicide. Leur geste, longuement mûri, prend peu à peu tout son sens à mesure que nous découvrons les coulisses du pouvoir : la vie quotidienne d'un homme hanté par un rêve obscur et dont l'ambition la plus profonde est de faire de son pays le miroir fidèle de sa folie.
Jamais, depuis Conversation à «La Cathédrale», Mario Vargas Llosa n'avait poussé si loin la radiographie d'une société de corruption et de turpitude. Son portrait de la dictature de Trujillo, gravé comme une eau-forte, apparaît, au-delà des contingences dominicaines, comme celui de toutes les tyrannies - ou, comme il aime à le dire, de toutes les «satrapies». Exemplaire à plus d'un titre, passionnant de surcroît, La fête au Bouc est sans conteste l'une des oeuvres maîtresses du grand romancier péruvien.
« ARRIVER LÀ-HAUT un matin d'été après que, la nuit, un orage a lavé le ciel et la terre, s'arrêter en silence pour regarder, et demeurer sous le charme parce que la beauté est telle que le regard ne sait où se poser, et on en a le souffle coupé. Rester ici jusqu'au couchant à écouter en silence la montagne raconter des légendes, des histoires de bergers, d'alpinistes, de guerre. »
À la guerre, remarque Mario Rigoni Stern, on peut mourir à vingt ans, en une seconde, sur l'herbe, en plein printemps. Aucune polémique, aucun pathos, aucun héros dans le récit de cette guerre qui emmena Mario Rigoni Stern en France et en Albanie de 1940 à 1941, rien que la réalité. Tourmenté par les souvenirs et par les poux, Rigoni Stern traverse cette épreuve en moraliste pacifique. « Pour la plupart d'entre nous commença la fin de tout. »
La retraite de russie - celle de la grande armée " européenne " lancée par hitler contre l'urss.
Pas de grands récits de batailles ; pas de thèses politiques, mais quelques soldats italiens perdus dans cette aventure, qui marchent et qui souffrent, qui ont faim, qui ont froid et qui luttent - ce qui est le plus difficile - pour ne pas perdre définitivement tout sentiment humain. la voix d'un témoin qui ne s'élève jamais mais qui sera entendue par tout le monde. ce classique des lettres italiennes d'après-guerre a été unanimement loué par vittorini, calvino et primo levi qui écrivit à propos de l'auteur : " le fait que rigoni stern existe est en soi miraculeux.
Miraculeuse d'abord sa propre survie : celle d'un homme qui s'est toujours campé aux antipodes de la violence et que le destin a contraint à participer à toutes les guerres de son temps. miracle, enfin, le fait que rigoni soit parvenu à garder son authenticité dans notre époque de fous. "
Dans ce récit écrit sans artifices, tönle, berger du plateau d'asiago, à la frontière du royaume d'italie et de l'empire austro-hongrois, doit, pour survivre et nourrir sa famille, se faire contrebandier, soldat, mineur en styrie, colporteur d'estampes jusqu'aux carpates, jardinier à prague, gardien de chevaux en hongrie.
Mais pour ce solitaire anarchisant, le monde finit avec la première guerre mondiale, quand le plateau se transforme en un champ de bataille oú il erre obstinément en compagnie de ses moutons. c'est avec eux qu'il repassera la frontière, prisonnier civil sur ces terres oú il fut libre. il mourra au pied du plateau. les romans de mario rigoni stern (1921-2008) sont devenus en italie comme en france des classiques.
Comment un roman peut-il changer le monde ? Quels sont aujourd'hui les rapports entre création et société, entre politique et fiction ? Deux maîtres de la littérature mondiale tentent de répondre à ces questions et à quelques autres, révélant en même temps les secrets de leur « cuisine littéraire ».
Selon Vargas Llosa, un livre atteint son objectif quand il est capable de nous extraire de notre quotidien et de nous entraîner dans un monde où la fiction apparaît encore plus tangible que la réalité elle-même. De son côté, Claudio Magris, écrivain du voyage et des frontières, nous montre à quel point la littérature est un espace ouvert où la capacité créatrice de l'écrivain à inventer des fictions rejoint paradoxalement le mouvement de l'écriture vers la vérité.
Conduites avec grâce et intelligence par le directeur de l'Institut italien de Lima, Renato Poma, ces quatre conversations entre Claudio Magris et Mario Vargas Llosa mettent en lumière les liens étroits qui existent entre le Nobel péruvien et l'un des plus prestigieux écrivains italiens contemporains.
Trente ans après la tragique retraite de Russie du Corps expéditionnaire italien consécutive à l'échec de la prise de Stalingrad et vingt ans après la publication du Sergent dans la neige devenu un classique de la littérature italienne du XXe siècle, Mario Rigoni Stern réalise un désir qui le taraude : retourner sur les lieux où tant de ses camarades ont trouvé la mort, au combat, de froid ou de faim. C'est l'occasion d'évoquer ses souvenirs. Passé et présent alternent. Jadis, les souffrances vécues ont rapproché les deux camps. Aujourd'hui, l'auteur retrouve les qualités de l'âme russe découvertes dans les camps de prisonniers où, réfractaire à poursuivre le combat aux côtés des troupes allemandes après 1943, il a côtoyé les soldats de la grande Armée Rouge. Déjà, durant la retraite les contacts humains avec la population locale, élémentaires autant qu'essentiels, recèlent une belle leçon de vie. Il évoque aussi son cher plateau d'Asiago, notamment lorsqu'une vieille scierie est convertie en camps d'internement pour des Juifs dont l'auteur s'efforcera après la guerre d'identifier les victimes et les survivants afin de nous faire aussi connaître leurs noms, à nous, lecteurs.
Comme dans tous ses livres, le grand écrivain italien nous fait partager avec une intensité rare les moments forts de sa vie qui, au-delà de son amour de la nature toujours présent dans ses écrits, forment une sorte d'odyssée courageuse entre toutes.
Mario Soldati Lettres de Capri Une double histoire d'amour et de trahison, dans l'Italie de l'après-guerre, entre Américains et Italiens, incarnant respectivement le puritanisme et la passsion. Tout commence un jour de printemps, à Rome, quand Mario, scénariste, rencontre Harry, un ami perdu de vue, et lui conseille d'écrire un sujet de film. C'est ainsi qu'il devient le témoin indirect de cette intrigue, aux méandres tortueux, centrée autour de mystérieuses lettres envoyées de Capri.
Publié en 1954, Les Lettres de Capri consacre Mario Soldati, qui s'affirme alors comme l'un des plus grands écrivains italiens du siècle. Ce chef-d'oeuvre reçut le prestigieux prix Strega (le Goncourt italien).
Si la structure de l'intrigue est complexe, le montage rigoureux comme celui d'un film, l'écriture est d'une limpidité déroutante - Pasolini parle de sa « légèreté absolue ». Malgré le côté dramatique du sujet, l'auteur s'amuse à analyser les jeux subtils de l'esprit humain. Il y a en lui le sourire omniscient du scientifique, l'ironie légère du joueur qui a gagné et perdu beaucoup d'argent, la séduction de celui qui aime la vie.
« Poésie/Gallimard » est une collection au format poche de recueils poétiques français ou traduits. Chaque volume rassemble des textes déjà parus en édition courante - tantôt du catalogue Gallimard, tantôt du fonds d'autres éditeurs -, souvent enrichis d'une préface et d'un dossier documentaire inédits. Élégant viatique pour les amateurs de poésie, la collection offre des éditions de référence, pratiques et bon marché, pour les étudiants en lettres. Aujourd'hui dirigée par André Velter, poète, voyageur et animateur de plusieurs émissions sur France Culture, la collection reste fidèle à sa triple vocation : édition commentée des « classiques », sensibilité à la création francophone contemporaine (Guy Goffette, Ghérasim Luca, Gérard Macé, Gaston Miron, Valère Novarina...) et ouverture à de nombreux domaines linguistiques (le Palestinien Mahmoud Darwich, le Libanais d'origine syrienne Adonis, le Tchèque Vladimír Holan, le Finnois Pentti Holappa, le Suédois Tomas Tranströmer et récemment l'Italien Mario Luzi, deux mois seulement après sa disparition...).
Pour raconter une bonne histoire, nous dit Borges, il faut avoir deux intrigues, une fausse pour égarer le lecteur au départ, et une vraie qu'il faut garder secrète jusqu'à la fin.
Cette théorie a trouvé en Mario Levrero, grand auteur uruguayen, un illustrateur hors pair. Avec J'en fais mon affaire il nous embarque dans les aventures, à la fois cocasses et étranges, d'un écrivain en déroute chargé d'en retrouver un autre, un certain Juan Pérez, dont on ne connaît que le manuscrit génial et la bourgade d'origine, un lieu paumé où notre enquêteur amateur va aller de découvertes en déconvenues.
Car si les Juan Perez ne manquent pas, ils n'écrivent guère... Persifleur, drôle, bourré de clichés qui font un joyeux feu d'artifice, ce roman a les couleurs de la culture populaire mais les nuances de la littérature insolente.
A la fin des années quarante, Antonio Pellizzari, directeur de la Scala, démissionne pour changer radicalement de vie.
Il transforme sa somptueuse villa en orphelinat et se dévoue corps et âme à cette nouvelle tâche. Le narrateur, qui connaît bien la nature égoïste et rusée de Pellizzari, s'étonne de cette métamorphose. Cette "conversion" est justifiée par la rencontre, aussi touchante qu'invraisemblable, entre Pellizzari et un enfant moribond. Le narrateur ne voit dans ce récit qu'hypocrisie. Au moment de quitter la villa du "père des orphelins", il découvre sur le bureau de son ami, des boutons de manchette identiques à ceux qu'on lui a volés quelques mois plus tôt...
Dès 1926 des milliers d'enfants tsiganes ont été déportés dans des centres « d'accueil » sans jamais revoir leurs parents. L'OEuvre de bienfaisance «Pro Juventute» a agi en toute légalité, soutenue par l'Allemagne nazie. A partir de ces événements, Mario Cavatore construit l'histoire d'un personnage emblématique, Lubo Reinhardt, Tsigane et citoyen suisse dont la femme a été assassinée et les enfants enlevés. Reinhardt décide de se venger : on lui a pris ses enfants, il séduira le plus grand nombre de femmes et donnera naissance au plus d'enfants possible. En eux coulera du sang tsigane : sa communauté ne sera pas anéantie. Le roman se déroule sur trente ans : après le premier geste de Lubo, suit le destin déchirant d'un de ses fils, Hugo, de son demi-frère, Hans, de leur mère et de plusieurs figures importantes.
Le Geste du semeur a été accueilli dans un bel article de Serge Airoldi publié dans Le Matricule des Anges de mai 2011 ; et le centre culturel italien de Paris le classe parmi ses meilleures nouveautés.
15 août 1908, les habitants de Messine en Sicile suivent la procession de la Vierge à travers les rues de la ville en fête. À quelques mètres de là, une jeune servante du baron Torielli est retrouvée égorgée, un bouton de manchette armorié serré dans la main. Ce meurtre est bientôt suivi d'un deuxième. Le lieutenant Marco Sestili et ses carabiniers se lancent dans une enquête compliquée, entre notables, hommes d'affaires, artisans et mafieux, tandis que Messine s'avance inéluctablement vers l'aube noire qui la rayera de la carte...