Dans son nouveau livre, Luciano Canfora établit explicitement le lien entre l'analyse rigoureuse des textes - la philologie - et l'indépendance et la fierté intellectuelle, cette liberté de pensée qui est la grande réalisation de l'époque moderne. En septembre 1943, Pie XII publie une encyclique, Divino afflante spiritu , pour proclamer que la critique des textes dits « sacrés » est une pratique légitime. Cette concession tardive a permis de « dédouaner » la plus subversive des disciplines, la philologie, et a autorisé les chercheurs à soumettre la « parole de Dieu » à une analyse critique. Mais le chemin vers ce document papal historique fut laborieux, dégoulinant de censure et de répression de la liberté de pensée. À travers l'histoire fascinante des disciplines philologiques, des premiers spécialistes de l'Écriture Sainte qui ont osé soumettre des textes intouchables à Érasme de Rotterdam, Spinoza et Giordano Bruno, des obscurs copistes médiévaux qui ont sauvé les grands écrits de l'Antiquité aux philologues de l'époque moderne qui ont rétabli la vérité historique de l'écriture et de la tradition contre les mystifications idéologiques ou religieuses, Luciano Canfora montre comment la philologie est une pratique de la liberté intellectuelle, de l'indépendance de la recherche et du droit des hommes à la vérité contre tout obscurantisme.
Six cent ans après la découverte par Poggio Bracciolini des 7400 vers du De Natura Rerum, qui fut un des coups d'envoi essentiels de l'humanisme de la Renaissance, il fallait la sagacité d'un des plus grands philologues actuels, Luciano Canfora, pour ramener à la lumière la vie du poète et philosophe latin qu'une vétilleuse censure, dès l'Antiquité, a voulu faire disparaître avec l'ensemble de l'épicurisme.
Et si l'on concevait la tâche de l'historien comme l'enquête d'un Sherlock Holmes ? Si la guerre pouvait être assimilée à un crime, les coupables se dissimulant, des alibis étant invoqués, des innocents désignés du doigt ? Dans cet ouvrage - ni «livre édifiant» ni «commémoration» -, Luciano Canfora aborde la guerre non comme un monument, mais comme un événement vivant qu'il s'agirait de retourner dans tous les sens pour comprendre «ce qui s'est vraiment passé». L'enquête menée au fil de ces pages - puisqu'il s'agit bien d'une enquête - se déroule en une vingtaine de courts chapitres, tirés de conférences à la radio publique italienne, à lire d'une traite comme autant de petites histoires. Les idées reçues - surtout celles qui ont cours dans les pays vainqueurs - ne survivent pas à l'examen. La fin ne nous livre pas un unique coupable, mais nous laisse vaccinés contre les reconstructions apologétiques. C'est le livre que doit lire qui veut se faire en quelques pages une idée de la multiplicité des causes et des conjonctures qui ont conduit à la Première Guerre mondiale.
Traduit de l'italien par Leonor Baldaque et Pierre Vesperini.
La marcia del neofascismo italiano verso l’atlantismo più radicale incominciò subito dopo la stipula del patto politico-militare tra gli Stati Uniti e il governo franchista spagnolo. Questo confortevole contesto, collaudato da oltre settant