Devenu le principal porte-parole de l'extrême droite, Éric Zemmour nie pourtant cette filiation et se revendique du général de Gaulle et du RPR. Il se présente aussi sous les traits d'un écrivain féru d'histoire se contentant d'observer les faits.
Une telle posture et une telle prétention à dire le vrai au nom de l'histoire méritaient un examen attentif. Spécialiste de l'extrême droite et du régime de Vichy, Laurent Joly resitue Zemmour dans la tradition politique qui est la sienne, celle du « nationalisme ethnique », né au tournant du XXe siècle et dont les idées ont été portées au pouvoir sous Vichy.
Il montre l'importance pour Éric Zemmour de réécrire l'histoire de Vichy et de la persécution des juifs. Tout son projet vise en effet à rendre possible des politiques disqualifiées depuis les crimes de la collaboration : mettre à bas l'État de droit, stigmatiser des minorités, expulser deux millions d'étrangers et de « mauvais Français »...
Se fondant sur des sources inédites, exhumant des controverses oubliées, Laurent Joly démontre que le discours historique d'Éric Zemmour recycle les justifications de l'extrême droite pétainiste depuis 1945, et qu'il n'hésite pas falsifier les faits et à créer délibérément la confusion, afin d'unir les droites sous l'étendard de l'anti-islamisme. Ce que cet homme dit et écrit sur Pétain, Vichy et la Shoah est révélateur de ce qu'il est, de ce qu'il pense et de ce qu'il veut faire si lui-même ou ses idées arrivaient au pouvoir.
Pourquoi, dès l'été 1940, le régime du maréchal Pétain a-t-il impulsé une politique antisémite ? Dans quelle mesure l'administration a-t-elle collaboré au génocide perpétré par les nazis ? A-t-on « sacrifié » les juifs étrangers pour « sauver » les français ? Quelle a été la responsabilité de la France dans la rafle du Vel' d'Hiv ?
Sur Vichy et la Shoah, on pensait tout savoir. Ce livre démontre qu'il reste encore beaucoup à découvrir. À travers une série de questions clés, Laurent Joly renouvelle profondément l'histoire de la persécution des juifs sous l'Occupation et balaie bien des idées reçues.
S'appuyant sur de nombreuses sources inédites, restituant les marges de manoeuvre des fonctionnaires français - du dirigeant étatique jusqu'au simple gardien de la paix - ainsi que les effets concrets de leurs décisions, Laurent Joly écrit une histoire puissante et incarnée, au plus près des exécuteurs, des victimes et des témoins.
En 1967, Cabu dessine la rafle du Vel d'Hiv à partir du livre événement de Claude Lévy et Paul Tillard. Une série inédite depuis cinquante ans.
Claude Lévy et Paul Tillard, tous deux résistants et anciens déportés, publient La Grande Rafle du Vel d'Hiv', 16 juillet 1942 (Robert Laffont, 1967). Cet ouvrage, qui rassemble documents et témoignages, pointe le rôle de la police française et du gouvernement de Vichy dans la déportation des juifs, et provoque une onde de choc (ce livre a été réédité en Texto, 2020) Le magazine Candide décide d'en publier les bonnes feuilles et fait appel à un jeune dessinateur de 29 ans, Jean Cabut, dit Cabu, pour les illustrer. Cabu est profondément bouleversé par ce qu'il lit : il consacre 16 grandes planches au déroulement de la rafle et dessine les décors, les scènes, les visages, sans rien laisser au hasard. « Toute son âme est là pour raconter cette tragédie » (Véronique Cabut) À l'occasion des 80 ans de la rafle du Vel d'Hiv, Véronique Cabut, son épouse, et Laurent Joly, historien spécialiste de l'Occupation, proposent de redécouvrir ces dessins jamais publiés depuis leur parution dans la presse. Cet ouvrage est aussi un hommage à un dessinateur génial et populaire qui fut l'une des douze victimes de l'attentat djihadiste du 7 janvier 2015 contre la rédaction de Charlie Hebdo.