Pour moi, l'écriture est avant tout un moyen d'agir, une manière de diffuser des idées. Le sort que je réserve à mes personnages n'est guère enviable, parce que ce sont des indésirables, et mon objectif est de faire naître chez le lecteur un sentiment de révolte face à l'injustice de ce qui leur arrive.J. M. G. L. C.
«Mon Alma, Alma des champs et des ruisseaux, des mares et des bois noirs, Alma dans mon coeur, Alma dans mon ventre. Je reste immobile dans le soleil d'or, les yeux levés vers l'intérieur de ma tête puisque je ne peux pas dormir, un jour mon âme va partir par un trou dans ma tête, pour aller au ciel où sont les étoiles.»Voici des histoires croisées, celle de Jérémie, en quête du dodo, l'oiseau jadis exterminé par les humains, et celle de Dominique, alias Dodo, l'admirable hobo, né pour faire rire. Leur lieu commun est Alma, l'ancien domaine des Felsen sur l'île Maurice, que les temps modernes ont changée en Maya, la terre des illusions.
La toute jeune Lalla a pour ancêtres les «hommes bleus», guerriers du désert saharien. Elle vit dans un bidonville, mais ne peut les oublier. La puissance de la nature et des légendes, son amour pour le Hartani, un jeune berger muet, une évasion manquée vers «leur» désert, l'exil à Marseille, tout cela ne peut que durcir son âme lumineuse. Lalla a beau travailler dans un hôtel de passe, être enceinte, devenir une cover-girl célèbre, rien n'éteint sa foi religieuse et sa passion du désert.
Le narrateur Alexis a huit ans quand il assiste avec sa soeur Laure à la faillite de son père et à la folle édification d'un rêve : retrouver l'or du Corsaire, caché à Rodrigues. Adolescent, il quitte l'île Maurice à bord du schooner Zeta et part à la recherche du trésor. Quête chimérique, désespérée. Seul l'amour silencieux de la jeune «manaf» Ouma arrache Alexis à la solitude. Puis c'est la guerre, qu'il passe en France (dans l'armée anglaise). De retour en 1922 à l'île Maurice, il rejoint Laure et assiste à la mort de Mam. Il se replie à Mananava. Mais Ouma lui échappe, disparaît. Alexis aura mis trente ans à comprendre qu'il n'y a de trésor qu'au fond de soi, dans l'amour et l'amour de la vie, dans la beauté du monde.
«Personne n'aurait pu dire d'où venait Mondo. Il était arrivé un jour, par hasard, ici dans notre ville, sans qu'on s'en aperçoive, et puis on s'était habitué à lui. C'était un garçon d'une dizaine d'années, avec un visage tout rond et tranquille, et de beaux yeux noirs un peu obliques. Mais c'était surtout ses cheveux qu'on remarquait, des cheveux brun cendré qui changeaient de couleur selon la lumière, et qui paraissaient presque gris à la tombée de la nuit. [...] Quand il arrivait vers vous, il vous regardait bien en face, il souriait, et ses yeux étroits devenaient deux fentes brillantes. C'était sa façon de saluer. Quand il y avait quelqu'un qui lui plaisait, il l'arrêtait et lui demandait tout simplement:Est-ce que vous voulez m'adopter?»
«Pour rien au monde nous n'aurions manqué cette fête de l'été. Parfois les orages d'août y mettaient fin vers le soir. Les champs alentour avaient été fauchés et la chaleur de la paille nous enivrait, nous transportait. Nous courions avec les gosses dans les chaumes piquants, pour faire lever des nuages de moustiques. Les 2 CV des bonnes soeurs roulaient à travers champs. Les groupes d'hommes se réunissaient pour regarder les concours de lutte bretonne, ou les jeux de palets. Il y avait de la musique de fanfare sans haut-parleurs, que perçaient les sons aigres des binious et des bombardes.»À travers ces «chansons» , J.M.G. Le Clézio propose un voyage dans la Bretagne de son enfance, qui se prolonge jusque dans l'arrière-pays niçois. Sans aucune nostalgie, il rend compte de la magie ancienne dont il fut le témoin, en dépit des fracas de la guerre toute proche, par les mots empruntés à la langue bretonne et les motifs d'une nature magnifique. Le texte est bercé par une douceur pastorale qui fait vibrer les images des moissons en été, la chaleur des fêtes au petit village de Sainte-Marine ou la beauté d 'un champ de blé face à l'océan.
«Awaité Pawana!»John, le matelot de Nantucket, oubliera-t-il jamais le cri lancé par l'homme de vigie des baleiniers? Qu'est devenue la lagune de légende où les géants des mers venaient se cacher? Pourquoi le capitaine Charles Melville Scammon a-t-il tant voulu découvrir ce lieu sans nom aussi vieux que le monde? Comment peut-on détruire ce qu'on aime?Un magnifique récit sur les baleines, l'aventure des hommes et la fragile beauté du monde.
Nouvelle extraite de Désert.
Aux enfants qui s'approchent de sa barque, Naman le vieux pêcheur conte une merveilleuse histoire, celle de Balaabilou qui sauva la belle princesse Leïla d'une mort affreuse et tout son royaume de la sécheresse.
Un récit poétique de J.M.G. Le Clézio superbement illustré par Georges Lemoine.
Dans cet ouvrage très personnel, écrit en hommage aux poètes chinois de l'époque Tang (618-907) - parmi lesquels Li Bai, Du Fu, Wang Wei, Bai Juyi... -, J.M.G. Le Clézio fait revivre ces figures d'une époque troublée, qui aimaient le vin, les femmes, les errances, la nature, le passage des saisons, qui partageaient les souffrances du peuple face à la pauvreté ou à la violence des guerres... Poètes pour lesquels l'homme ne doit pas dominer mais plutôt échanger avec les autres règnes, les animaux, les plantes, l'eau, la terre, les pierres, les nuages, la brume, les astres...
Incursion dans une civilisation qui a ouvert la Chine à la modernité, ce livre singulier et passionnant nous conduit dans la création et l'intimité de ces femmes et de ces hommes qui nous touchent encore aujourd'hui par leur art de vivre, leur élégance et leur intransigeante vérité.