Italo Calvino
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«Si l'on veut bien regarder la terre, il faut se tenir à la bonne distance.» En 1767, à la suite d'une dispute avec ses parents au sujet d'un plat d'escargots qu'il refuse de manger, le jeune Cosimo Piovasco di Rondò grimpe au chêne du jardin familial et n'en redescendra plus. Sautant de branche en branche et d'arbre en arbre, il s'élance à la découverte du monde : il étudie la philosophie, se passionne pour la politique, rencontre des bandits, connaît les joies et les peines d'amour. Et cela sans jamais reposer un pied sur terre, ni revenir sur sa résolution. Sous les apparences d'un conte philosophique, Italo Calvino rend hommage au siècle des Lumières dans un texte débordant d'humour, d'imagination et d'originalité. Le baron perché est le plus connu des trois volets qui composent le cycle Nos ancêtres - comprenant aussi Le vicomte pourfendu et Le chevalier inexistant.
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Alors qu'il se bat contre les Turcs, le vicomte Medardo di Terralba est fendu en deux par un boulet de canon. Seule la moitié droite est retrouvée, soignée et remise sur pied. De retour au château de Terralba, elle se montre vile et cruelle, terrorisant tous les habitants. Quelque temps après, la seconde moitié du vicomte, la gauche, revient sur ses terres, et se révèle aussi bonne et vertueuse que l'autre est méchante. Le curieux face-à-face entre ces deux moitiés du même homme provoque une série de péripéties rocambolesques. Avec un humour inépuisable, Italo Calvino explore la condition de l'homme contemporain et l'état d'incomplétude qui le caractérise. Le vicomte pourfendu est le premier des trois volets qui composent le cycle Nos ancêtres - comprenant aussi Le baron perché et Le chevalier inexistant.
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C'est à sa constante recherche de formes nouvelles, autant qu'à son imagination audacieuse, qu'Italo Calvino romancier - pour ne rien dire du conteur ni de l'essayiste - doit d'occuper une place de premier plan dans la littérature contemporaine. Le goût de l'expérimentation, le refus de se répéter, l'esprit ludique aussi, ont entraîné l'auteur du Sentier des nids d'araignée très loin du "néo-réalisme" de ses débuts : peu d'écrivains ont joué sur une telle variété de registres. On s'étonne, à première vue, que l'auteur du fabuleux Baron perché (1957) soit aussi celui du méditatif Monsieur Palomar (1983), et qu'au réalisme poétique de Marcovaldo (1963) aient succédé les jeux combinatoires des Villes invisibles (1972) et de Si une nuit d'hiver un voyageur (1979). C'est d'une même exigence, pourtant, que procèdent ces oeuvres si diverses. D'un même refus du biographique et de l'autofiction ; d'une même volonté de comprendre la complexité du monde, en rejetant les interprétations univoques ; d'une même conviction que la littérature, si elle se tient à bonne distance, peut intervenir sur la réalité. À sa manière ludique et singulièrement inventive, en associant le sérieux à l'ironie, Calvino outrepasse les frontières traditionnelles du roman : tantôt en réorientant le romanesque vers le conte et la fable, tantôt au contraire en l'associant, en héritier des Lumières, à la recherche scientifique. Imagination et raison, chez Calvino, ont noué une alliance exemplaire.
Yves Hersant -
Édition revue par Mario Fusco
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«Les villes comme les rêves sont construites de désirs et de peurs, même si le fil de leur discours est secret, leurs règles absurdes, leurs perspectives trompeuses, et que chaque chose en cache une autre. - Moi, je n'ai ni désirs, ni peurs, déclara le Khan, et mes rêves sont composés soit par mon esprit soit par le hasard. - Les villes aussi se croient l'oeuvre de l'esprit ou du hasard, mais ni l'un ni l'autre ne suffisent pour faire tenir debout leurs murs.» À travers un dialogue imaginaire entre Marco Polo et l'empereur Kublai Khan, Italo Calvino nous offre un «dernier poème d'amour aux villes» et une subtile réflexion sur le langage, l'utopie et notre monde moderne.
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"Ce qui frappe dans ce roman c'est que la recherche formelle d'un roman sur les romans, qui est l'aventure d'un lecteur, se marie avec le plus grand naturel à une véritable histoire d'amour et de destin. Le traducteur est donc sommé de rester sur la crête : respecter les exigences intellectuelles du créateur, mais satisfaire aussi sa soif de récit. De la même manière, le traducteur ne doit pas essayer de gommer la tonalité singulière d'un texte qui marie le naturel et l'étrange, l'intellectuel et le sensible : le mécanique et le vivant.
Mieux - le maximum de sobriété doit faire éclater la plus grande étrangeté et parfois le plus grand comique."
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Marcovaldo est manoeuvre. Il vit, avec sa femme et ses six enfants, dans une grande ville d'Italie du Nord. Un citadin parmi d'autres. Mais lui est différent. La publicité, le néon, la circulation, il ne les voit pas. Par contre, la moindre manifestation de la nature accroche son regard. Mais a-t-il certains sens atrophiés, ou la nature s'est-elle changée en venant en ville ? Marcovaldo n'arrive pas à retrouver cette nature, si saine, si pure dont il garde le souvenir. Elle est retorse cette nature, surtout en ville ! Marcovaldo l'apprend en vivant une suite d'aventures inattendues et souvent drôles évoquant un Charlot père de famille, en butte aux complexités de notre vie post-industrielle.
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Sous les remparts de Paris, Charlemagne passe en revue les troupes de l'armée de France. S'approchant du chevalier Agilulf Edme Bertrandinet des Guildivernes, il découvre avec surprise que sous l'armure blanche, il n'y a personne. Le chevalier est dépourvu de corps, certes, mais pas de volonté. Tout l'inverse de son écuyer Gourdoulou, dont le corps est bien réel, mais l'esprit complètement dénué de conscience. Entre ces deux pôles opposés, d'autres personnages se cherchent et s'enfuient : Raimbault, jeune intrépide ; Bradamante, fière amazone ; Torrismond, douteur inquiet. Tous sont en proie au même questionnement et au même conflit : que signifie être ? Le chevalier inexistant clôt le cycle Nos ancêtres - qui comprend aussi Le baron perché et Le vicomte pourfendu - bien que, selon l'auteur, il puisse servir tant d'introduction que d'épilogue.
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Nouvelle traduction
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Dans Liguries, on découvre un Calvino arpenteur minutieux des paysages, homme de l'espace et non du temps, animé par une pulsion de voir et de décrire qui fut aussi forte que celle de raconter. Liguries est constitué de cinq proses et d'un ensemble de poèmes (les « Eaux fortes de Ligurie », rédigés pendant la période de la Résistance). Les proses s'étalent de 1945 à 1975 : « Ligurie maigre et osseuse », géographie humaine de la Ligurie comparée à une échelle ; « Sanremo, ville de l'or », qui se penche sur le destin de cette ville vouée à l'argent dans une région de pauvres gens ; « Ligurie », vaste et forte présentation des caractéristiques physiques d'où ressort une impression d'inquiétude et de fragilité de la vie ; « Savona :
Histoire et nature », qui suit le plan de la ville dans l'espace et dans le temps ; et « La mer forme le troisième côté » (sur Gênes) ». A travers les textes qui le composent, Liguries est bien un guide de la Ligurie : de son littoral, de son arrière-pays et de deux de ses principales villes, Gênes et Savone. On y suit cette fine languette de terre qui forme comme un accent circonflexe ou un sourcil sur l'oeil de la mer entre la France et l'Italie. On y découvre l'histoire de cette terre de batailles, on y comprend l'économie et la société ligures. -
Le métier d'écrire : Correspondance (1940-1985)
Italo Calvino
- Gallimard
- Du Monde Entier
- 5 Octobre 2023
- 9782070140060
Plus de trois cents lettres choisies d'Italo Calvino dessinent le portrait complexe et attachant, inattendu et captivant de cet écrivain si bien connu et si secret. Les premières missives de la jeunesse, adressées aux parents et aux amis, laissent progressivement la place aux lettres consacrées au métier d'écrire. C'est que Calvino, par son activité d'écrivain, comme à travers sa profession d'éditeur, n'a cessé de s'adresser aux auteurs et artistes de son temps qu'il lisait et qui le lisaient : Pavese, Vittorini, Morante, Ortese, Pasolini, Antonioni, Sciascia, Moravia, Eco, Magris, et bien d'autres. La vie culturelle et littéraire italienne du siècle dernier nous est ainsi offerte dans ses tensions, ses constructions, ses réalisations. Au fil de ces pages, tout en retrouvant l'intelligence aiguisée de Calvino, sa franchise et son humour, on découvre une existence faite de difficultés et de tentatives, mais aussi de réussites et d'acclamations. On suit encore la vie d'un intellectuel engagé, militant du Parti communiste, enthousiaste d'abord, malheureux ensuite, dissident enfin, dont la vie fut portée par une conviction : la littérature compte, intimement, culturellement, politiquement. La littérature, affirmait-il, «c'est la chose en laquelle je crois encore le plus».
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Le vicomte pourfendu / il visconte dimezzato
Italo Calvino
- Folio
- Folio Bilingue
- 19 Mai 2022
- 9782072961762
Alors qu'il se bat contre les Turcs, le vicomte Medardo di Terralba est fendu en deux par un boulet de canon. Seule la moitié droite est retrouvée. De retour dans son château après avoir été soigné, le vicomte, dépourvu de sa partie gauche, devient vil et cruel, terrorisant tous ceux qu'il croise sur son passage.
À travers ce conte philosophique aux péripéties rocambolesques, Italo Calvino explore la condition de l'homme contemporain avec un humour inépuisable.
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Ces « Six propositions pour le prochain millénaire » qui sont au nombre de cinq (car la dernière n'a pas été achevée) constituent une formidable leçon de littérature, qu'Italo Calvino devait tenir à l'université de Harvard peu avant sa disparition. Elles sont donc son héritage intellectuel et artistique, celui d'un écrivain majeur qui porte un regard à la fois technique, érudit et joyeusement ludique sur son art. Et cet art, selon lui, repose sur cinq piliers : légèreté, rapidité, exactitude, visibilité et multiplicité.
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'Chaque récit "cosmicomique" s'ouvre sur un passage tiré d'un ouvrage scientifique, comme s'il était présenté par la voix off d'un savant conférencier. Mais, très vite, la conférence scientifique est interrompue par quelqu'un dans le public qui lance une
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"L'un des convives amena vers lui les cartes éparses, débarrassant ainsi une bonne partie de la table ; mais il ne les rassembla pas en un seul paquet ni ne les battit ; il prit une carte, et la posa devant lui. Nous notâmes tous la ressemblance de son visage avec celui de la figure peinte : il nous parut qu'avec cette carte il voulait dire "je" et qu'il s'apprêtait à nous raconter son histoire." Pour Italo Calvino, la contrainte est créatrice. Voici qu'avec des cartes de tarot, il nous raconte la vie de personnages rendus muets. Un tour de passe-passe digne d'un magicien pour un hommage savoureux aux grands mythes littéraires, à la puissance de l'imagination.
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Italo Calvino a fouillé dans la mémoire des régions italiennes, dont il a souvent transcrit ou réécrit le patois pour constituer ce recueil de contes. Travail de chercheur, d'ethnographe et surtout d'écrivain qu'il aborda avec curiosité pour se trouver jeté dans le monde fantastique du merveilleux populaire italien. Entre ironie et poésie, ces textes courts sont souvent de petites fables philosophiques qui s'adressent plus aux adultes qu'aux enfants.
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'- Le vote est nul! Elle a montré son bulletin!
Le président déclara qu'il n'avait rien vu, quant à lui.
- Retournez dans l'isoloir, pliez bien votre bulletin, faites attention, dit-il à la vieille.
À l'adresse de la scrutatrice, il ajouta :
- Il fau
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À travers cinq récits autobiographiques, Italo Calvino s'interroge sur le fonctionnement mystérieux des souvenirs. Un lieu, une sensation suffisent parfois à les réveiller. Au fil des pages, l'auteur se remémore les moments passés avec son père ; l'évasion tant convoitée que lui offrait le cinéma de sa jeunesse ; une bataille nocturne sous la Résistance ; ou encore, le rituel social entourant la corvée des ordures ménagères. Une investigation poétique sur la forme du monde conclut cette anthologie.
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Nous sommes en Italie en pleine Seconde Guerre mondiale. Pin n'est qu'un enfant mais ses seuls copains sont les adultes : les habitués du café du coin d'une petite ville côtière. S'il aime se moquer d'eux, leur chanter des chansons, il n'irait jamais leur confier son secret : l'endroit où les araignées pondent leurs oeufs. Le vol d'un revolver allemand le conduira dans les brigades garibaldiennes. Et s'il y trouvait enfin un véritable ami ? Avec Le sentier des nids d'araignée, son premier roman, Italo Calvino évoque son expérience concrète de la Résistance. En suivant le parcours d'un gamin audacieux, il prend le contre-pied de l'hagiographie pour dresser le portrait picaresque d'une époque et nous offrir un merveilleux récit d'apprentissage.
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Client fin de siècle d'une parfumerie des Champs-Élysées, un homme part à la recherche d'une fragrance unique, celle d'une femme masquée entrevue dans un bal... Un couple, en voyage au Mexique, ne communie plus au lit mais dans les nourritures exotiques,
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'Si tout le monde bâtit, pourquoi ne pas bâtir nous aussi?' Dans les petites villes de la Riviera, en pleines années 1950, les immeubles modernes se multiplient, au grand dam de l'ancienne bourgeoisie locale. Contraint de vendre une parcelle du terrain f
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Nino, un jeune mécanicien quitte sa Ligurie natale pour devenir ouvrier à Turin dans l'après-guerre. Là, il découvre la politique et les luttes : les convictions et les doutes. Il tombe amoureux de Giovanna, une jeune fille de la bonne bourgeoisie qui le fait tourner en bourrique. Comme Hercule à la croisée des chemins, il hésite sur la voie à suivre. Il fait part de ses doutes dans des lettres à Nanin, resté au pays, homme de la nature et de la fatalité. La lutte politique et les intermittences de l'amour déterminent le rythme fatal du récit comme les aventures de la liberté. Histoire d'une éducation à la fois politique et sentimentale, Les jeunes du Pô est un roman d'Italo Calvino que très peu de lecteurs connaissent. Il n'a jamais été publié à lui seul en volume, ni en Italie ni ailleurs. Entre 1948 et 1951, Calvino, écrivain engagé et membre du Parti communiste, cultive l'ambition d'écrire un roman sur la classe ouvrière et la civilisation industrielle. Après avoir abandonné en cours de route plusieurs ébauches de narration, il achève la rédaction de ce court roman, dont il n'est pas satisfait. Au moment où il renonce à le publier, il écrit d'un seul jet Le Vicomte pourfendu, qui inaugure un nouveau genre entre la fable et le récit fantastico-philosophique. Six ans plus tard, en 1957, Pier Paolo Pasolini propose à Calvino de faire paraître Les jeunes du Pô, jusque-là resté inédit, dans sa revue Officina. Calvino accepte, mais il tient à préciser dans une « Note » qu'il considère ce roman comme un échec. Malgré le jugement sévère de son auteur, Les jeunes du Pô mérite d'être enfin connu des lectrices et des lecteurs de Calvino, qui y retrouveront beaucoup de ses thèmes majeurs : le travail, l'amour, la ville, la nature, la politique et la recherche d'une vie harmonieuse. C'est le roman des possibles et des refus ; des espérances et des déceptions : des illusions perdues. C'est le roman du fleuve aussi. Le Pô de Calvino, c'est la colline de Pavese...
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