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«Une fois interrompue la série des naissances, j'étais un rameau sans bourgeon ou, comme dit un de mes amis pêcheurs : un rocher qui ne fait pas de patelles.
Je te parle à toi ce soir qui n'est même pas celui-ci. C'est un soir.
Toi, tu es là, plus vrai, plus proche et consistant que le plafond. Je te parle à toi et non à moi-même.
Je le sais parce qu'avec moi je parle napolitain.» Un soir d'orage, un homme - qui ressemble beaucoup à l'auteur - est assis à une table, chez lui. Éclairé par le feu de la cheminée, il est en train de lire un livre pour enfants, Pinocchio. Dans la pénombre, une présence évanescente apparaît à ses côtés, qui évoque le profil du fils qu'il n'a jamais eu. L'homme imagine lui raconter sa vie : Naples, la nostalgie de la famille, la nécessité de partir, l'engagement politique. À travers cette voix paternelle, ce fils spectral assume progressivement une consistance corporelle. La confession devient confrontation, la curiosité se transforme en introspection, le monologue évolue en dialogue, au cours duquel un père et un fils se livrent sans merci.
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Tous les matins, la tête vide et lente, j'accueille les paroles sacrées.
Pour moi, les comprendre ce n'est pas les saisir, mais être rejoint par elles, être calme au point de se laisser agiter par elles, dépourvu d'intention au point de recevoir la leur, insipide au point d'être salé par elles. Ainsi, suis-je devenu un hôte chez moi des paroles de l'Ecriture sainte. Je restitue en désordre une infime partie du don de pouvoir la fréquenter. Erri De Luca
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«Un enfant dyslexique dessine minutieusement des pages de monstres. Leur donner une forme en réduit l'immensité, l'intensité et l'angoisse. La feuille les emprisonne avec ses bords. Plus ils sont nets, mieux ils sont domptés.»Inspiré par ces diables gardiens de l'enfance, l'artiste et architecte Alessandro Mendini exécute à son tour une série de dessins. Dans un jeu d'improvisation où de l'image surgit la parole, Erri De Luca compose face à ces trente-cinq planches autant de textes qui leur répondent. De la rencontre de ces deux personnalités naît un compagnonnage inventif entre l'artiste et l'écrivain.
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Dans les Alpes italiennes, un chamois domine sa harde depuis des années. D'une taille et d'une puissance exceptionnelles, l'animal pressent pourtant que sa dernière saison en tant que roi est arrivée, sa suprématie est désormais menacée par les plus jeunes. En face de lui, un braconnier revenu vivre en haute montagne, ses espoirs en la révolution déçus, sait lui aussi que le temps joue contre lui. À soixante ans passés, sa dernière ambition de chasseur sera d'abattre le seul animal qui lui ait toujours échappé, ce chamois à l'allure majestueuse.
Erri De Luca nous parle de la montagne, de la solitude et du désir pour affirmer plus que jamais son talent de conteur, hors du temps et indifférent à toutes les modes littéraires. À la beauté du texte s'allie l'élégance du dessin d'Andrea Serio.