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'À travers l'écriture, je m'approche du moi-même d'il y a cinquante ans, pour un jubilé personnel. L'âge de dix ans ne m'a pas porté à écrire, jusqu'à aujourd?hui. Il n'a pas la foule intérieure de l'enfance ni la découverte physique du corps adolescent. À dix ans, on est dans une enveloppe contenant toutes les formes futures. On regarde à l'extérieur en adultes présumés, mais à l'étroit dans une taille de souliers plus petite.' Comme chaque été, l'enfant de la ville qu'était le narrateur descend sur l'île y passer les vacances estivales. Il retrouve cette année le monde des pêcheurs, les plaisirs marins, mais ne peut échapper à la mutation qui a débuté avec son dixième anniversaire. Une fillette fait irruption sur la plage et le pousse à remettre en question son ignorance du verbe aimer que les adultes exagèrent à l'excès selon lui.
Mais il découvre aussi la cruauté et la vengeance lorsque trois garçons jaloux le passent à tabac et l'envoient à l'infirmerie le visage en sang. Conscient de ce risque, il avait volontairement offert son jeune corps aux assaillants, un mal nécessaire pour faire exploser le cocon charnel de l'adulte en puissance, et lui permettre de contempler le monde, sans jamais avoir à fermer les yeux.
Erri De Luca nous offre ici un puissant récit d'initiation où les problématiques de la langue, de la justice, de l'engagement se cristallisent à travers sa plume. Arrivé à l''âge d'archive', il parvient à saisir avec justesse et nuances la mue de l'enfance, et ainsi explorer au plus profond ce passage fondateur de toute une vie.
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Quelque part dans les Alpes italiennes, un chamois domine sa harde depuis des années. D'une taille et d'une puissance exceptionnelles, l'animal pressent pourtant que sa dernière saison en tant que roi est arrivée, sa suprématie est désormais menacée par les plus jeunes. En face de lui, un braconnier revenu vivre en haute montagne, ses espoirs en la Révolution déçus, sait lui aussi que le temps joue contre lui. À soixante ans passés, sa dernière ambition de chasseur sera d'abattre le seul animal qui lui ait toujours échappé malgré son extrême agilité d'alpiniste, ce chamois à l'allure majestueuse. Et puis, face à ces deux forces, il y a la délicatesse tragique d'une paire d'ailes, cette «plume ajoutée au poids des ans». Le poids du papillon, récit insolite d'un duel entre l'homme et l'animal, nous offre une épure poétique d'une très grande beauté. Erri De Luca condense ici sa vision de l'homme et de la nature, nous parle de la montagne, de la solitude et du désir pour affirmer plus que jamais son talent de conteur, hors du temps et indifférent à toutes les modes littéraires.
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Nous sommes à Naples, dans l'immédiat après-guerre.
Un jeune orphelin, qui deviendra plus tard le narrateur de ce livre, vit sous la protection du concierge, don Gaetano. Ce dernier est un homme généreux et très attaché au bien-être du petit garçon, puis de l'adolescent. Il passe du temps avec lui, pour parler des années de guerre et de la libération de la ville par les Napolitains ou pour lui apprendre à jouer aux cartes. Il lui montre comment se rendre utile en effectuant de menus travaux et d'une certaine façon, il l'initie même à la sexualité en l'envoyant un soir chez une veuve habitant dans leur immeuble.
Mais don Gaetano possède un autre don : il lit dans les pensées des gens, et il sait par conséquent que son jeune protégé reste hanté par l'image d'une jeune fille entraperçue un jour derrière une vitre, par hasard, lors d'une partie de football dans la cour de l'immeuble. Quand la jeune fille revient des années plus tard, le narrateur aura plus que jamais besoin de l'aide de don Gaetano. Dans la veine de Montedidio, ce nouveau livre du romancier italien s'impose comme un très grand roman de formation et d'initiation.
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«Je comprenais mal pourquoi la virilité devait ignorer la douleur. Je la voyais appliquée aux hommes, j'essayais de la reproduire quand mon tour venait. Lorsque j'arrivai sur la plage, mon effort pour me taire m'avait donné de la fièvre et Daniele montra à tout le monde la gloire de ma blessure. La curiosité d'une jeune fille jamais vue jusque-là, le contact de ses mains avec la mienne pleine de trous, chassèrent ma douleur de là aussi. Elle s'appelait Caia.» Années cinquante, sur une île de pêcheurs. Un garçon de seize ans passe l'été dans la famille de son oncle. Il y côtoie un groupe de jeunes gens, dont Daniele, son cousin, et Caia, une mystérieuse jeune femme d'origine juive. Cette rencontre décisive va amorcer en lui une prise de conscience de la complexité de la condition humaine.
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Tous les matins, la tête vide et lente, j'accueille les paroles sacrées.
Pour moi, les comprendre ce n'est pas les saisir, mais être rejoint par elles, être calme au point de se laisser agiter par elles, dépourvu d'intention au point de recevoir la leur, insipide au point d'être salé par elles. Ainsi, suis-je devenu un hôte chez moi des paroles de l'Ecriture sainte. Je restitue en désordre une infime partie du don de pouvoir la fréquenter. Erri De Luca
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« La grâce, c'est la force surhumaine d'affronter le monde seul, sans effort, de le défier en duel tout entier sans même se décoiffer. C'est un talent de prophète. C'est un don et toi tu l'as reçu. Tu es pleine de grâce. » Erri De Luca s'empare de l'histoire la plus connue de l'humanité, et l'articule autour de la figure de Marie. Ou plutôt de Miriàm, une simple jeune femme juive, fiancée à Iosef quand elle tombe enceinte, et qui sait ce que cette grossesse avant le mariage signifie aux yeux de la Loi. Sous la plume du romancier italien, l'histoire de la Nativité trouve un ancrage nouveau dans le contexte hébraïque, et se fait éloge d'un corps et d'une âme, ceux d'une mère...
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Dans un village au pied de la montagne, un homme vit de ce qu'il trouve dans la nature et de petites rénovations de sculptures. De temps à autres, il fait aussi passer la frontière à des réfugiés. Mais bientôt, l'aide qu'il apporte à ces voyageurs d'infortune commence à s'ébruiter, ce qui le pousse à quitter son village pour retrouver l'anonymat et l'humilité dont il est coutumier. Il se voit alors proposer une tâche bien particulière : restaurer une croix de marbre, révéler la « nature » qui se cache sous le pagne du Christ. L'artisan, transcendé par l'oeuvre, s'engage dans une quête d'identification, de compassion, de crainte et de tremblement.
Réflexion sur le sacré et le profane, sur l'art et la miséricorde, La nature exposée est un roman dense et puissant, dans lequel Erri De Luca souligne plus que jamais le besoin universel de solidarité.
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On part en montagne pour éprouver la solitude, pour se sentir minuscule face à l'immensité de la nature. Nombreux sont les imprévus qui peuvent se présenter, d'une rencontre avec un cerf au franchissement d'une forêt déracinée par le vent.Sur un sentier escarpé des Dolomites, un homme chute dans le vide. Derrière lui, un autre homme donne l'alerte. Or, ce ne sont pas des inconnus. Compagnons du même groupe révolutionnaire quarante ans plus tôt, le premier avait livré le second et tous ses anciens camarades à la police. Rencontre improbable, impossible coïncidence surtout, pour le magistrat chargé de l'affaire, qui tente de faire avouer au suspect un meurtre prémédité.Dans un roman d'une grande tension, Erri De Luca reconstitue l'échange entre un jeune juge et un accusé, vieil homme «de la génération la plus poursuivie en justice de l'histoire d'Italie». Mais l'interrogatoire se mue lentement en un dialogue et se dessine alors une riche réflexion sur l'engagement, la justice, l'amitié et la trahison.
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"Une vie d'homme dure autant que celle de trois chevaux." Trois chevaux, trois vies. La première, le narrateur l'a vécue en Argentine, où il avait suivi Dvora . "Je suis ici depuis des années pour aimer une femme et maintenant je suis en guerre".
Lorsque sa femme disparaît, victime de la dictature militaire, abattue et jetée d'un hélicoptère au fond de la mer, il fuit, se terre, s'est embarqué, a travaillé, et a fini par regagner sa terre natale, l'Italie. La seconde, c'est sa rencontre, lui devenu un jardinier solitaire et silencieux, avec Làila, une femme "qui va avec des hommes pour de l'argent", dont il tombe amoureux.
À nouveau la menace, à nouveau la mort... Le récit s'achève tandis que la troisième vie du narrateur s'apprête à débuter... elle reste à raconter, à vivre.
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Le poids du papillon ; il peso della farfalla
Erri De Luca
- Folio
- Folio Bilingue
- 5 Février 2015
- 9782070461424
Dans les Alpes italiennes, sur la corne gauche du roi des chamois s'est posé un papillon blanc. L'animal sait que ce sera son dernier hiver, que le chasseur va le retrouver.
De leur face-à-face, Erri de Luca tire une fable philosophique au style épuré qui, une fois de plus, confirme son talent.
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Pas ici, pas maintenant ; non ora, non qui
Erri De Luca
- Folio
- Folio Bilingue
- 4 Février 2010
- 9782070304639
Préface inédite de l'auteur
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Aller simple ; l'hôte impenitent
Erri De Luca
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 25 Février 2021
- 9782072879074
Parions que les lecteurs assidus d'Erri De Luca ne s'étonneront pas de son entrée dans la collection Poésie/Gallimard tant sa prose déjà signale constamment en lui le poète. Le présent volume qui reprend les poèmes d'Aller simple (Du monde entier) auxquels nous avons adjoint L'hôte impénitent dans son intégralité, donnera en outre à lire des poèmes inédits spécialement choisis par l'écrivain pour cette édition. Si Aller simple évoque d'abord l'épopée tragique des migrants qui tentent de rejoindre le sol italien et le destin des désespérés qui affrontent la violence de la mer et de l'indifférence, on y lira bien plus qu'un plaidoyer militant. La poésie de De Luca, portée par son humanisme engagé, proche dans sa sobriété et sa ferme clarté de celle de Primo Levi par exemple, trouve aussi son propos, comme son oeuvre en prose, dans l'évocation de la guerre, de l'amour, de la liberté perdue, de la terre d'Italie et n'exclut pas l'expression heureuse de l'existence dans sa sensualité.
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Dans un quartier populaire de Naples appelé Montedidio, littéralement « la montagne de Dieu », un garçon de treize ans décide d'abandonner l'école pour entamer un apprentissage chez un menuisier, mast'Errico. Dans son atelier, il fait la connaissance de Rafaniello, un cordonnier juif rescapé de la Shoah doté d'une grande sagesse, avec lequel il se lie d'amitié. Confronté à la dureté du monde des adultes, le jeune garçon rêve secrètement de s'envoler loin de Montedidio. Cloué au sol, il réussit malgré tout à s'évader à travers l'écriture : il couche sur le papier ses joies et ses peines, les étranges sensations qu'il éprouve face à son corps d'enfant qui se transforme en celui d'un homme, son amitié avec Rafaniello, et surtout son éveil à l'amour après sa rencontre avec la belle Maria.
Un roman d'apprentissage bouleversant et poétique qui a été couronné par le prix Femina étranger en 2002.
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«Je monte sur la passerelle, je ne pense à personne, je suis la dernière feuille de l'arbre et je me détache sans être poussé. Je ne pense pas à la jeune fille aimée, suivie jusqu'à faire partie de son pays. Maintenant je sais qu'elle est au fond de la mer, jetée au large du haut d'un hélicoptère, les mains attachées. A vécu pour moi, est morte pour offrir des yeux aux poissons.» Le narrateur, Italien émigré en Argentine par amour, retourne ainsi au pays. En Argentine, sa femme a payé de sa vie leur combat contre la dictature militaire. Lui, le rescapé, a appris que la vie d'un homme durait autant que celle de trois chevaux. Il a déjà enterré le premier, en quittant l'Argentine. Il travaille comme jardinier et mène une vie solitaire lorsqu'il rencontre Làila, qui «va avec des hommes pour de l'argent», et dont il tombe amoureux. Il prend alors conscience que sa deuxième vie touche aussi à sa fin, et que le temps des adieux est révolu pour lui. Récit dépouillé à l'extrême, Trois chevaux évoque la dictature argentine, la guerre des Malouines, l'Italie d'aujourd'hui. Puis, à travers une narration à l'émotion toujours maîtrisée, où les gestes les plus simples sont décrits comme des rituels sacrés, et où le passé et le présent sont étroitement imbriqués, pose la question des choix existentiels que nous sommes amenés à faire - partir, rester, tuer, laisser vivre - et interroge la notion de destin.
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«Dans ces pages, je réunis des histoires extrêmes de parents et d'enfants. J'en suis à moitié étranger : n'étant pas père, je suis resté nécessairement fils.» Autour de ce sujet très personnel de la filiation, devenu avec le temps un motif récurrent de son oeuvre littéraire, Erri De Luca compose un thème et des variations pleins de finesse. On y croise de jeunes vagabonds napolitains, la fille d'un nazi en cavale, la jeunesse révoltée de Mai 68 ou encore le directeur d'un orphelinat de Varsovie. Erri De Luca mêle dans ces récits l'intime à l'universel, et pose un regard riche et même poétique sur les rapports entre parents et enfants.