Pinocchio, c'est le nom du pantin de bois fabriqué par le menuisier Geppetto. Un pantin qui s'anime aussitôt et qui, grisé d'être vivant, part aussitôt sur les chemins pour jouir de sa liberté. Mais le monde est plein de trompeurs et de pièges quand on est une créature naïve et inexpérimentée... Avec l'aide de la Fée bleue, Pinocchio parviendra-t-il enfin à devenir le vrai et bon petit garçon dont rêve le vieux Geppetto ?
Du XIVe au XVIIe siècle, dans toute l'Europe, des femmes et des hommes accusés de sorcellerie ont raconté s'être rendus au sabbat : là, de nuit, en présence du diable, on se livrait à des orgies et à la profanation des rites chrétiens.
D'où vient le sabbat ? Les accusés se sont-ils laissé extorquer le récit que leurs juges attendaient d'eux ? Selon Carlo Ginzburg, pas toujours. Dans quelques cas, l'écart entre les questions des juges et les réponses des accusés laisse affleurer des éléments liés à un fond culturel plus enfoui. L'historien italien entreprend alors de recomposer les pièces dispersées de cette histoire nocturne.
L'enquête dessine à la fin du Moyen Âge la place du complot ourdi en son sein par les ennemis de la chrétienté et met au jour les traces d'une culture chamanique. Un programme ambitieux mais aussi une rigoureuse leçon d'historiographie.
«Le Christ s'est arrêté à Éboli», disent les paysans de Gabliano, petit village de Lucanie, tellement ils se sentent abandonnés, misérables. L'auteur, antifasciste, a vécu là, en résidence surveillée, de 1935 à 1936. L'histoire de son séjour forcé parmi ces gens frustes et douloureux a été un des grands événements de la littérature italienne.
Qu'est-ce que le temps ? C'est à cette question fascinante que le physicien italien Carlo Rovelli a consacré sa vie de chercheur. Se hissant sur les épaules d'Isaac Newton, d'Albert Einstein, de Stephen Hawking et de bien d'autres, il nous livre ses découvertes dans ce livre majeur.
Le temps est au coeur d'un étrange mystère. Tel un flocon de neige, il est insaisissable : on sait dorénavant qu'il s'écoule plus lentement en plaine qu'en altitude ; qu'à l'échelle des étoiles et des planètes, il varie d'un point à l'autre.
Que reste-t-il de tangible dans ces décombres ? Et comment construire une théorie du temps qui colle à notre perception, mais aussi à l'analyse des philosophes et aux fulgurances des poètes ? Voilà le défi brillamment relevé par Carlo Rovelli au fil des pages. Émerge alors un paysage d'une beauté inouïe où, pour la première fois, le temps retrouvé surgit de façon naturelle...
«Il était environ trois heures du matin lorsque le résultat de mes calculs apparut devant moi. Agité, je quittai la maison et me mis à marcher dans la nuit. Après avoir grimpé au sommet d'un rocher surplombant la mer, j'attendis le lever du soleil. J'étais profondément troublé. J'avais la sensation de regarder, à travers la surface des phénomènes, vers un intérieur d'une étrange beauté.»Été 1925. Isolé sur l'île perdue d'Helgoland en mer du Nord, Werner Heisenberg a un éclair de génie:l'idée qui fonde la théorie des quanta. Avec Paul Dirac, Wolfgang Pauli et d'autres (très) jeunes physiciens, il en deviendra l'un des pères. Un siècle plus tard, la théorie fonctionne à merveille puisqu'elle rend compte du monde, de la couleur du ciel aux neurones de notre cerveau, en passant par le fonctionnement de nos ordinateurs et l'origine des galaxies. Son sens profond, en revanche, nous échappe toujours...Dans son nouvel opus, Carlo Rovelli se fait volontiers passeur pour mieux nous raconter la «quantique» et en proposer aussi son interprétation personnelle, fruit d'une vie de recherche. Avec ce merveilleux message:la réalité est profondément différente de ce que nous imaginons.
Le poids d'un mot, étudié, soupesé, traqué comme une source, en dit plus sur le destin de la politique moderne que bien des généralités censées se dégager des évolutions.
Ainsi l'historien Carlo Ginzburg aborde-t-il ici la modernité politique - le découplage supposé du politique et du théologique -, en lisant de façon rapprochée, en philologue, Machiavel et Pascal.
L'ouvrage nous livre une série d'éclairages nouveaux sur une manière de penser la règle et l'exception, à l'épreuve des faits.
Au moment où sont développées des histoires mondiales, des histoires décentrées, qui nous permettent de penser le monde globalisé, Ginzburg insiste sur l'attention nécessaire et féconde qu'il convient d'accorder aux singularités, à travers l'examen précis des cas et l'étude philologique des textes.
À l'heure où l'on déplore que les intellectuels n'orientent plus la vie politique (en supposant confusément qu'ils le firent par le passé), à l'heure où semble s'imposer une vision « machiavélienne » selon laquelle les plus forts dictent le droit au nom d'un réalisme implacable, la leçon de Carlo Ginzburg est précieuse.
Penser, ce n'est pas reformuler les réponses de l'opinion, c'est changer de questionnement.
Chronologie, notes et bibliographie par Jean-Claude Zancarini Présentation . La naissance de Pinocchio . Les deux âmes de Pinocchio . Le père de Pinocchio :
Un homme de métier . La bibliothèque de Pinocchio . Quand cesse la duplicité...
Traité d'éducation, conte édifiant ou «gaminerie» divertissante ? Pinocchio ne se réduit pas à une seule lecture et il faut en apprécier les contradictions, les hésitations, les revirements.
Il s'agit bien d'«aventures» : quitter la certitude affective du foyer, courir vers l'inconnu, risquer jusqu'à sa vie. Si Pinocchio parvient à devenir un «petit garçon comme il faut», ce n'est pas sans quelques détours subversifs...
Dossier . La vie d'un artisan de la plume . Lectures critiques de Pinocchio . Le Pinocchio de Walt Disney
L'univers est gouverné par une loi générale de la putréfaction. Dieu, les anges et toutes les créatures naissent du chaos, comme les vers apparaissent à la surface du fromage. Nous sommes des dieux, et tout est Dieu : le ciel, la terre, l'air, la mer, les abîmes et l'enfer...
Tel est le credo qu'un certain Menocchio, meunier du Frioul dans l'Italie du XVIe siècle, eut à défendre devant le Saint-Office avant de périr sur le bûcher. Lecteur infatigable, exégète à ses heures, hérétique malgré lui, il s'était constitué une bibliothèque au hasard des rencontres, hors de toute discipline culturelle, prélevant librement dans les textes, élaborant sa propre vision du monde.
Avec cette étude magistrale, devenue un classique de l'historiographie, Carlo Ginzburg inventait la micro-histoire et renouvelait la connaissance d'un monde resté longtemps mystérieux, celui de la culture populaire.
« Dantesque » : voilà comment, en français, l'usage a résumé le caractère sombre, terrifiant et tout à la fois sublime de l'oeuvre de Dante Alighieri (1265-1321). Encore ce jugement ne s'applique-t-il qu'à la Divine Comédie, car Dante est également l'auteur de la Vie nouvelle, des Rimes, d'un traité De l'éloquence en vulgaire, d'un Banquet et de la Monarchie. Baudelaire le savait : « Un des caractères principaux du grand peintre est l'universalité. - Ainsi le poète épique, Homère ou Dante, sait faire également bien une idylle, un récit, un discours, une description, une ode, etc. » Après avoir retracé la vie de celui que l'on considère comme le « père de la langue italienne », Carlo Ossola passe en revue toutes ces manifestations du génie de Dante, consacrant naturellement une large part de son propos à la Divine Comédie, sommet de la littérature médiévale. Car ce sont bien dans les tercets où Dante, en compagnie de Virgile, nous conduit de l'Enfer au Paradis en passant par le Purgatoire que sont mis en scène les universaux, physiques et métaphysiques, chers à la tradition aristotélicienne, et légués par cette voie (et cette voix) à la pensée et à l'histoire de toute la chrétienté.
« Les catastrophes inopinées ne sont jamais la conséquence ou l'effet, si l'on préfère, d'un motif unique, d'une cause au singulier : mais elles sont comme un tourbillon, un point de dépression cyclonique dans la conscience du monde, vers lequel ont conspiré toute une multiplicité de mobiles convergents. » Dans un immeuble cossu de via Merulana à Rome, les bijoux d'une comtesse vénitienne ont été dérobés ; et voilà qu'on retrouve la belle Liliana Balducci sauvagement assassinée. Les enquêteurs sont sur les dents... Mais pour le nonchalant commissaire don Ciccio, chaque effet a une multitude de causes, et chaque cause en cache d'autres. L'enquête prend son temps et sillonne, bouillonnante comédie humaine, les dédales de la Ville éternelle...
Notre époque, fascinée par les mythes d'Ulysse, par les emblèmes de la sagesse active, a un peu oublié les vertus passives : la patience, le renoncement, le détachement, la pure perte de soi. Non plus la prise, mais la déprise de Roland Barthes, l'abandon, le détachement de Maître Eckhart, le fait de se laisser aller en soi, au repos de soi, de faire le vide et le silence à l'intérieur et à l'entour. Le lieu en nous où cesse toute arrogance, où l'on accède sur la pointe des pieds, l'existence minimale accueillie avec une juste retenue. La pure perte est telle seulement si elle garde mémoire non de la perte mais de la pureté absolue de cet effacement sans traces.
Comment évaluer l'impact de la stupidité humaine sur nos destins personnels et sur l'ensemble de la société ? Vaste question à laquelle l'historien Carlo Maria Cipolla décida en 1976 de répondre par un bref essai au ton éminemment scientifique.
Au ton et seulement au ton : car derrière la rhétorique académique se cache un texte désopilant, qui ressortit au genre " pseudo-scientifique ", comme en son temps le célèbre Cantatrix Sopranica de Georges Perec, ou aujourd'hui les très sérieuses recherches de Jean-Baptiste Botul.
Diffusé en 1976 aux États-Unis sous la forme d'une édition limitée et numérotée, Les lois fondamentales de la stupidité humaine a été publié en italien en 1988 (dans un recueil générique intitulé Allegro ma non troppo), et pour la première fois dans sa langue originale, l'anglais, à l'automne 2011.
Dans les campagnes du Frioul, entre le XVIe et le XVIIe siècle, d'étranges récits attirent l'attention des autorités religieuses. Les membres d'une mystérieuse confrérie, nommés benandanti, racontent se battre à coups de branches de fenouil contre de méchants sorciers armés de tiges de sorgho. L' issue de ces combats, qui se déroulent en rêve, est déterminante pour les récoltes : selon que les uns ou les autres l'emportent, l'année qui vient sera prospère ou frappée par la famine.
L'Église est prise de court face à ces phénomènes : elle ne comprend pas ces pratiques à demi païennes. Les inquisiteurs tentent de faire avouer aux benandanti que ces «batailles nocturnes» sont une réédition du classique sabbat...
En examinant, à la lumière des archives de l'Inquisition, le décalage entre les propos des juges et ceux des accusés, Carlo Ginzburg ouvrait la voie à un renouveau de l'historiographie - à la fois par ses hypothèses inédites sur les origines de la sorcellerie et par son choix de faire entendre les voix, longtemps ignorées, des persécutés.
Dans une Amérique du Sud derrière laquelle percent les Préalpes de l'Italie du Nord, l'extraordinaire portrait de l'ingénieur-hidalgo Gonzalo Pirobutirro d'Eltino, de ses fureurs contre sa mère et sa maison, de sa voracité rabelaisienne et de son désespoir profond.
Un des grands livres du XXe siècle.
Dans l'italie du xviiie siècle, la jolie mirandoline séduit par sa joie de vivre tous les voyageurs qui s'arrêtent dans son auberge - tous, sauf le sombre chevalier de ripafratta qui semble indifférent à ses charmes.
Mais mirandoline n'a pas dit son dernier mot... une comédie enlevée et pleine d'humour.
Il n'est pas question ici des grandes vertus héroïques qui demandent de l'abnégation et qui participent du sublime.
Les « vertus communes » concernent notre vie quotidienne, et leur vocabulaire est minime : ne pas peser sur la terre, s'en tenir à la discrétion de ne pas apparaître, à cette retenue pleine d'empressement qui est le centre de la vie sociale.
Carlo Ossola nous invite à parcourir un chemin de sagesse en faisant halte auprès de douze petites vertus : l'affabilité, la discrétion, la bonhomie, la franchise, la loyauté, la gratitude, la prévenance, l'urbanité, la mesure, la placidité, la constance, la générosité, qu'il est bon d'exercer chaque jour, au travail, dans la vie familiale, et avec nous-mêmes. Pour guider chacun à faire de sa vie ordinaire une vie heureuse.
Avec les mots de l'écrivain, le talent du poète, Carlo Rovelli nous fait apercevoir le mystère du monde, la beauté du monde, une beauté à couper le souffle.
Ces « sept leçons » donnent un aperçu rapide des aspects les plus importants et fascinants de la grande révolution qui a bouleversé la physique au XXe siècle, et surtout des questions et des mystères que cette révolution a soulevés.
Elles nous emmènent dans le monde enchanté des grandes idées de la physique actuelle : de la relativité générale d'Einstein à la physique quantique, des particules élémentaires à l'architecture de l'Univers, de la gravité quantique à la nature du temps et de la conscience.
Un éblouissement !
Traduit en vingt-quatre langues, les Sept brèves leçons de physique sont un best-seller mondial.
Fine di questa edizione e di questo commento è avvicinare il lettore a un testo affidabile di Pinocchio e insieme favorire la sua libera lettura con l'offrirgli chiarimenti e riferimenti su ogni fatto stilistico, linguistico, oggettuale, storico, strutturale, simbolico e allusivo, ad esclusione di quelli che intende e chiarisce da solo. Nel corso del commento una novità insistentemente indagata, e che alla fine si delinea come una realtà corposa e unitaria, è quel che abbiamo chiamato la cultura parlata", per distinguerla sia dalla cultura 'regolare' sia da quella folcloristica; e nella quale consiste il più e il meglio del 'segreto' del capolavoro collodiano. È in forza di un dato come questo, che proposto "di prima mano" si affaccia ora al sapere, che la 'ragion poetica' di Pinocchio si illumina di nuova luce, che senza deprimerne il mistero ne aumenta di molto la felicità." Introduzione di Fernando Tempesti. Età di lettura: da 7 anni.
A Venise, Arlequin se retrouve serviteur de deux maîtres, amoureux et en quête l'un de l'autre, à la suite d'une invraisemblable série de quiproquos.
Les mots sont des pierres, qui a reçu le prestigieux Prix Viareggio, est particulièrement important dans l'oeuvre de Carlo Levi. Témoignage puissant sur la Sicile, ses villes et sa géographie, mais plus encore sur la vie de son peuple, sa culture, ses luttes. Il marque le lecteur par l'urgence de son rythme, l'acuité de sa phrase et la bonté de son regard.
Les mots sont des pierres est, dit Carlo Levi, « le récit de trois voyages en Sicile et des choses de là-bas, telles qu'elles peuvent tomber sous l'oeil averti d'un voyageur dépourvu de préjugés. » Ces récits sont de tonalités très diverses.
Il y a l'histoire de ce fils de cordonnier sicilien devenu maire de New York et qui revient, presque comme une divinité, le temps d'une courte visite, dans son village natal. Levi découvre ensuite le vieux monde sicilien des soufrières et la première grève de ses travailleurs. Puis c'est Palerme, Palerme faste et misérable aux rues grouillantes d'humanité, aux souterrains des couvents remplis de cadavres embaumés, Catane, noire de lave, et enfin le désespoir des paysans de Bronte, le désespoir de toute cette Sicile qui pleure ses morts et souffre des injustices, l'histoire de Francesca Serio, mère d'un syndicaliste assassiné par la mafia, sa ferme détermination : « les larmes ne sont plus des larmes mais des mots, et les mots sont des pierres ».
«Prends garde, Pipì ! Un jour ou l'autre, à force de singer les hommes, tu vas en devenir un à ton tour... et alors! Alors, tu le regretteras amèrement, mais il sera trop tard!» Conseil d'un père à son fils, singes de leur condition, qui n'est pas sans rappeler les mises en garde faites à un autre personnage de Collodi : Pinocchio. Celui-là même, devenu jeune homme, réapparaît ici sous les traits d'Alfredo et tente d'inculquer au petit singe les rudiments d'une éducation destinée à le transformer en garçon comme il faut, sachant observer et maîtriser les codes de la vie en société.
Au terme de péripéties rocambolesques, le petit singe finira-t-il, à l'instar de la marionnette, par succomber à la même mortiante fascination pour l'humanité, coupant court à la destinée rebelle qui pourrait être la sienne?
Truffaldino Son stuffo d'aspettar, che no posso più. Co sto me patron se manga poco, e quel poco el me lo fa suspirar... I alter subit che i arriva in qualche città, la prima cossa i va all'osteria. Lu ; sior no, el lassa i bauli in barca del corrier ; el va a far visite, e nol se recorda del povero servitor... Qua gh'è una locanda ; quasi quasi anderia a veder se ghe fuss da devertir el dente : ma se el padron me cerca ? So danno ; che l'abbia un poco de discrezion...
Truffaldin J'en ai assez d'attendre, je n'en peux plus. Avec ce patron-là, on mange peu, et ce peu, il me fait soupirer après... Les autres, sitôt qu'ils arrivent dans une ville, première chose, ils vont à l'auberge. Lui, non monsieur, il laisse les malles dans le coche d'eau, il va faire des visites, et il ne se souvient pas de son pauvre serviteur... Là il y a une auberge ; pour un peu j'irais voir si je trouvais de quoi m'amuser les dents ; mais si le patron me cherche ? Tant pis pour lui, il faut qu'il ait un peu de jugeote. Je veux y aller, mais quand j'y pense, il y a une autre petite difficulté, que j'oubliais ; je n'ai même pas le premier sou. Oh, pauvre Truffaldin ! Plutôt que de faire le serviteur, cornes du diable, je veux me mettre à faire... mais quoi ? Grâce au ciel, je ne sais rien faire.
Mara est frivole, désinvolte, insoumise.
À l'orée de l'âge adulte, elle veut tout, tout de suite : fuir la pauvreté de son village de Toscane, susciter la passion, porter des chaussures à talons, jouer les dames au restaurant. Aussi, lorsqu'en 1945, Arturo, camarade de guerre de son défunt frère, sonne à sa porte pour lui remettre le cadeau qu'il lui destinait, elle cherche d'emblée à le séduire. Mais sa beauté et son rire, majestueusement portés à l'écran par Claudia Cardinale dans le film de Luigi Comencini, se heurtent aux traumatismes et à l'obsession d'Arturo : se venger des fascistes, revolver au poing. Porté par la prose nette et limpide de Carlo Cassola, ce roman frappe par la profonde exploration des personnages, sans aucun filtre d'interprétation. En toile de fond, l'époque postfasciste, marquée par la mémoire de la Résistance et de ses héros, questionne avec subtilité le poids de l'idéologie politique sur les milieux les plus populaires.
Le 17 mai 1972, le commissaire Calabresi est assassiné à Milan. Ce policier avait été présenté, notamment par le journal contestataire Lotta Continua, comme responsable de la mort d'un anarchiste, Giuseppe Pinelli, dont on avait découvert le corps défenestré, en décembre 1969, dans le jardin de la préfecture de police : Pinelli avait été convoqué pour un interrogatoire après le massacre de la Banque de l'Agriculture - attentat qui relevait, on l'a su depuis, de la « stratégie de la tension » mise en oeuvre par des éléments néofascistes et d'autres liés à l'appareil d'État.
Seize ans plus tard, en juillet 1988, Leonardo Marino, ex-militant du groupe Lotta Continua, s'accuse d'avoir participé au meurtre et met en cause ses camarades Ovidio Bompressi, Giorgio Pietrostefani, et Adriano Sofri. Au terme d'un périple judiciaire - sept procès en neuf ans - les trois hommes sont condamnés, sans preuve et sur la seule foi des « aveux » de ce « repenti », à vingt-deux ans d'emprisonnement, tandis que leur accusateur bénéficie de la prescription.
Dans cette affaire, l'auteur retrouve maints aspects des procès en sorcellerie, qu'il a souvent étudiés d'un point de vue historique, notamment ceux qu'intenta l'Inquisition aux XVI e et XVII e siècles. La réflexion méthodologique sur les indices et les preuves, et l'analyse des démarches comparées du juge et de l'historien, se mêlent ici à une étude minutieuse des documents et témoignages, qui révèle l'inconsistance des accusations portées. L'affaire Sofri ne concerne pas le seul lecteur italien : comment fut-elle possible en démocratie ? Bompressi, Pietrostefani et Sofri sont victimes d'une erreur judiciaire qui peut et doit être corrigée.