«Dis, Blaise, sommes-nous bien loin de Montmartre?» demande Jeanne au jeune poète, alter ego de Blaise Cendrars, dans le train mythique qui relie Moscou à Vladivostok. À travers cette épopée de plus de quatre cents vers qu'est la Prose du Transsibérien, ce sont la vitesse, le mouvement et le sentiment de liberté qui nous sont donnés à lire, au rythme du voyage. Regroupant également Les Pâques à New York et Le Panama ou les Aventures de mes sept oncles, ce recueil montre l'incroyable diversité et l'envoûtante modernité de la poésie de Blaise Cendrars, qui invitent le lecteur à la rêverie. Groupements de textes:1. Voyages poétiques du XVI? siècle à nos jours 2. Nouvelles muses:le renouveau du lyrisme amoureux au début du XX? siècle.
«Rij était une pouffiasse, une femme-tonneau qui devait peser dans les 110, les 120 kilos. Je n'ai jamais vu un tel monument de chairs croulantes, débordantes. Elle passait sa journée et sa nuitée dans un fauteuil capitonné, fabriqué spécialement pour elle et qu'elle ne cessait d'ornementer, d'enrubanner, lui tressant des faveurs, des noeuds, des lacets d'or et d'argent...» Bourlinguer. Si Blaise Cendrars n'a pas inventé ce terme de marine, il lui a donné ses lettres de noblesse. Onze chapitres aux noms de ports pour chanter le départ et l'ouverture aux autres, de l'enfance napolitaine aux quais de la Seine. Onze chapitres pour tresser récits, aventures et lectures, de la mort tragique d'Elena à une rixe inoubliable, en passant par le bombardement de Hambourg et les tribulations d'une caravane dans les Andes.
On croit savoir que Freddy Sauser devint poète à New York dans la nuit du 6 avril 1912, qu'il se changea en Blaise Cendrars à cette occasion, puis qu'il renonça au poème, au profit d'une autre écriture, de la main gauche cette fois, dans la nuit du 1er septembre 1917, à Méréville (Seine-et-Oise). Rare précision des dates... À nuancer toutefois. Deux recueils paraissent encore en 1924, et il se peut que la ligne de partage entre poèmes et «fictions» (ce mot, à nuancer lui-même) ne soit pas si nette. Au reste, entre 1917 et 1924, Cendrars renonce au poème, pas à la poésie. L'une des vertus de cette édition, dont les deux titres semblent entériner le mythe de la rupture forgé par l'écrivain, est de mettre en évidence la cohérence souterraine qui fait de lui, dans ses romans aussi bien que dans ses recueils, le poète de la modernité.
Modernité, et non avant-garde. Il ne s'agit pas de célébrer le futur. C'est le Profond aujourd'hui qui retient Cendrars, et il est bon que la chronologie place en tête des «oeuvres romanesques», comme une enseigne, l'inclassable texte de 1917 ainsi intitulé. «La modernité a tout remis en question.» Elle crée des besoins «de précision, de vitesse, d'énergie» qui détraquent les sens et le coeur de l'homme. Le romanesque doit mettre au point «le nouveau régime de la personnalité humaine». Telle est l'ambition de Cendrars.
Elle ne s'accommode d'aucune «recette». «Consultez mes oeuvres. Il n'y a pas de principe ; il n'y a que des réalisations.» L'Or et Moravagine sont «deux pôles aussi différents l'un de l'autre par l'écriture et la conception que s'ils étaient l'ouvrage de deux écrivains sans tendresse réciproque», dira l'ami t'Serstevens. Cendrars ne tient pas à enfoncer le clou. «Quand on aime il faut partir», se renouveler, élargir les cases, se jouer des formes. Les Sonnets sont dénaturés, les Poèmes élastiques, Rhum est un reportage romancé, et les Histoires dites vraies entretiennent un rapport complexe avec la fiction. «Plus un papier est vrai, plus il doit paraître imaginaire.» Et vice versa : la fugue du Transsibérien était imaginaire, mais plus vraie que vraie.
C'est dire qu'il entre une part de convention dans les intitulés donnés aux volumes que la Pléiade consacre à Blaise Cendrars. Poétiques, romanesques, autobiographiques : la plupart des ouvrages relèvent, dans des proportions variables, des trois catégories. Les territoires respectifs de la fiction et de la réalité se recouvrent. Et à lire le romancier, on voit à quel point les préoccupations du poète demeurent actives, et comment elles atténuent ou effacent les frontières entre les genres. «Les inventions d'inconnu réclament des formes nouvelles», disait Rimbaud.
Moravagine -- dernier descendant d'une famille royale en exil -- incarne la folie et le mal. Son confident raconte son histoire. Moravagine est le double diabolique de Cendrars, qui signait là, en 1926, un roman d'aventures et un poème épique.
«Chacun de ses mouvements découvrait ses jambes maigrichonnes de vieille femme enfilées dans des bas illusion couleur chair qui faisaient démodé mais riche, ornementés qu'ils étaient de brillants minuscules sertis entre les mailles de soie et qui pétillaient de mille éclats, crépitaient, palpitaient, grouillaient à même la peau comme de la vermine pour milliardaire. Elle avait acheté cette paire de bas unique au monde à un anarchiste espagnol, un réfugié politique rencontré dans un bar de Montmartre, qui les avait arrachés en septembre 1936 à Notre-Dame de Guadalupe de Badajoz, en Estrémadure, dépouillant la statue miraculeuse de la Madone.»
Les deux tomes consacrés aux ouvrages autobiographiques de Cendrars sont construits autour des quatre grands livres publiés entre 1945 et 1949 - L'Homme foudroyé, La Main coupée, Bourlinguer, Le Lotissement du ciel -, qui forment en quelque sorte un « cycle autobiographique ».
Cette « tétralogie » informelle est précédée d'un important recueil conçu par Cendrars et intitulé par lui Sous le signe de François Villon. Composé de quatre textes dont deux connurent des éditions séparées, cet ensemble d'écrits personnels est à ce jour inédit sous la forme que Cendrars avait souhaité lui donner.
La « tétralogie » autobiographique est suivie d'un texte tardif qui constitue le dernier écrit personnel de Cendrars : J'ai vu mourir Fernand Léger, témoignage sur les derniers jours et sur la mort du peintre qui avait illustré la plaquette J'ai tué en 1918.
On rassemble en outre au tome II des « Écrits de jeunesse » (1911-1912) non publiés du vivant de l'auteur et qui constituent les premières esquisses autobiographiques que nous connaissions de lui. Enfin, un ensemble d'« Entretiens et propos rapportés » procure en quelque sorte les éléments d'un « autoportrait parlé » de Cendrars.
Connais-tu l'Afrique ? Ses chants ? Ses légendes ? Écoute le chant des souris... Admire l'oiseau de la cascade... Sais-tu d'où vient le vent ? Veux-tu suivre le petit poussin qui va voir le roi ? Connaître l'histoire du peuple des orphelins ? Celle du pays qu'on appelle l'Écho-l'Écho ? Tends l'oreille, Blaise Cendrars va te les raconter...
Blaise Cendrars è stato definito «il grande avventuriero della letteratura moderna». Da quando scappò di casa, a sedici anni, «la sua vita non ha fatto che cambiare rapinosamente scenari»...