Quoi de neuf sur la guerre ? En principe rien, puisqu'elle est finie. Nous sommes en 1945-1946, dans un atelier de confection pour dames de la rue de Turenne, à Paris. Il y a là M. Albert, le patron, et sa femme, Léa. Leurs enfants, Raphaël et Betty. Léon, le presseur. Les mécaniciens, Maurice, rescapé d'Auschwitz et Charles dont la femme et les enfants ne sont pas revenus. Et les finisseuses, Mme Paulette, Mme Andrée, Jacqueline. Il y a l'histoire de leurs relations et de leur prétention au bonheur.Dans l'atelier de M. Albert, on ne parle pas vraiment de la guerre. On tourne seulement autour même si parfois, sans prévenir, elle fait irruption. Alors les rires et les larmes se heurtent sans que l'on sache jamais qui l'emporte. Alors, «ceux qui ont une idée juste de la vie» proposent simplement un café ou un verre de thé avec, au fond, un peu de confiture de fraises.1981-1982. Trente-cinq ans après, quoi de neuf sur la guerre ? Rien de neuf sur la guerre. Parce que, comme le disait M. Albert en 1945 : «Les larmes c'est le seul stock qui ne s'épuise jamais.»
C'est le mercredi 24 janvier 1962 que Jules et Jim, dans lequel Bernard Appelbaum avait fait de la figuration, sortit sur les écrans et c'est le vendredi soir qu'avec sa mère il est allé le voir au cinéma Vendôme, avenue de l'Opéra.
Après la séance, malgré le froid, sa mère lui donnant le bras, ils sont rentrés à pied jusqu'à leur domicile, au 7 de la rue Oberkampf, tout près du Cirque d'Hiver. "As-tu lu le livre d'où a été tiré le film?" Non, il ne l'avait pas lu. "J'aimerais bien le lire", lui a-t-elle dit, et ce fut le commencement de ce qu'il allait apprendre de ses parents. Cette histoire de Jules et Jim et Catherine, un pur amour à trois, avait dit François Truffaut, était comme l'écho de ce que sa mère avait vécu.
Ainsi, il avait fallu un film pour que cette histoire, un peu de son histoire, lui parvienne enfin.
À l'occasion des 40 ans de la mort de Georges Perec (1936-1982), voici une nouvelle édition de l'album illustré de Georges Perec et Robert Bober paru en 1995 et consacré à Ellis Island.
Description scrupuleuse de l'île par où transitèrent, de 1892 à 1924, tout près de la statue de la Liberté à New York, près de seize millions d'émigrants en provenance d'Europe. Il permet, dans sa nudité, de comprendre l'importance qu'eut pour Georges Perec cette confrontation avec le lieu même de la dispersion, de la clôture, de l'errance et de l'espoir. Avec de nombreuses reproductions issues du film documentaire réalisé par Rober t Bober.