«L'océan a une dimension tragique, cela fait partie de sa beauté, de l'effroi de sa beauté. Un pressentiment de perdition.»De la Grande Dune d'Arcachon où elle a grandi jusqu'à la ville de Kyoto sous la neige, le 31 décembre 2010, Chantal Thomas nous offre une splendide fresque pour célébrer l'éclat des choses et la puissance de leur silence.La romancière explore l'intimité de la mémoire. Elle exprime les sensations les plus fugitives et les plus essentielles dont nous sommes tissés. Et dit le lien d'amour entre une fille et son père:sa force d'absolu.
Il existe depuis toujours des Journaux de voyage, de rêve, de deuil, mais pas de nage. Pourtant, quoi de plus fragile et puissant, éphémère et total, sensuel et inspirant que le plaisir du bain ? En tenant le Journal de son été 2021 à Nice, Chantal Thomas innove, et poursuit l'entreprise paradoxale entamée avec Souvenirs de la marée basse, portrait de sa mère en nageuse : doter d'une mémoire ce qui, se traçant sur l'eau, se jouant dans un effet de lumière, est voué à l'effacement.
« Comme sont loin de moi par exemple les muscles de mes bras. » Cette phrase de Kafka, véritable fil conducteur, a été le déclic à partir duquel il lui a semblé essentiel, au sortir du confinement, de célébrer le chemin flottant d'un retour à soi, d'une harmonie retrouvée avec son corps et avec le monde.
Début des années trente. Une jeune fille enchaîne les longueurs dans le Grand Canal du château de Versailles, sous l'oeil ahuri des jardiniers. Nager, c'est tout ce qui compte pour Jackie. Nager pour fuir les contraintes, pour préserver sa fantaisie. Toute sa vie, elle parcourt des kilomètres pour se baigner. Cet amour pour l'eau, sa fille Chantal en a hérité. Comme sa mère, elle nage pour être libre.
Ces "Variations sur l'esprit du XVIIIIe siècle" sont des variations sur un esprit rebelle et vagabond, fantaisiste, attaché à la jouissance singulière, au refus de tout comportement de groupe. Un esprit révolutionnaire ? Libertin et libertaire plutôt, comme va le révéler la rencontre avec les événements de 1789 et surtout avec la Terreur.
En 1721, la France et l'Espagne scellent une alliance par un échange : celui de la très jeune infante d'Espagne contre la fille du Régent Philippe d'Orléans. Les deux enfants sont destinées aux futurs rois de France et d'Espagne, qui ne sont guère plus âgés qu'elles. Forcées de quitter leur pays, leurs familles et leurs suivantes, elles rejoignent difficilement leurs cours respectives. Mais Versailles est très superficielle pour une fillette de quatre ans sans cesse courtisée et Madrid bien trop sévère pour une adolescente en rébellion contre cette cour si puritaine ...